Le GEIQ 24
12 / 1996
Définition et principes. Un Groupement d’Employeurs pour l’Insertion et la Qualification (GEIQ)rassemble, sur un territoire limité, de petites et moyennes entreprises (PME)décidées à favoriser l’insertion d’un public en difficultés sociales et professionnelles : jeunes non qualifiés, chômeurs de longue durée, bénéficiaires du Revenu minimum d’insertion (RMI). C’est un groupement associatif, c’est-à-dire sans but lucratif, auquel adhèrent des entreprises volontairement engagées dans un dispositif d’insertion, dont elles sont collectivement responsables. Le GEIQ est l’employeur unique des personnes qu’il recrute. Son objectif est double : organiser, pour ces employés fragiles, un parcours cohérent d’insertion et de qualification : dynamiser le tissu économique local. Pour cela, il organise une alternance continue entre des séquences de travail en entreprise et des séquences de formation, en recourant à diverses formes de contrats aidés (contrat de qualification, de retour à l’emploi, etc.). Il doit obéir à une convention collective : comme la plupart des entreprises participantes relèvent du secteur du bâtiment et des travaux publics, c’est la convention collective de ce secteur qui est généralement adoptée. Les entreprises adhérentes mobilisent à cette fin des moyens spécifiques : accueil régulier des salariés à différents postes de travail, choix et formation des tuteurs, disponibilité d’intervention dans les sessions de formation, participation à la gestion associative du groupement.
Le GEIQ 24. Le GEIQ 24, objet de la présente fiche, est l’un des plus anciens. La description qui suit est valable, aux adaptations près, pour les quelque 80 GEIQ de France. Les données de la présente fiche datent de 1995. Le GEIQ 24 rassemble 80 petites entreprises (de 300 personnes maximum)sur deux sites urbains, majoritairement dans le Bâtiment. Le GEIQ est l’unique employeur des personnes qu’il recrute : principalement des hommes, d’âge moyen inférieur à 25 ans. Ils n’ont occupé, la plupart du temps, que des emplois précaires ; beaucoup connaissent, en outre, des difficultés liées à l’alcoolisme et à la drogue.
Fonctions et moyens du CEIQ. Le GEIQ assure quatre fonctions simultanées
- une fonction d’animation : agent économique du bassin d’emploi, acteur de développement local, il collecte et diffuse l’information sur l’emploi et la formation, démarche de nouveaux adhérents, assure la vie du groupement.
- une fonction de pédagogie : le responsable pédagogique du GEIQ est la clef de voûte du dispositif : lien permanent entre les personnes et les entreprises, organisation des parcours des salariés, suivi individualisé des personnes en formation. Il reste en liaison constante avec les tuteurs désignés par chaque entreprise et leur assure, le cas échéant, une formation appropriée.
- une fonction d’accompagnement social : des structures spécialisées s’occupent des problèmes sociaux des salariés, dont chacun est suivi par un opérateur unique pendant tout son parcours.
- une fonction de gestion : le GEIQ est à la fois entreprise et employeur. Il propose aussi ses compétences administratives aux entreprises adhérentes.
En 1995, le GEIQ 24 compte deux animateurs et 3 formateurs (soit 2,6 en équivalent temps plein), plus un secrétariat à mi-temps. L’APARE, association créatrice du GEIQ 24 en juin 1991, lui fournit un responsable de projet et une animatrice sociale. Chaque action s’autofinance à peu près sur ses recettes propres : fonds d’assurance formation, dépenses d’orientation, contrats aidés. L’entreprise d’accueil se voit facturer les contrats de qualification à des prix inférieurs au taux habituel, mais assure, en complément, un tutorat et une évaluation permanente.
Le parcours d’insertion des personnes recrutées. A chaque salarié est proposé un parcours individuel en quatre phases : recrutement (le GEIQ s’en charge), élaboration du projet professionnel (le rôle des tuteurs des entreprises d’accueil est, à cet égard, primordial), accès à une formation qualifiante, insertion dans un emploi durable et qualifié (en particulier dans les entreprises adhérentes). Le GEIQ s’engage à assurer, pendant un temps convenu, le suivi des personnes insérées.
Premiers résultats. 400 jeunes ont été accueillis de 1991 à 1995. Selon une évaluation datée de fin 1994, l’accompagnement social est considéré comme globalement positif en termes d’accession à l’autonomie, d’identification par les jeunes de leurs propres difficultés et compétences, de mobilisation d’un réseau relationnel, de capacité aux relations de travail. 47% ont trouvé un emploi, et 12% poursuivent une formation adaptée. Cependant, les abandons sont nombreux (41%), surtout chez ceux qui présentaient le plus de difficultés à l’entrée (toxicomanie en particulier). Selon l’étude précitée, ce bilan pessimiste doit être nuancé : les salariés actuels du GEIQ présentent une problématique sociale moins grave, et des perspectives d’intégration plus encourageantes. En termes de développement local, le résultat est incontestablement favorable : les partenariats se multiplient, les savoir-faire s’échangent, et des dizaines d’artisans-entrepreneurs trouvent un accès à des conseils spécialisés, notamment en gestion des ressources humaines.
En 1995 existent en France environ 80 GEIQ exerçant leur activité selon des principes analogues, surtout dans le domaine du bâtiment. Un comité national de coordination et d’évaluation des CEIQ a élaboré une charte et un guide, en liaison avec les services de l’Etat.
autonomia, desenvolvimento local, pequena e média empresa, acompanhamento social, emprego, desemprego, inserção profissional, agente de desenvolvimento, população desfavorecida, jovem, associação
, Franca, Aquitaine, Périgueux
La logique économique (importante pour les entreprises participantes)et la logique sociale (assurée par le Groupement)se concilient plus facilement, par cette formule, que ce ne serait possible dans une seule structure. Le principal facteur de vitalité d’un GEIQ est le contexte économique local : un secteur d’activité favorable, un initiateur capable d’animer le dispositif, de mobiliser des adhérents en leur faisant prendre conscience de leurs responsabilités sociales. La souplesse en temps de crise, où les besoins sont fluctuants, est aussi un atout. Et la motivation communiquée aux petites entreprises sur l’insertion des jeunes est une réussite. Mais des freins restent à desserrer : le poids des traditions et préjugés, la connaissance encore insuffisante de la formule, l’implication parfois trop faible des tuteurs. Si le public cible présente une surabondance de handicaps, une étape préalable de réinsertion sociale est en outre nécessaire.
En 1995, le législateur semble décidé à développer et assouplir cette formule, dont apparaît déjà une autre application : l’emploi des cadres (executives, ejecutivos)en temps partagé. On peut donc croire en un certain avenir.
Voir la Lettre de l’insertion par l’initiative économique, n°2, mars 1995.
Relatório
GANCILLE, Jean Marc, CIME, 1994/12 (France)
CIME (Comité d’Information et de Mobilisation pour l’Emploi) - CIME a cessé de fonctionner en mars 2007. - Franca