10 / 1996
L’oblast de Tioumen est le principal producteur d’hydrocarbures de la Fédération de Russie. Cette région de Sibérie Occidentale de 1,2 millions de kilomètres carrés recèle dans son sous-sol 56 aires géologiques distinctes contenant des hydrocarbures. 13000 forages de prospections ont été effectués et 488 gisements identifiés, dont 323 de pétrole (157 sont exploités). L’oblast’a connu un essor sans précédent après la découverte de gisements de gaz et de pétrole dans la plaine de l’Ob, dans les années 1950. A partir de 1964, la prospection et l’exploitation des gisements s’est structurée autour d’entreprises devenues des géants des hydrocarbures (Glavtioumenneftegaz ou Tioumengazprom)aux innompbrables ramifications. Aujourd’hui, la production se structure autour de 8 zones-clés: Nijni-Vartovsk, Surgut, Nefteyugansk, Niagan, dans la plaine de l’Ob, Noiabrsk et Kogalym plus au nord (toutes ces zones sont situées sur le district autonome des Khantys-Mansis, et tournées vers la production de pétrole, en baisse constante depuis 1990: 196,9 millions de tonnnes en 1995 contre 360,8 en 1990), et, dans l’espace subarctique du district autonome des Iamalo-Nenets, Nadym et Novii urengoï, qui pèsent à eux deux 500 milliards de mètres cubes de gaz par an (à peu près 85
de la production russe, première mondiale). Depuis le début de l’exploitaion, 7 milliards de tonnes de pétrole et 7000 milliards de mètres cubes de gaz ont été produits. Tyumen et sa région proche, appelée communément "Sud de l’Oblast" (Ioug oblasti)est une zone administrative, universitaire (de nombreuses branches des académies scientifiques russes, une université d’Etat, une université du pétrole et du gaz), agricole et industrielle (usines de fabrique d’accumulateurs et de moteurs d’avions). C’était la base arrière du véritable front pionnier qui s’est constituée dans les années 60. Ce front pionnier est devenu par la suite l’un des grands chantiers de l’aménagement du territoire soviétique, intégré au Centre territorial de production (CTP)de la Plaine de l’Ob. Mais les aménagements titanesques ont malgré tout été insuffisants au regard de l’énorme afflux de population qu’a connu la région à partir de la fin des années 1960. Notamment les infrastructures urbaines montrent des carences révélatrices dans le choix qui a té fait de privilégier la production sur toute autre considération d’aménagement à long terme et de capacités d’accueil de techniciens avec leurs familles. Mais c’est aussi l’environnement qui a fait les frais de cette surexploitation qui a abouti à des dégradations bien plus considérables que le simple épuisement de nombreux gisements, une des causes du ralentissement de la production pétrolifère. les données statistiques sont délicates à utiliser et tous les chiffres ne sont pas faciles à obtenir. Selon le centre régional de statistiques, on peut lire l’ampleur de la catastrophe, dans le choix des indicateurs, présentant une information tronquée: le nombre de sources de déjections atmosphériques a presquedoublé en 5 ans (112000 en 1994 contre 64000 en 1990), mais on insiste dans le rapport 1995 sur la baisse quantitative des déchets rejetés sans traitement dans l’atmosphère (1,8 millions de tonnes en 1994 contre 3 millions de tonnes en 1990), mais dans la zone la plus critique, l’espace subarctique, la tendance est encore à la hausse, témoignant d’une certaine indifférence des consortiums gaziers face à l’ampleur des dégâts, notamment forestiers, causés par les pluies acides. De même, concernant la pollution des eaux, les statistiques montrent une baisse de la part des déchets d’eaux non assainies dans l’ensemble des déjections régionales, montrant par là à quel point il y a une dizaine d’années les eaux des fleuves, rivières, lacs et nappes phréatiques ont été polluées (en 1985, au summum de l’exploitation, 63
des déchets étaient des eaux polluées). Ces chiffres ne tiennent pas compte des destructions de l’écosystème causés par les incendies de taïga (provoqués ou dus à des négligences), ou par les chantiers et matériels divers abandonnés.
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, Rússia
L’évolution de cette région est capitale pour l’avenir de la Russie, puisqu’elle produit sa principale rente économique et ses sources d’énergie lui assurant encore une certaine indépendance. L’environnement paiera-til le prix fort de cette importance stratégique? Quels véritables contre-pouvoirs peuvent-ils orienter la région vers une rationnalisation de cette production et une politique d’investissements en matières d’infrastructures et de protection de l’environnement?
Les titres des documents cités dans cette fiche ont été traduits du russe ou transcrits en caractères latins. Pour toute recherche, s’informer auprès de France-Oural.
Livro
Tyumenskym oblastnym komitetom gossudarstvennom statistiki, Tyumenskaia oblast v tsifrakh - 95, 1996 (Russie); Atlas de la Russie et des pays proches, éd Reclus/La ddocumentation française, 1995,
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