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Le partenariat d’Enfants réfugiés du monde dans la bande de Gaza

Avec qui travailler dans un contexte de luttes internes ?

Mireille SZATAN

06 / 1997

Peu après notre arrivée dans la bande de Gaza en 1988, nous avons commencé à proposer à nos partenaires palestiniens (essentiellement des ONG médicales, car le programme en cours était une formation de kinésithérapeutes)l’ouverture de centres d’animation pour enfants. A l’époque, tous les centres préexistants étaient fermés par l’occupant israélien, mais aussi sous la pression de la fraction la plus religieuse de la population, laquelle estimait que l’heure n’était pas aux loisirs, mais au deuil. Le culte du martyr devait en passer par là.

Il a fallu attendre 1991 pour que la situation se débloque. Une réunion put être organisée entre cinq comités de femmes et ERM.

Le choix de nos partenaires palestiniennes avait été prédéterminé. Elles étaient l’émanation des cinq fractions politiques principales de l’OLP et avaient, par leur travail politique et social, une implantation réelle dans la population. Elles se montraient aussi beaucoup plus sensibles aux problèmes de leurs enfants et leur discours était moins "langue de bois" que celui de nombreuses associations qui accusaient de violence non seulement l’armée israélienne mais aussi l’institution scolaire et ses professeurs, ainsi que les familles.

En ces temps de lutte interpalestinienne il était important de les avoir toutes avec nous pour pouvoir faire front au double danger qui menaçait le projet de centre d’animation pour enfants : les Israéliens et le courant islamiste.

Ces aspects positifs contrebalançaient largement les aspects négatifs que nous connaissions : leurs luttes intestines qui les avaient toujours rendues incapables de mener des projets communs sauf sur des durées très courtes. Pour la première promotion d’animatrices, nous avons dû en tenir compte et leur sélection fut faite à parité : 3 animatrices par comité de femmes.

Parallèlement au travail de formation des animatrices et à la mise en place des centres, un travail de formation des 5 représentantes des comités de femmes fut mené, les amenant progressivement à se positionner comme ONG unique ("Culture et pensée libre"), à reprendre les programmes menés avec ERM fin 1996 (deux centres d’animation pour enfants et adolescents et un centre culturel communautaire), et à ouvrir d’autres programmes avec d’autres ONG internationales : un centre pour femmes et un programme de micro crédits pour femmes.

Malgré toutes les vicissitudes de ce partenariat, notre pari commun était gagné. Mais en 1995, un nouveau problème de partenariat se pose à ERM, dans un contexte politique complètement différent. L’Autorité palestinienne était arrivée sur la base d’un accord qui lui donnait bien peu d’atouts pour pouvoir réellement mettre en place un Etat indépendant. Elle devait aussi négocier avec les nombreuses ONG palestiniennes, puissantes et reconnues à niveau international, qui pendant les années d’occupation avaient pris en charge des pans entiers du secteur économique et social : éducation préscolaire, santé, développement agricole, droits de l’homme...

Les fractions politiques, toutes tendances confondues, s’essoufflaient, n’ayant pas réussi à mettre en place un programme "post Intifada" et étaient laminées par les échecs successifs des "négociations de paix".

ERM menait deux promotions d’animatrices socioculturelles, formation aboutissant au bout de 3 ans à un diplôme reconnu par le Ministère de la Jeunesse et des sports palestinien. ONG et Autorité palestinienne nous sollicitaient pour la mise en place d’un institut de formation aux métiers de l’éducation informelle, lequel vit le jour en 1997 : l’institut Can’an de pédagogie nouvelle. Il a fallu 6 mois de discussion pour déterminer qui seraient nos partenaires pour cet institut. Dans le même temps, il fut procédé à un élargissement du partenariat au Nord -en particulier auprès des mouvements d’éducation populaire-, à la création d’un "Forum palestinien pour l’éducation au développement" regroupant le Ministère de la jeunesse et des sports et 6 ONG palestiniennes (dont nos partenaires antérieurs de la "Culture et pensée libre", mais aussi mouvements de jeunes, organisation des droits de l’homme...).

En ces temps de contradictions aiguës entre l’Autorité et les ONG palestiniennes c’est le premier projet commun à long terme qui existe dans les territoires. Mais c’est aussi, à notre avis, la seule structuration de partenariat qui permet de prendre en compte toutes les composantes nécessaires à la construction de la société de demain (ONG et Etat)et d’assurer ainsi la perennité du projet. Cependant le pari est loin d’être gagné.

ERM (Enfants Réfugiés du Monde) - 34 rue Gaston Lauriau, 93512 Montreuil cedex, FRANCE - Tél. : 33 (0)1 48 59 60 29 - Franca - erm (@) erm.asso.fr

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