Le 10 octobre 1996, une organisation qui travaille en Afghanistan et au Pakistan lançait un appel. Diffusé par le réseau Femmes sous lois musulmanes, nous en donnons ci-dessous de larges extraits.
[...]"La violence envers les femmes a toujours existé en Afghanistan. La violence est fréquente dans les vies quotidiennes des Afghanes, mais elle s’accroît à l’occasion de violences raciales ou politiques quand d’autres groupes entrent aussi dans le conflit. Dans les périodes de crise -qu’il s’agisse de dissension politique, économique ou entre communautés), la famille tend à exercer un contrôle accru sur les femmes, il y a une répression étatique et sociale et une augmentation de la violence envers les femmes.
"Dans une situation de conflit comme celle de l’Afghanistan, toutes les formes de violence ont pris la forme de violence politique. De plus, l’absence de loi et d’ordre a rendu impossible la catégorisation des violences commises contre les femmes comme violence sociale, religeuse, culturelle, raciale ou politique. [...]
"Durant une période, les femmes étaient emprisonnées et utilisées comme esclaves sexuelles, des parties de leurs corps étant ensuite enlevées une par une de leur vivant, et puis, finalement, leur dépouille était exposée dans la rue. La guerre et l’anarchie ont produit un trafic de femmes à travers le pays. La [situation des]femmes n’a pas beaucoup progressé depuis cette époque. Elles ont gagné la sécurité de ne plus subir de telles atrocités au prix d’être enfermées à l’intérieur de leurs maisons.
Historique
"L’Afghanistan est un petit pays situé en Asie Centrale. [...]La majorité des habitants pratique la foi islamique, la plus grande partie appartenant à la secte sunnite. Le pays abrite de nombreux groupes ethniques. Bien que les différents groupes ethniques aient coexisté depuis des siècles, les attitudes et comportements des uns envers les autres n’ont pas forcément été amicaux. [...]
"La scène politique a toujours été dominée par un groupe ethnique unique. Cette position a été tenue par les Pushtoons depuis les deux derniers siècles. Le groupe ethnique dominant a essayé d’imposer sa propre culture, religion et morale sur les groupes subalternes, de façon délibérée ou non. Cette situation a souvent donné lieu à des conflits permanents et prolongés.
"La société afghane suit toujours les codes de conduite primitifs établis depuis les temps préhistoriques, par exemple le système patriarcal des familles. Les femmes ont un statut extrêmement secondaire par rapport aux hommes.
"Il y a trente ans, une démocratie partielle fut introduite dans le pays et une constitution fut établie dans laquelle des droits limités étaient attribués aux femmes, leur accordant la liberté d’obtenir toute forme d’éducation. Elles pouvaient également participer aux élections. Grâce à l’accès facile à l’éducation, les femmes vivant en ville firent de rapides progrès. Mais, malheureusement, les femmes des régions rurales ne purent saisir l’occasion donnée par la constitution.
"Après l’invasion des Russes dans le pays [décembre 1979 - février 1989], la constitution a perdu son efficacité et un état de guerre et de désordre s’est installé. Les pays intéressés pour de multiples raisons par l’Afghanistan ont commencé une guerre par procuration entre eux. Certains en sont sortis vainqueurs aux dépens de la nation afghane.
"Après la chute du régime du Dr. Najibullah [avril 1992], une anarchie totale s’est installée dans le pays et les fondamentalistes ont pris le contrôle. Il en résulta une augmentation des cas de violence contre les femmes. L’insécurité et l’anarchie incessantes créèrent le mécontentement parmi la population, ouvrant la porte aux Taliban.
"Les Taliban (étudiants en religion)entrèrent dans le scénario politique encombré et instable du pays il y a environ deux ans. Leur présence fut tout d’abord remarquée dans les régions de la province de Landahar, limitrophe du Pakistan. L’émergence des Taliban fut suivie par une série de victoires militaires rapides qui leur permit de vaincre et d’être les dirigeants incontestés des deux tiers environ de le l’Afghanistan. Au début, la population était dans l’ensemble satisfaite de l’administration des Taliban puisqu’ils avaient introduit la sécurité et la paix si nécessaires dans la région. [...]
Situation actuelle et questions relatives aux droits des femmes
" [...]Dans les régions administrées par les Taliban, la paix et la sécurité sont maintenues selon les dispositions strictes de la loi islamique ou "Shariah". Malheureusement, la "Shariah" est interprétée en faisant abstraction des femmes de la société. Les taliban ont strictement ordonné aux femmes de ne pas s’aventurer hors de leur foyer sans se couvrir du voile et de ne travailler sous aucune circonstance. Les établissements scolaires pour filles ont été fermés et l’admission des étudiantes est interdite dans tout établissement quel que soit le niveau. Ces restrictions sont infligées par les Taliban afin de limiter les activités des femmes à l’intérieur des murs de leur maison. Les Afghanes ont, à plusieurs reprises, exprimé leur mécontentement vis-à-vis de l’oubli social auquel elles sont soumises. Les femmes qui ont osé défier les restriction ont été soumises à des coups violents ou menacées de conséquences et de punitions extrêmes.
"Nous devons garder en mémoire qu’après l’année de massacres dont a souffert l’Afghanistan, le pays a bien plus que quelques cas de veuves et de familles dont les seuls soutiens sont des femmes. Selon les règles de conduite dictées par les Taliban, ces familles sont condamnées à mourir de faim puisque les femmes ne sont autorisées à travailler sous aucune circonstance. De plus, l’interdiction faite aux filles d’être éduquées est aussi une violation des droits humains les plus fondamentaux.
"Ces deux exemples ne constituent qu’une petite partie des cas dans lesquels les droits des femmes sont constamment bafoués par l’utilisation seule de la force. [...]Les femmes afghanes deviennent de plus en plus conscientes de leurs droits et de leur statut social. Elles ont compris le rôle important qu’elles devront jouer dans la reconstruction du pays. C’est pourquoi elles entendent se battre pour leurs droits jusqu’à ce qu’elles gagnent le respect de la société qu’elles méritent [...]."
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, Afeganistão
Quand les femmes se mobilisent pour la paix, la citoyenneté, l’égalité des droits
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Texto original
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