1998
Résumé de l’expérience :
Au printemps 1994 à Montpellier des étudiants agissent pour la sensibilisation à l’environnement sur leur campus. Ils déplorent que leur cursus universitaire soit monodisciplinaire et théorique. Or, apporter des solutions aux problèmes de l’environnement et du développement nécessite des approches interdisciplinaires et du travail concret. Il faut certes de bons spécialistes mais capables d’ouvertures : l’écologue doit comprendre un problème économique et l’économiste savoir ce qu’est la biosphère. L’idée est donc de créer une formation complémentaire qui apporte aux spécialistes une culture générale interdisciplinaire et une large ouverture d’esprit sur le thème du développement durable.
L’association DIFED est constituée : Dynamique Interuniversitaire de Formation à l’Environnement et au Développement, qui rassemble professeurs, étudiants et représentants institutionnels.
De 1994 à 98, la formation a touché 250 étudiants, jeunes diplômés ou salariés. Son volume est de 200 heures sur l’année universitaire : cours (50), sorties de terrain et animations collectives (50), travail d’équipe pluridisciplinaire sur une étude de cas en entreprise (100). Universitaires et professionnels interviennent sur chaque thème : mondialisation, gestion des territoire, agronomie, industrie, santé. Les analyses sont globales et locales. Les stagiaires évaluent les intervenants.
formação, avaliação, decompartilhamento de disciplinas, inovação pedagógica, formação e emprego, professor, educação ambiental, ensino superior
, Franca, Montpellier, Languedoc-Roussillon
Je poursuis actuellement des études en didactique des sciences, en m’intéressant plus particulièrement à l’éducation et la formation relatives à l’environnement. Mes recherches rejoignent les préoccupations de la DIFED puisque dans le cadre d’une thèse financée par l’ADEME je suis amené à travailler sur la place de l’interdisciplinarité dans les formations aux métiers de l’environnement et sur l’adéquation des formations existantes aux emplois proposés.
Ce cours dont la moindre des originalités n’est pas d’avoir été initié par des étudiants, tente de tenir compte d’une idée "simple" admise par beaucoup, mais rarement intégrée au niveau de la formation : l’environnement n’est pas une discipline, mais un champs d’investigation qu’il convient d’aborder de façon globale et donc selon une approche interdisciplinaire. Ceci conduit à l’une des principales originalités de cet enseignement : des cours donnés par des spécialistes venant de différents secteurs (Enseignants des différentes universités, "acteurs" de l’environnement...)et suivi par des étudiants (et professionnels)motivés par la problématique Environnement/Développement venant eux aussi de différents horizons.
Cette formation correspond à l’idée que les gens désirant travailler dans le champs Environnement/ Développement doivent rester des spécialistes dans leur discipline, avec une large culture environnementale leur permettant de connaître les différents acteurs impliqués, ainsi que les différentes logiques de réflexion des "spécialistes disciplinaires" avec lesquels ils seront amenés à travailler.
- Les cours ont pour but de donner aux étudiants une culture environnementale. . Ces cours, sur des thèmes propres à stimuler l’interdisciplinarité, sont donnés par des spécialistes des problèmes abordés, universitaires ou non, en tentant d’aborder les problématiques par différents aspects et d’illustrer le cours par un maximum d’études de cas.
- Les sorties illustrent les thèmes, permettant de voir en "grandeur nature". La sortie est elle-même recentrée sur un thème plus précis que celui du module, afin de lui donner un fil conducteur.
- Les Travaux en Equipe Pluridisciplinaire illustrent, à eux seuls, une grande partie des éléments de la philosophie de cet enseignement : les stagiaires sont confrontés à un problème concret, proposé par une entreprise, une association, une collectivité locale, il leur appartient de mettre en commun leurs compétences pour faire profiter la structure d’accueil d’une réflexion globale débouchant sur un mémoire. Dans ce cadre ils sont confrontés à un obstacle fondamental dans la vie en général et dans le monde professionnel en particulier : le travail avec des gens ayant une logique de réflexion différente de la leur. Ce problème est rarement abordé dans les cursus classiques (les brain storming à la mode dans certaines écoles se déroulent généralement entre étudiants issus d’une même pensée). Nos étudiants doivent donc dépasser l’obstacle constitué par leurs logiques individuelles qui se traduit par des problèmes de communication (ils utilisent parfois les mêmes mots pour des idées différentes, et inversement, des mots différents pour exprimer la même idée)et de mise en ouvre du sujet (différence d’approche méthodologique). Comme tout obstacle didactique, l’obstacle n’est intéressant que dans la mesure ou son dépassement est révélateur d’une avancée de l’apprenant. Il est donc particulièrement significatif de voir que c’est cet aspect (dépassement des logiques disciplinaires et travail en concertation)qui a principalement retenu l’attention des étudiants. D’une façon plus générale, c’est probablement un excellent exercice d’ouverture d’esprit et d’écoute de l’autre, ce qui dans un monde ou l’information prend le pas sur la communication est fondamental à mes yeux.
D’un point de vue didactique cette formation permet de poser de nombreuses questions dont voici un bref échantillon :
* L’interdisciplinarité : comment ne pas tomber dans le travers d’une simple juxtaposition de visions unidimensionnelles, n’amenant qu’une approche pluridisciplinaire ? Quelle part de cette interdisciplinarité doit être le fait du conférencier, et quelle doit être la part d’intégration laissée à l’étudiant ? Le passage jusqu’à la transdiciplinarité est-il possible, voire même souhaitable?
* Comment évaluer ce type d’enseignement (tout au moins pour la partie cours)dont le but est moins un apport de connaissances (facile à évaluer par restitution)que la modification d’approches et d’attitudes.
* Comment améliorer l’adéquation entre les formations aux métiers de l’environnement et les emplois effectivement occupés ; quels sont les avantages de cette formule (complément de culture environnementale pour des spécialistes de leur discipline)par rapport aux deux approches classiques et antagonistes : formation de généralistes de l’environnement ou a contrario de spécialistes d’un domaine donné.
Commentaire par Bruno FRANC, co-fondateur de la DIFED, étudiant en thèse de didactique des sciences.
Texto original
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