L’expression « exclusion sociale » trouve son origine dans l’ouvrage de René Lenoir : « Les exclus », paru en 1974.
Dans les années 1960-1970, ce concept n’existe pas, seul le concept de « retrait social » est employé pour désigner une pauvreté « unidimensionnelle », essentiellement économique, en voie de disparition du fait de la croissance économique et des institutions de protection sociale.
« A partir de 1975, les représentations mentales changent, l’existence des pauvres est reconnue et ’découverte’ sous l’appellation de ’nouveaux pauvres’". Les concepts de ’pauvreté multidimensionnelle’ et d’’exclusion sociale’ apparaissent. Le concept de pauvreté se définit principalement par la faiblesse des ressources économiques et, plus largement, par les déficiences dans plusieurs domaines de sociabilité (revenu, emploi, éducation, logement, etc.)très souvent liés.
Le concept d’’exclusion sociale’ peut se définir, en général, selon deux grands principes dépassant le caractère trop économique, voire monétaire du concept de pauvreté. Le premier est une conception « institutionnaliste et juridique » « correspondant à la non-réalisation des droits sociaux de base garantis par la loi ». Les politiques de lutte contre l’exclusion sont entendues comme la création et l’extension des droits sociaux, « l’idée d’une citoyenneté retrouvée ». C’est la définition retenue par l’Observatoire européen des politiques nationales de lutte contre l’exclusion sociale. Une telle conception intensifie l’exclusion pour les personnes qui demeurent en dehors des ayants droit. Les politiques d’insertion ne risquent-elles pas d’aboutir à « une citoyenneté passive, forme moderne de l’assistanat ? »
Comme second principe, l’auteur reprend une définition de l’exclusion sociale de R. Castel. Elle part du contexte d’évolution technologique et sociale comme source d’exclusion. L’exclusion sociale est alors définie soit « comme une incapacité d’expression de la situation vécue […], c’est-à-dire une anomie sociale », soit comme engendrant « une culture de l’exclusion […], des modes de vie spécifiques dans des groupes sociaux considérés par la société comme déviants, voire dangereux ».
Les politiques d’insertion ont pour but le maintien de la cohésion sociale, la lutte contre une forme de violence des rapports sociaux.
Souvent, « l’exclusion sociale ne devient réelle, médiatique, que lorsqu’elle devient une menace pour la société ». Une définition « scientifique » de l’exclusion sociale est peu crédible « dans la mesure où […]elle révèle, sur une réalité sociale, les choix des groupes sociaux qui emploient ce concept […]. La connaissance de l’exclusion sociale n’existe qu’à travers les représentations dominantes. »
Les auteurs définissent trois grands types de politiques contre l’exclusion :
- les politiques par fonction : action sur le revenu, l’emploi, l’éducation, etc.
- les politiques auprès de populations cibles : pauvres, personnes âgées, ménages monoparentaux, etc.
- les politiques globales qui ont pour ambition « d’éviter les ruptures temporelles, spatiales ou sociales » dues aux politiques sociales individualisées, telles la rénovation de quartiers et l’urbanisme.
Un tel concept est donc imprécis et mouvant, et de nombreuses expressions sont employées comme synonymes ou comme compléments : précarité, vulnérabilité, marginalisation, discrimination sociale, ségrégation sociale, etc.
Une autre difficulté de définition du concept est « la perte des grands schémas de pensée sociale, d’explication globale des sociétés et de leur évolution » (essentiellement marxisme)qui ne permet pas d’explication globale et admise de l’exclusion.
L’exclusion est avant tout perçue comme une « marque profonde de dysfonctionnement de la société, prenant une multiplicité de formes et qui se caractérise par « un processus à la fois temporel (« qui est exclu aujourd’hui sera exclu demain »), spatial et social (« qui est exclu est entouré d’exclus »)". « S’il existe un fort consensus autour de quelques dimensions dominantes de l’exclusion sociale telles que l’absence de ressources, l’exclusion du marché du travail, l’éducation et la formation professionnelle, le logement, enfin la santé, ensuite, au-delà de ce coeur de l’exclusion, la variation des thèmes de l’exclusion est très grande : ville, parole, réseau social, violence, délinquance, ethnies, etc. C’est la raison pour laquelle il est préférable de parler et de réfléchir sur les exclusions sociales, au pluriel ».
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Fiche réalisée à partir de deux documents : 1. Evaluation des résultats des politiques sociales : expériences internationales. Politiques contre l’exclusion sociale, par Denis Bouget et Henry Nogues. 2. Notion d’exclusion sociale en Europe, par Denis Bouget.
Relatório
BOUGET, Denis, NOGUES, Henry, CENTRE D’ECONOMIE DES BESOINS SOCIAUX, 1993/03 (France)
Développement et Civilisations - Centre international Lebret-Irfed - 49 rue de la Glacière, 75013 Paris, FRANCE - Tel 33 (0) 1 47 07 10 07 - Franca - www.lebret-irfed.org - contact (@) lebret-irfed.org