Groupe surpeuplement à Bron Terraillon
02 / 1996
Deux professionnelles de la Maison du Département du Rhône (MDR), se rendant compte que plusieurs familles en surpeuplement venaient individuellement demander un soutien en matière de recherche de logement à la MDR, ont décidé de leur proposer une démarche collective. Elles ont pour cela rencontré individuellement toutes les familles en surpeuplement dont elles avaient connaissance.
Rassembler les familles pour sortir des situations individuelles
Le groupe se constitue durant la première année (en 1990)à partir de la mise en commun des conditions de logement de chaque famille. Les professionnelles avaient alors le rôle d’invitation aux rencontres et la responsabilité de l’animation. Mais, plus encore, leur présence rappelait à chaque famille la volonté initiale: se regrouper pour sortir d’une situation individuelle paraissant sans issue. "Si nous sommes réunis, c’est grâce au service social, dit un membre du groupe. Seul, c’est beaucoup plus difficile. C’est la difficulté de s’exprimer qui freine chacun de nous tous. Du fait de la rencontre du groupe, les gens arrivent à se délier un peu. Maintenant, nous sommes prêts à sortir de notre coquille" (1).
être aux côtés des familles
Cet accompagnement collectif est complété par un suivi individuel pour certaines familles afin de les rassurer sur la prise en compte de leur situation personnelle dans les démarches du groupe. Il est important pour les professionnelles que toutes les familles restent prioritaires, aux yeux du groupe et des partenaires extérieurs. De même, les professionnelles restent fidèles à la démarche collective et remettent les décisions entre les mains du groupe, acceptant ainsi de ne pas maîtriser toute l’évolution de l’action.
La réussite du projet suppose de la part des professionnelles une implication comme acteur à part entière. Celle-ci est d’ailleurs reconnue par les familles "l’ALPIL et les professionnelles sont à nos côtés". Certains parents à une période un peu difficile vont jusqu’à dire "on n’y croit pas mais on y va quand même parce que les professionnelles passent du temps avec nous, parfois même le soir alors qu’elles aussi ont une famille".
S’engager jusqu’au bout
Il faut donc y croire et accepter de s’engager <Sans filet>dans une démarche où il s’agit d’accepter d’être vulnérable, de "livrer des petits bouts de soi-même", de perdre une partie de pouvoir pour permettre à l’autre d’en trouver. Dans des moments difficiles, les professionnelles n’ont pas hésité à dire "on ne sait pas où ça va mener mais on ne peut pas abandonner". "Les familles acceptent que l’on ne sache pas, ce n’est pas pour ça qu’elles ne pensent pas que l’on joue un rôle important".
Dans ces moments, il n’est pas facile de dépasser le découragement et l’intervention de tiers peut parfois aider. Ainsi, lors d’une période de doute, une stagiaire va rencontrer les famillles une par une pour leur demander ce qu’elles attendent de cette action. Les professionnelles se rendent ainsi compte que les familles comptent sur elles et retrouvent une motivation; elles se remobilisent et peuvent alors relancer la dynamique collective.
S’appuyer sur des partenaires et des relais
L’action dépend aussi de l’engagement des autres partenaires que l’on arrive à impliquer. L’ALPIL, à qui les professionnelles ont fait appel dès le départ pour bénéficier de leur expérience, a été un soutien important. L’élue municipale chargée du logement, quant à elle a permis de renforcer le groupe par sa reconnaissance des situations vécues et de la démarche engagée, et par son engagement aux côtés des familles dans le cadre de sa responsabilité.
L’accompagnement du groupe consiste alors à aider l’ouverture de certaines portes en cherchant des relais (la responsable administrative du service municipal chargée du logement), ainsi qu’à préparer les rencontres. De même, permettre une relecture collective des échanges avec les partenaires extérieurs fait ressortir les points encourageants et les perspectives.
Un enrichissement réciproque
Le fait d’intervenir à deux est également un avantage non négligeable qui permet aux professionnelles de se soutenir mutuellement dans les passages à vide de l’une ou l’autre. Mais surtout, le groupe lui-même appporte beaucoup: "sans le groupe, nous aurions baissé les bras depuis longtemps". "Ce travail est ressourçant, il permet de réaliser à nouveau que les gens ont des capacités". Au bout du compte, les professionnelles constatent que "la relation avec le groupe est différente mais complémentaire de la relation traditionnelle dans le travail social".
Elles estiment dans leur engagement auprès de ce groupe être au c ur même de leur mission. au sein du service développement social du Conseil général. Le projet a été présenté et approuvé au départ, et tous les six mois, à leur demande, elles font le point avec leur hiérarchie.
Aujourd’hui, les professionnelles pensent qu’après cette expérience, les familles seront sûrement porteuses d’autre chose, elles pourront réinjecter leur savoir collectif ailleurs. Mais, on a souvent tendance lorsque l’on a repéré des personnes capables de se mobiliser, à vouloir les solliciter dans d’autres projets, il faut faire attention à ne pas les épuiser.
Mots-clés : accès au logement, action collective, dynamique collective, travail social,
RédactionLaurence Potié et Vincent Plazy - M.R.I.E., Février 1996
Contacts
Source : entretien avec Josiane Fontaine et Martine Monteiro
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, Franca, Rhône-Alpes, Bron
Aujourd’hui, cette expérience motive l’équipe de professionnelles et certains partenaires à poursuivre ce type de démarche. Leur regard sur les populations avec qui elles travaillent n’est plus tout à fait le même. Elles savent que lorsque l’on s’implique avec les familles et que l’on sait mettre sa confiance en elles et prendre le temps nécessaire, les personnes, même confrontées à de grandes difficultés révèlent de réelles capacités, et redonnent des raisons d’agir à leur côté.
Contact : Josiane Fontaine et Martine Monteiro, Maison du Département du Rhône. Bron-Terraillon. Tél: 72 37 30 60
Entretien avec FONTAINE, Josiane; MONTEIRO, Martine
Entrevista
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