Dans un pays éminemment montagneux comme le Honduras, la télédiffusion rencontre de nombreux obstacles. Malgré la faible superficie du pays, aucun des six postes de télévision privée n’offrent une véritable couverture nationale. On ne peut capter ces postes que dans les régions centrales du pays et une partie du nord.
Cet état des choses a provoqué, dès 1990, le développement d’une nouvelle forme de communication dans plusieurs communautés. Cela s’appelle câble communautaire, coopérative de télévision ou télévision locale, les termes employés variant selon les lieux.
Bien que les nouvelles technologies (câblodiffusion, équipement de vidéo portatif, etc.)aient joué un rôle dans l’éclosion de ces initiatives, l’impulsion principale était le désir des gens de rester informés sur l’actualité nationale et internationale.
Pour plusieurs de ces communautés, la seule source d’information étaient la radio, ce qui n’est pas mauvais en soi. Toutefois, compte tenu de la pénurie d’activités éducatives et de récréation en province, se priver de la télévision est vraiment peu intéressant.
Peu à peu, avec l’installation d’antennes et de la câblodiffusion dans ces villages, on pouvait capter les émissions du Discovery Channel, du Movie Channel, de Galavisión, des chaînes honduriennes et même celles du nouveau poste local! Les propriétaires n’étaient pas non plus tous coupés du même bois : il y avait de jeunes entrepreneurs, des groupes religieux, des coopératives d’enseignants et de simples associations d’amis.
La coopérative ACATEL (Asociación de Cable y Televisión S.A.)en est un exemple. Ce poste se trouve à Sabá (dans le Colón)une région vivant de l’agriculture et de l’élevage. L’ACATEL fut fondée par un groupe d’enseignants pour implanter un système de câble et diffuser les activités de la communauté. De 16 heures à 20 heures on y diffuse des événements sportifs, sociaux, religieux et politiques d’intérêt local.
à Santa Rosa, (dans le Copán), un jeune entrepreneur a fondé le canal 6, Imagen de Copán (Images de Copán), en utilisant la même technologie. Non seulement on y diffuse des événements en direct, mais on y produit des émissions maison : bulletins de nouvelles, conseils pour familles, émissions de musique et une émission pour enfants réalisée par les enfants. Le poste se finance avec les cotisations des abonnés et la vente des espaces publicitaires aux entreprise locales.
La situation est analogue dans plusieurs autres communautés honduriennes, dont La Ceiba, Juticalpa, Choluteca, La Esperanza et Tocoa. D’ailleurs, dans le cadre du programme de formation "CODAL" (réalisé conjointement par Vidéo Tiers-Monde et le Centro Internacional Crocevia), des producteurs alternatifs centraméricains ont constaté l’existence d’un phénomène similaire au Guatemala (dans le Petén, à Cobán, à Juticalpa et à Quetzaltenango).
Le bilan de ces expériences de communication est positif. Non seulement elles facilitent le lancement de campagnes d’éducation et la diffusion de perspectives correspondant aux intérêts locaux, mais elles contribuent à la formation de l’opinion publique. Du reste, ces stations brisent le monopole des chaînes nationales dont la programmation (téléromans, émissions sportives et "mini-séries")contribue peu à former l’opinion publique à l’égard des grands enjeux nationaux.
Hélas, il existe le problème des droits d’auteurs... les petites compagnies de câble n’en paient pas. Au Honduras, seules les grandes compagnies respectent les exigences à ce propos.
Nous croyons que les "télés-câbles-communautaires" continueront de proliférer dans la mesure où les coûts baissent et la demande pour une information "différente" augmente dans les communautés isolées. Ainsi, Praxis Video relèvera plusieurs défis : former le personnel de ces postes alternatifs afin d’améliorer la qualité de leurs productions; offrir des conseils touchant la technologie, la gestion et la programmation; fournir des ressources vidéos centrées sur la région et sur l’Amérique latine susceptibles de contribuer au développement de nos peuples.
comunicação, televisão
, Honduras
Marisela Bustillo est Directrice exécutive de Praxis Video, Honduras.
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Artigos e dossiês
Videazimut, TÉLÉVISION LOCALE, COMMUNAUTAIRE ET D'ACCèS PUBLIC in. Clips, 1994 (Canada), 6
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