L’article du Dr Guy Loutan de Genève écrit en réponse à celui d’un éminent confrère de la faculté, qui exhorte les populations et en particulier les mères à une vaccination systématique et répétée de leurs enfants, jette un éclairage tout à fait intéressant, pour ne pas dire aveuglant, sur la question des vaccinations - Et le phénomène des campagnes massives dont elles font l’objet dans le tiers-monde.
Plutôt que de discuter statistique - ce que l’on sait dérisoire du fait de la pensée simplificatrice qui préside à la mise en exergue d’un nombre très restreint de paramètres, pensée par ailleurs aliénée à l’objectif inavoué de justification de la doctrine officielle- c’est par une métaphore originale que le Dr Loutan nous introduit à une autre compréhension de la maladie: S’il y a des rats dans un village, est-ce à cause de l’existence d’un dépotoir ou l’inverse? L’analogie est claire : suis-je malade parce qu’il y a un microbe, ou le microbe vient-il parce que je suis malade? Sans dépotoir y aurait-il des rats? Peut-on tomber malade si on est en bonne santé? En tuant les rats, règle-t-on le problème du dépotoir, et en tuant les microbes, celui de la maladie? Enfin, si on tue les rats, on aura davantage de mouches (car davantage de matières pourrissantes pour les asticots), et si on tue les mouches, on aura une plus grande pollution des eaux souterraines par les toxines de putréfaction que les asticots n’auront pas digérées. Et quelle hiérarchie alors adopter entre maladies bactériennes (rats), virales (mouches), métaboliques ou tissulaires (eau polluée)?
Cette métaphore nous fait comprendre qu’il n’est jamais anodin de contrarier la nature. La nature... Et la santé, car, dit le Dr Loutan, "la maladie est gérée comme la planète". En matière de santé comme d’environnement, l’ennemi est toujours l’autre, jamais soi. Une solution consisterait à réduire nos déchets, mais quelle société moderne accepterait-elle de diminuer sa production industrielle, et par là même de remettre en question ses critères de bonheur? Quant aux médecins, se battent-ils pour réclamer un air respirable et une agriculture sans toxiques? Ils se contentent de prescrire les derniers antiallergiques ou bronchodilatateurs vantés par leurs représentants. Cette médecine qui lutte depuis bientôt un siècle contre microbes et maladies sans jamais avoir étudié la santé et les moyens de l’aider dans ses efforts de réparation ou de conservation, n’a pas développé de réflexion sur la signification du symptôme, encore moins sur les conséquences de sa suppression intempestive, et par là-même est porteuse de risques réels. En dehors de la question de l’efficacité relative des vaccinations, qui nécessitent d’être répétées, leur danger est celui même des conséquences de l’éradication de certains microbes de la création. Puisqu’un enfant n’attrape pas forcement la rougeole après contact avec un rougeoleux, c’est donc qu’il la "fait" quand il en a besoin, à un moment précis de son évolution personnelle. N’est-ce pas néfaste alors pour sa santé future de l’empêcher de "faire" cette maladie nécessaire, prévue par la nature? Et à plus ou moins long terme, ne risque-t-on pas de lui voir se substituer une autre maladie plus grave? Les vaccinations se multiplient. Hélas, elles ne sont pas les seules: c’est aussi le cas des problèmes allergiques, des retards psychomoteurs des jeunes, des maladies chroniques et dégénératives à un âge de plus en plus précoce... Sans parler -d’après l’interrogation de l’OMS elle-même- d’un rapport possible entre SIDA et campagnes massives de vaccinations en Afrique. Alors, face à l’engouement actuel qui voudrait que l’on vaccine pour des maladies autrefois banales, l’auteur de poser la question: sont-ce les microbes qui sont devenus de plus en plus puissants (et les hommes de plus en plus faibles?)ou les laboratoires?
Face à cette médecine qui s’acharne contre le microbe et ne voit pas le patient, médecine efficace en situation d’urgence mais incapable de guérir réellement (l’attestent la baisse du niveau de santé publique, une maladie remplaçant l’autre et leur nombre ne diminuant pas, et la succession à l’infini des antibiotiques qui échouent à chaque fois à représenter l’alternative tant attendue au phénomène de résistance), le Dr Loutan appelle à une vraie réflexion sur les concepts de maladie et de santé, à une remise en cause profonde par laquelle seule passeront de vrais progrès de la santé. C’est à une nouvelle approche de la maladie comme expression d’un organisme en train de résoudre un problème, d’évoluer ou de rechercher un nouvel équilibre, et non plus comme une erreur de la nature ou effet d’une cause immédiate dans une optique d’ailleurs largement influencée par les lois du marché, qu’est appelé le médecin. Une approche qui impliquerait l’abandon par la médecine de ses prétentions à dominer la nature par la technique (et cet article est aussi un coup de projecteur sur la volonté de puissance de la science médicale impatiente de plier le monde à ses désirs, et dont le dernier avatar se peut voir dans sa jubilation à réaliser les manipulations chromosomiques), pour, à l’inverse, accepter une soumission aux lois naturelles. Ce qu’en somme, devançant la médecine, l’agriculture fait avec la lutte intégrée et l’agriculture biologique.
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Cet article percutant qui réfléchit sur l’approche médicale "moderne" a de nombreux mérites: il attire l’attention sur la gravité des dangers que, par ses interventions aveugles, cette approche fait courir à l’humanité. Il montre que les vrais progrès de la santé passeront par la connaissance d’une cohérence globale -comprenant le symptôme- et qui raviverait l’idée d’un écosystème "fomentant" les processus particuliers: vaste programme pour la recherche, car nos connaissances sont parcellaires et prisonnières d’une vision réductionniste, et il faudrait aussi aller voir du côté d’autres médecines, qu’elles soient d’ici (comme l’homéopathie), ou d’ailleurs, comme les médecines et savoirs d’autres civilisations. On voit l’ampleur du combat à mener pour promouvoir une médecine de la vie et de la santé sous-tendue par la conscience que la vie est un tout. Un combat qui va dans le sens des récentes théories unitaires de la nature de certains physiciens (qui rejoignent aussi les philosophies traditionnelles). Dans ce cas précis, il semblerait que, pour évoluer -réaliser ce bond épistémologique- la science médicale ait besoin de passer par le progrès de l’homme... A moins que par son dynamisme et des résultats probants, elle ne l’entraîne dans son sillage.
Artigos e dossiês
LOUTAN,Guy, Réponse à un confrère à la suite d'un article "Vacciner les enfants" in. Journal de l'enseignement primaire de Genève (France), 37/38
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