03 / 1996
En Grèce, le paysan libre, propriétaire de sa terre et porteur de valeurs telles que l’amour du travail, la modération et la prudence, est élevé au statut de héros dans la tradition littéraire. C’est dire que le petit producteur agricole a des racines profondes dans ces Balkans où il a pourtant été souvent un déraciné. Après un parcours des caractéristiques de l’agriculture paysanne en Grèce, nous voyons comment la réforme de la politique agricole commune (PAC)impose une révision du rôle des petits producteurs, en même temps qu’elle doit reconsidérer le caractère socio-culturel du problème alimentaire.
Il faut reconnaître, en défense de l’agriculture paysanne, que c’est elle qui a permis de surmonter les crises historico-politiques, en assurant la vie et sa continuité. Les travaux sur les rendements et la productivité de l’agriculture ont négligé cet aspect de la problématique paysanne. Le dynamisme de l’agriculture familiale apparaît dans les régions marginalisées, les zones montagnardes en particulier, où les terres cultivées atteignaient les sommets, transformés aujourd’hui en friche. La pluriactivité a acquis de l’importance pour l’économie des exploitations agricoles qui conservent, dans leur majorité, un caractère familial.
Experts et responsables soulignent les inconvénients de la petite taille des exploitations et leur morcellement (taille moyenne de 4 hectares contre 13 dans l’Union Européenne)occupant encore 22
de la population active. Mais les obstacles à un développement harmonieux sont aussi d’ordre politique, encourageant, à travers des prix garantis pour certains produits, l’intensification de l’agriculture dans les plaines fertiles et irriguées.
Au sein de l’Union Européenne, la Grèce a atteint un faible niveau de compétitivité agricole, ce qui conduit ce pays à une balance commerciale déficitaire. Cette situation ne peut que se dégrader avec la réforme de la PAC et l’accord du GATT. En effet, la préférence communautaire oblige la Grèce à importer des produits à des prix relativement élevés, alors que ses fruits et légumes entrent en concurrence avec des pays tiers méditerranéens ayant signé des accords préférentiels avec l’Union Européenne.
Les directives pour une augmentation de la taille des exploitations vont en faveur d’un remembrement et du départ en retraite anticipé pour que près de la moitié des exploitations finissent par être abandonnées au nom de la compétitivité et de la rationalisation agricole. L’arrachage de vignes et oliviers, dont la valeur symbolique en Méditerranée n’est plus à prouver, montre à quel point la volonté politique de modernisation fait fi des particularités régionales.
D’une manière générale, l’objectif de réduction de moitié du nombre des exploitations soulève un certain nombre de problèmes que la Grèce partage avec les autres pays d’Europe : chômage, crise de l’environnement et qualité des produits agricoles alimentaires. La solution à ces problèmes suggère un changement dans nos valeurs qui conduirait peut-être à réhabiliter les petits producteurs.
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, Grécia
Cette communication montre à quel point la dimension historique est nécessaire pour comprendre la réalité actuelle de l’agriculture familiale. L’auteur ne rencontre aucune difficulté à citer des auteurs de l’époque classique pour rendre hommage à la paysannerie grecque.
La position de l’auteur en défense de l’agriculture familiale de son pays répond à deux préoccupations : l’une, de caractère socio-historique, tend à préserver une tradition paysanne fortement enracinée, et l’autre, de caractère écologique, cherche à prouver que la qualité des produits est indissociable d’une agriculture soignée, telle que la pratiquent les paysans.
Colloque "Agriculture paysanne et question alimentaire", Chantilly, 20-23 février 1996.
Actas de colóquio, seminário, encontro,…
KOVANI, Hélène
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