Gestion sociale de la ville : Programme d’échanges Sud Nord

Le programme "gestion sociale de la ville : programme d’échanges Sud Nord" mené en 1993 par les équipes enda Graf (Dakar)et enda délégation (Paris)est un programme d’échanges de pratiques, de réflexions, d’analyse de situation sur les problématiques urbaines. L’idée est d’apporter en France, pays du Nord, les savoir faire et compétences du Sud, en l’occurence le Sénégal, en termes de participation populaire, de médiation, de renforcement du lien social et d’amener en retour le regard de travailleurs sociaux et habitants de quartier habitués à réfléchir et à agir au coeur des banlieues françaises.

Lors de leur séjour à Dakar, pendant la deuxième phase du programme, les représentants de la ville du Havre ont séjourné à la Medina, quartier de Dakar. Ils y ont rencontré un jour un groupement de femmes. La présidente de ce groupement leur en a fait l’historique.

Au départ, il y avait un groupe de femmes du quartier qui n’avaient pas d’activité (économique). Elles formaient d’abord un comité politique et de solidarité (tontines). L’épouse du responsable politique de la zone les a informées sur les activités économiques que développaient des femmes et elles ont eu quelque argent pour aller s’informer au Ministère des Affaires Sociales à l’occasion de réunions sur les groupements féminins. Elles ont ensuite sensibilisé les femmes du quartier avant de réunir l’argent nécessaire pour être adhérentes à la Fédération des Groupements de Promotion Féminine, placée sous la tutelle du Ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfant.

La présidente a ensuite fait une réunion d’information dans son quartier afin de constituer une épargne préalable qui donne droit ensuite à des prêts plus importants auprès du Ministère. Elle fait l’inventaire des activités existantes dans son groupement économique : poisson, bouillie de mil, nourriture dans les services ou à l’université, couturières,... Quand le groupement a reçu un premier prêt, toutes les femmes ont pu commencer des activités commerciales. Il n’y a pas eu de problème de remboursement et certaines femmes se sont associées entre elles pour faire un commerce diversifié. Quand elles font des bénéfices, elles réinvestissent aussitôt.

Toute cette activité correspond à une forte économie parallèle et les ventes se font au sein même du groupement. Une autre femme présente et appartenant à un autre groupement féminin dit que chez elle, les femmes, la première fois qu’elles ont reçu de l’argent, ont engagé des activités individuelles et maintenant elle travaille à ce que les femmes mettent leur moyens ensemble, tout au moins une partie, pour avoir des activités communautaires.