08 / 1996
Face aux conditions de vie des conscrits dans l’armée et à l’absence de droit au service alternatif, des mouvements de jeunes se créent en Russie pour exiger la garantie des droits des appelés. En février 1995 est créé le mouvement "Action jeune antifasciste". L’intitulé du mouvement et la référence à l’antifascisme semblent excessifs, mais la création de cette association illustre la volonté des jeunes Russes de s’organiser pour défendre leurs droits. Alors que les associations de mères de soldats datent de la perestroika, les mouvements antimilitaristes de jeunes sont de création récente en Russie.
L’Action jeune antifasciste, créée en février 1995, revendique 300 membres en septembre de la même année. L’envoi des conscrits en Tchétchénie depuis décembre 1994 engagent les jeunes hommes à s’organiser pour éviter de les rejoindre. Le mouvement mène une action dans cinq directions: l’anti-fascisme, l’antimilitarisme, le refus de la conscription, la défense des droits et la politique à l’égard de la jeunesse. Il organise des concerts, des expositions, des piquets, des conférences de presse... De façon plus générale, il se réfère à la liberté, à la démocratie, à la paix, aux droits de l’homme et à l’internationalisme.
En septembre 1995, à l’occasion de la deuxième période de recrutement des conscrits (les conscrits sont appelés sous les drapeaux entre avril et juin et entre septembre et novembre de chaque année en Russie), le président de "l’Action jeune antifasciste", Piotr Kaznatcheev, participe à une conférence de presse en compagnie d’une représentante du Comité des mères de soldats et du président du Comité de défense de la Douma (chambre basse du Parlement)Serguei Iouchenkov. Cette présence simultanée de l’Action jeune antifasciste et d’un mouvement reconnu comme le Comité des mères de soldats ancre la légitimité du premier.
L’Action jeune antifasciste déplore les dysfonctionnement de l’armée russe. Ses tracts expliquent: "Nous voyons que notre pays n’est pas capable de soutenir des forces armées qui regroupent 1% de la population. Aucun budget n’est capable de soutenir une telle armée. Notre armée est corrompue (comme le montre la construction de datchas pour de nombreux généraux). Notre armée est inhumaine (violence des plus vieux sur les jeunes soldats, envoi des conscrits en Tchétchénie).
La création de l’Action jeune antifasciste est directement liée aux évènements intervenus en Tchétchénie. Les membres du mouvement déclarent refuser de servir dans une armée telle que l’armée russe. Ils dénoncent les dirigeants militaires qui nient le droit au service alternatif et envoient les jeunes refusant de porter les armes en bataillon disciplinaire. Ils dénoncent les députés-militaristes qui ont voté l’allongement de la durée du service militaire de un an et demi à deux ans, décision ratifiée par le Président Boris Eltsine le 29 avril 1995.
Si l’Action jeune antifasciste dénonce, elle propose aussi. Le mouvement affirme que le passage à une armée professionnelle est nécessaire à la Russie. En attendant cette évolution, il réclame le vote d’une loi sur le service militaire alternatif et sur le maintien et l’extension des sursis.
Comme la majorité des mouvements russes opposés à la conscription obligatoire, l’Action jeune antifasciste invite ses membres à utiliser les contradictions de la législation. La Constitution de la Fédération de Russie reconnait le droit au service alternatif, mais cette disposition constitutionnelle n’est pas appliquée actuellement en raison de l’absence de loi sur le service alternatif. La référence des insoumis à cette disposition plonge toutefois régulièrement les tribunaux dans l’embarras. L’Action jeune antifasciste prône l’utilisation de cette disposition pour échapper au service militaire, mais aussi le recours aux dispositions relatives à l’état de santé ou à la situation sociale de l’appelé. Jeune et dynamique, ce mouvement antimilitariste ne recule pas devant les mots et ditribue des tracts intitulés "SOS Conscription".
associação, exército, sociedade civil, grupo de pressão
, Rússia
L’Action jeune antimilitariste est un mouvement de création récente, il est actuellement difficile de prédire son avenir. Ses activités sont parfois marquée par des gestes un peu puérils, comme l’autodafé d’un réglement militaire à la suite d’une conférence de presse. Ce type de mouvement peut être victime de la jeunesse de ses dirigeants, puis de leur départ une fois leur problème résolu. Le soutien que lui apporte le Comité des mères de soldats constitue toutefois la garantie d’un certain sérieux.
Actas de colóquio, seminário, encontro,… ; Texto original
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