Famille et entreprise

Là où les économistes "africanistes "ont un peu facilement tendance à appliquer la trop célèbre formule d’André Gide "Familles, je vous hais ", le CIDR (Centre International de Développement et de Recherche)propose une lecture plutôt positive du rôle de la famille en Afrique dans la lutte contre l’exclusion et dans la création d’entreprise. Basées sur une série d’histoires de vie, les analyses mettent l’accent sur les conséquences de la fragilisation actuelle de la famille africaine, sur le rôle de la famille élargie, sur les arbitrages entre l’économique et le social, ainsi qu’un ensemble de propositions pour accompagner les entrepreneurs africains dans leurs efforts économiques : dossiers de financement, protection sociale, valorisation du rôle de la famille... Un vrai renouvellement du discours sur ce thème rebattu.

"Jusqu’à présent, explique Catherine Chaze, lorsqu’elle aborde cette question, la littérature spécialisée insiste surtout sur les handicaps et les contraintes que la famille fait peser sur le développement des activités économiques. Ainsi, l’échec du développement de l’entreprise sur le continent africain est souvent expliqué par le fait que la production et les échanges y sont mis au service de causes extérieures à l’économie proprement dite. Les cadeaux aux parents, l’argent et le temps dépensés pour les funérailles et autres cérémonies sont souvent dénoncées comme autant de dépenses injustifiées économiquement, des dépenses "inutiles "qui grèvent le budget de l’entreprise et l’empêche de se développer. Certains auteurs voient même dans ces comportements la preuve d’une altérité fondamentale des cultures africaines, jugées incompatibles avec le développement de l’entreprise. Les histoires de vie montrent que le sujet est plus complexe, et peut-être moins "culturel "qu’on ne le pense. "