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Les membres de l’association algérienne ’SOS Femmes en détresse’ luttent au quotidien pour défendre les droits des femmes

Eve RIPOTOT

06 / 1997

En Algérie, le sort des femmes est tragique. Elles sont, non seulement les cibles privilégiées du terrorisme, mais également les victimes, avec leurs enfants, du code de la famille, voté en 1984. Plus communément appelé le "code de l’infamie" par la majorité des femmes, ce texte de loi régit le statut de la femme, la considérant comme un être inférieur.

C’est assurément au moment du divorce (la répudiation est autorisée)que l’injustice qui le fonde devient la plus criante et la plus préjudiciable pour les femmes concernées. En effet, depuis 1984, un nouveau phénomène de société est apparu en Algérie : l’accroissement considérable du nombre de femmes, avec leurs enfants, vivant dans la rue. Etant rejetées par leur famille et n’ayant pas de travail, elles sont confrontées à d’effroyables difficultés, d’autant que la plupart d’entre elles ne connaissent pas leurs droits.

Face à cette situation, des associations algériennes de lutte pour le droit des femmes, telle "SOS Femmes en détresse", sont nées.

Créée en novembre 1991 et agréée en 1992, SOS Femmes en détresse a pour buts d’aider la femme en détresse avec ou sans enfant(s), de l’informer et de défendre ses droits moraux et matériels, d’oeuvrer pour l’amélioration du statut personnel de la femme en Algérie et de propager les principes humanitaires afin de développer les sentiments de solidarité et de compréhension mutuelle. Aussi, bien que fondée par un groupe de femmes -dont d’anciennes combattantes de la guerre de libération- cette association apolitique se différencie des mouvements féministes par sa mixité. Elle se veut effectivement une école de prise de conscience pour les hommes également.

SOS Femmes en détresse est, avant tout, une association de terrain, c’est-à-dire qu’elle cherche à atténuer directement les souffrances des femmes.

Pour cela, elle a ouvert dès 1993 un centre d’accueil et d’hébergement transitoire visant à fournir aux femmes en grande difficulté, un soutien psychologique, médical et juridique, des conditions de vie décentes, une orientation et une formation professionnelles, ainsi que la prise en charge des enfants.

Y sont acceptées prioritairement -sans aucune distinction de race, nationalité, religion ou opinion politique- les femmes divorcées ou répudiées accompagnées d’enfants, les femmes enceintes de plus de six mois, et les femmes confrontées à la violence, notamment au terrorisme.

A noter cependant que la majorité des femmes accueillies sont des victimes du code de la famille. Le cas de Madame H. est très fréquent. Enceinte, avec trois enfants, elle est arrivée au centre après avoir été répudiée, puis divorcée par la volonté du mari qui avait pris une seconde épouse.

Depuis la création de ce centre, unique en Algérie, plus de cinq cents femmes et enfants ont été recueillis et réinsérés dans la société.

Mais les besoins des femmes sont nombreux ; c’est pourquoi SOS Femmes en détresse a également créé un centre d’écoute téléphonique, d’assistance téléphonique, d’assistance juridique. Plus encore, il est prévu dans l’avenir d’ouvrir un village d’accueil SOS composé de plusieurs logements pour femmes en détresse, de micro-entreprises, d’un jardin d’enfants...

Autant de projets qui ne pourraient être menés à bien sans le sérieux des membres de l’équipe, bénévoles, qui se concrétise notamment par des accords de partenariat passés avec des associations étrangères, tel le Secours populaire français pour la France. A titre d’exemple d’échanges entre ces deux organismes de solidarité internationale, on peut citer l’envoi de matériel, de vivres, de médicaments, le cofinancement des réalisations et, bien entendu, la connaissance de cultures différentes.

L’action de SOS Femmes en détresse ne s’arrête pas là. De par sa mission, l’association ne saurait effectivement rester indifférente à la situation générale de la femme en Algérie. Aussi, en 1994, elle mandate une de ses représentantes au parlement, afin d’y présenter des amendements au code de la famille. En 1997, elle se joint aux autres associations féminines qui lancent un appel pour l’amendement de ce code et l’abrogation de nombreux articles. Régulièrement, elle participe aux manifestations concernant la condition de la femme (atelier pour la promotion de la femme, comité national de la famille...). Sur le plan international, elle a été représentée à la Conférence mondiale des femmes (Pékin, septembre 1995).

Que dire de plus, sinon que ces femmes et ces hommes luttent au quotidien pour une société plus égalitaire et que cette résistance et ce courage leur coûtent parfois la vie ! Et combien ont dû ou devront encore quitter l’Algérie pour des raisons sécurité ?

Palavras-chave

mulher, direito das mulheres, discriminação das mulheres, exclusão social, organização de mulheres, legislação


, Argélia

dossiê

Quand les femmes se mobilisent pour la paix, la citoyenneté, l’égalité des droits

Notas

Cette fiche a été rédigée à partir d’un entretien avec une personne de l’association qui a souhaité conserver l’anonymat. Pour tout renseignement, s’adresser au Secours populaire de France, 3 square de Maubeuge, 75009 Paris, France. Tél. 01 42 85 16 32. Fax 01 40 16 10 31.

Fonte

Entrevista

CDTM (Centre de Documentation Tiers Monde de Paris) - 20 rue Rochechouart, 75009 Paris, FRANCE - Tel. 33/(0)1 42 82 07 51 - Franca - www.cdtm75.org - cdtmparis (@) ritimo.org

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