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Les imaginaires en conflit dans la gestion de la santé

Une vision du monde que l’on se fait, région du Bandundu, Zaïre

Georges THILL, Jean-Paul LEONIS

06 / 1995

La contribution de l’anthropologue médical Entur Matula à la journée "Ecosanté au Nord et au Sud" organisée par PRELUDE aux Facultés Universitaires de Namur a insisté sur les aspects endogènes en matière d’écosanté. Ainsi, dans la cosmogonie villageoise des Mbala, Songo, Ngongo et Yomsi de la zone de santé rurale de Yasa-Bonga, le monde est occupé par trois grands espaces: la terre, le ciel et le souterrain.

Le ciel est présenté comme la demeure d’un dieu tout puissant, parce que créateur de tout principe vital. Ce dieu est invisible et inconnu. Il ne s’est jamais présenté aux hommes. Aucun culte (pratique)institué ne lie les hommes à dieu.

La terre est le royaume de l’homme dont il en occupe le centre, entouré de tout ce qui existe, la nature animée et inanimée.

Le souterrain est le village des esprits des morts. Ils y résident, mais vivent en contact permanent avec les vivants, au village et partout où ils travaillent.

Le village est un assemblage de clans dont les membres (assez souvent)construisent leurs cases à proximité de celle de leur oncle-chef de clan qui garde la case à fétiches, l’arbre à palabre; il est garant du cimetière et du patrimoine foncier du clan matrilinéaire.

Trois axes de relation lient les vivants aux morts:

- l’axe direct: par les songes (rêves)et les apparitions;

- l’axe indirect: par le canal du devin ou du chef de clan;

- la réincarnation: les morts peuvent revenir, revêtir la nature des vivants pour vivre parmi eux.

A travers ces trois axes, les vivants (sur terre)peuvent offrir des sacrifices aux morts (cimetières ou aux croisements des sentiers), réaliser la volonté des morts et demander à ces derniers d’exaucer leurs désirs.

Dans la société organisée en clans matrilinéaires, sans Etat, où les lois et les coutumes se transmettent par la tradition orale, le pouvoir est aux mains de ceux qui connaissent et conservent la tradition: les vieux (dans un système gérontocratique).

La façon de concevoir la maladie et sa guérison est tributaire des cultures.

En l’occurrence, l’opération de précision est exercée par le thérapeute (soigneur, guérisseur, médecin). C’est une personne qui connaît le secret des plantes et qui en retire les substances utiles pour soigner et guérir. C’est lui qui entend les esprits des morts et communique aux vivants leur volonté; c’est lui qui joue la médiation entre l’homme et toutes les entités d’opposition. C’est lui enfin qui lutte contre ces oppositions, qui rétablit l’équilibre, le dialogue et la paix, la santé et la tranquillité.

Le guérisseur (Nganga)joue donc un rôle social dans sa société qu’il connaît et qu’il gère.

Sa vocation apparaît comme toujours par une maladie (message). Il vit dans une case comme tout autre villageois. Le lieu de soin est d’accès facile à tout malade. Les remèdes utilisés sont d’origine locale. Le mode de paiement est adapté au système économique en vigueur: le troc. Le guérisseur ne vit pas seulement des soins qu’il dispense.

Arrive maintenant la médecine de type occidental, dite scientifique ou moderne. Que se passe-t-il?

Le médecin (munganga)exerce dans un espace hospitalier qui s’impose au malade du village; ce malade, au départ, se trouve dépaysé. Le médecin vit à l’écart de la société villageoise, ne voit le malade qu’au dispensaire ou à l’hôpital, et ce pour un temps fort bref. Les remèdes utilisés sont importés ainsi que les instruments. Le mode de paiement est axé sur la monnaie dans un milieu où le pouvoir d’achat est très bas; les soins sont donc trop chers pour des gens qui gagnent petitement leur vie. De plus, le médecin ne vit que de son travail et la communication n’est pas aisée entre malade et médecin.

Palavras-chave

saúde, ciência e sociedade, tradição e modernidade, meio rural, saúde e meio ambiente


, Zaire, Yasa-Bonga, Bandundu

Comentários

Le villageois se voit dans l’obligation d’opérer son choix en fonction de ses possibilités culturelles d’adaptation d’abord, économiques ensuite. Le chemin normal à suivre paraît dès lors le suivant: en cas de maladie, il s’adressera dans l’ordre:

- au guérisseur;

- au dispensaire;

- au guérisseur;

- à l’hôpital;

- au guérisseur;

- à Dieu (en cas de désespoir).

Le va et vient entre médecin et guérisseur se comprend aussi quand on sait à quel point la santé est une composante majeure, sinon la plus décisive pour les gens et qu’ils voient au plus vite l’efficacité en matière de traitement. La médecine moderne n’est pas toujours la plus efficiente. Condamner ce choix rimerait à l’asphyxie du villageois. Le dialogue entre les deux types de médecines paraît la voie idéale qui contribuerait au bien-être du villageois en milieu rural et même en milieu urbain. Mais il faudrait en définir le cadre. L’expérience vaut la peine d’être tentée.

Fonte

Actas de colóquio, seminário, encontro,…

MATULA ATUL, Entur, PRELUDE in. Bulletin Prélude, 1988/09/01 (Belgique), 10-11

Prélude International (Programme de Recherche et de Liaison Universitaires pour le Développement) - Facultés universitaires, 61 rue de Bruxelles, 5000 Namur, BELGIQUE - Tél. 32 81 72 41 13 - Fax 32 81 72 41 18 - Bélgica

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