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diálogos, propuestas, historias para uma cidadania mundial

Jeu de guerre et éducation à la paix -2-

Distinguer le jeu de guerre ordinaire du jeu post-traumatique

Mireille SZATAN

09 / 1997

Des discussions reviennent régulièrement en Europe à propos de la politique que des individus et des gouvernements devraient adopter par rapport à la fabrication et à la commercialisation de jouets de guerre. La question est ainsi posée : devons-nous donner à nos enfants des fusils en plastique afin qu’ils puissent jouer à la guerre et ainsi se délivrer de leur agressivité ou bien , ce-faisant, ne sommes-nous pas en train de les encourager à l’agression ?

Comme on peut l’imaginer, il n’y a pas de réponse claire et tranchée à cette question. Au moins peut-on se mettre d’accord sur le fait qu’offrir un jouet de guerre à un enfant qui n’en a pas verbalisé la demande peut être interprété par l’enfant comme une glorification de la guerre et de l’agressivité. S’il en a verbalisé la demande, ou s’il s’en est confectionné un (avec des morceaux de bois assemblés, par exemple), on peut alors considérer qu’il en a besoin pour l’intégrer à son " auto-thérapie ". C’est Bettelheim qui disait que ce n’est pas parce qu’un enfant joue avec un camion qu’il deviendra conducteur de camions. Il est important d’ajouter aussi que si nous fantasmons systématiquement autour de l’agressivité supposée de l’enfant qui joue à la guerre, nous risquons fortement d’induire cette agressivité par le poids de nos projections !

Pour évaluer de telles situations, il nous faut toujours revenir aux différents sens du jeu : jouer, ce n’est pas mettre en acte des fantasmes, le jeu à des règles, le jeu est ancré dans la réalité, il obéit au principe de réalité. C’est parce que tout n’est pas permis dans le jeu que le jeu est tellement important dans la socialisation de l’enfant. Le jeu implique toujours un mouvement de va-et-vient entre le ludique et le sérieux qui ne doit pas être sous l’influence d’un contrôle rigide, externe ou interne. Quand je dis contrôle externe, je me réfère aux contraintes que les adultes tentent souvent d’imposer à l’enfant qui joue, pour qu’il joue comme eux l’entendent, pour qu’il apprenne quelque chose quand il joue. Quant aux contraintes internes, il s’agit de l’aspect compulsif que le comportement de jeu peut prendre quand un enfant est désorganisé par la vague de ses affects. Parfois lorsque les enfants jouent au soldat israélien et au Palestinien ou sont impliqués dans des jeux agressifs, il faut mettre ces comportements en rapport avec des événements traumatisants qui ont été vécu par l’enfant. C’est là un exemple de dérives possibles du jeu. Et ici il est important de faire la différence entre le jeu " ordinaire " et le jeu " post-traumatique "dans la mesure ou les deux n’ont pas la même signification et ne doivent pas être considérés sur le même plan par les adultes. Les caractéristiques du jeu " post-traumatique " sont les suivantes :

- répétition compulsive

- lien inconscient entre le jeu post-traumatique et l’événement traumatisant (qui sera interprété en thérapie)

- élaboration réduite du jeu, scénario très pauvre, pauvreté de l’imaginaire

- échec du jeu à apporter un apaisement de l’anxiété (il s’agit là d’une différence essentielle entre le jeu normal et le jeu post-traumatique : l’enfant est encore plus anxieux et tendu lorsqu’il a fini de jouer, l’activité n’est pas porteuse d’une " cure ", l’intervention d’un professionnel est indispensable pour que le jeu devienne thérapeutique).

Le jeu post-traumatique peut devenir dangereux (pour l’enfant qu’il initie et pour ses partenaires).

Il est bien évident que l’on a quitté là le registre du jeu, il s’agit dans ce cas d’un symptôme qui requiert l’intervention d’un professionnel pour éviter que le symptôme, de réactionnel devienne le point de départ d’une pathologie organisée.

En ce qui concerne les inquiétudes que les parents et les éducateurs peuvent développer par rapport au développement de la personnalité de l’enfant lorsqu’ils sont confrontés à son agressivité exprimée dans le jeu, il doit être clair pour eux que ce n’est pas tant que l’enfant va devenir agressif parce qu’il joue à la guerre, mais bien plutôt qu’il joue à la guerre dans une tentative de mieux contrôler son agressivité. Sa tentative sera plus ou moins couronnée de succès en fonction de ses forces du Moi. L’éducation à la paix ne consiste pas seulement à confisquer les fusils; la démarche est beaucoup plus complexe. Elle passe par l’éducation à la résolution des conflits à l’intérieur de la famille par des moyens autres que l’agressivité ou la violence.

Nous savons que l’agressivité a des racines très complexes : un contexte dans lequel les enfants ont à faire face de façon récurrente à l’agressivité et à la violence de leur environnement induit davantage d’agressivité, de même que des frustrations répétées. Si les psychiatres, les psychologues, les éducateurs, les travailleurs sociaux ne peuvent pas arrêter les actes d’agressions et imposer la paix, ils ont un rôle important à jouer, non pas seulement au niveau curatif, mais aussi dans la sensibilisation des adultes aux besoins psychologiques des enfants. Ceci passe nécessairement par la formation de tous les professionnels au contact des enfants (les pédiatres, les médecins généralistes, les éducateurs, etc...)et par l’intégration de préoccupations autour de la santé mentale dans les soins de santé primaire.

Palavras-chave

educação a paz, saúde mental, cultura de violencia, criança, traumatismo psíquico, psicologia


, Palestina,

Fonte

Actas de colóquio, seminário, encontro,…

(France)

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