"L’établissement d’une paix durable est l’objet même de l’éducation, nous préserver de la guerre concerne la responsabilité du pouvoir politique." Ce sont ces propres mots de Maria Montessori qui, comme un vigoureux Ceterum Censeo, peuvent ouvrir ce recueil de conférences prononcés à la veille de la seconde guerre mondiale. La paix n’est pas un état stable que l’on peut obtenir par la force ou la diplomatie, elle n’est pas simplement une non-guerre, mais une construction qui s’élabore au moyen d’efforts constants vers le respect de la dignité humaine, de la compréhension réciproque, bref vers le respect de l’autre. Aujourd’hui encore, la paix reste à bâtir tant l’Homme a grandi en puissance sans pour autant progresser en sagesse. De graves déséquilibres socio-économiques, politiques et environnementaux menacent plus que jamais nos conditions d’existence et plus encore celles des générations futures. Face aux défis que pose la modernité il nous faut collectivement trouver les réponses capables de garantir les conditions indispensables au bien-être de notre espèce dans toute sa diversité ainsi qu’à la préservation de notre cadre de vie.
La paix s’apprend, la paix s’enseigne, tel est le message de M. Montessori. Et, de son approche expérimentale de la pédagogie enfantine, elle a su tirer cette conviction que l’enfant possède naturellement des dispositions qui, si elles sont cultivées, le poussent à développer des rapports harmonieux avec ses semblables et son environnement. Si l’enfant n’acquiert pas un psychisme sain, parvenu à l’âge adulte il entretiendra un rapport au monde teinté de haine et de violence. Le jeune doit avant tout être guidé vers la prise de conscience de ses responsabilités à l’égard de la société, il doit acquérir au plus tôt l’expérience concrète des vertus de l’association, de la coopération, que ses tendances naturelles pour le travail et la discipline encouragent à développer. Il s’agit donc de l’encourager, de lui fournir un cadre favorable pour lui permettre de construire activement sa personnalité humaine, lui permettre de devenir ce qu’il est. Car l’enfant est encore par trop considéré comme un être privé d’orientations personnelles que les adultes contraignent selon leurs propres exigences, réprimant ses tendances réceptives naturelles, ce qui suscite en lui des résistances instinctives irréductibles et susceptibles de dégénérer en graves dérèglements de sa personnalité future, tant sur les plans intellectuel qu’affectif. Car que peut-on attendre d’un monde où l’enfant est entraîné à la cupidité, au mensonge, à la roublardise, forcé de choisir entre soumission et domination ?
L’enfant demeure un "citoyen oublié" et la société, pour son propre salut, doit apprendre à reconnaître son importance en tant que bâtisseur de l’humanité, à tourner vers lui son regard et créer un environnement qui réponde à ses besoins vitaux afin de faciliter sa libération spirituelle. La grande mission sociale qui consiste à assurer à l’enfant justice, harmonie et amour reste à accomplir. Cette tâche importante revient à l’éducation. C’est notre unique façon de construire un monde où prévaudront la paix et la concorde.
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Livro
MONTESSORI, Maria, L'Éducation et la Paix, Desclée de Brouwer, 1996 (France)
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