Démarche, bilan et perspectives du projet AVAL
Mathurin NAGO, Joseph HOUNHOUIGAN
1996
L’Afrique de l’Ouest est confrontée à un défi majeur : assurer efficacement l’approvisionnement alimentaire des villes face à une expansion galopante des populations. Les entreprises artisanales agroalimentaires, par leur rôle dans la valorisation des produits vivriers locaux, la création d’emplois et de revenus, par leur participation déterminante à l’approvisionnemnent des villes en aliments adaptés en termes de prix, de qualité et de quantité et par l’effet d’entraînement qu’elles exercent sur la production agricole locale, représentent une réponse stratégique à ce défi. Toutefois, malgré la dynamique dont ces entreprises font preuve, ce mouvement doit être encouragé d’un appui structuré et efficace prenant en compte les principaux aspects de leur organisation et de leur fonctionnement. Le projet AVAL, Action de VALorisation des savoir-faire locaux(1), permet de répondre à cette préoccupation majeure. Il se situe face à trois enjeux fondamentaux interdépendants : nourrir les villes, valoriser les ressources locales, promouvoir les entreprises artisanales agroalimentaires.
Durant sa phase initiale, il a permis la mise en oeuvre de différents types d’opération :
- transferts de savoir-faire entre artisans pour la fabrication de produits à base de maïs (du Bénin vers le Burkina-Faso et le Sénégal), de manioc (Bénin-Burkina), de fruits (Sénégal-Bénin)
- valorisations d’innovations techniques : produits roulés au Bénin, décortiqueur à néré mis au point au Sénégal et valorisé au Burkina et au Bénin.
La démarche suivie dans les diverses opérations de transmission et diffusion de savoir-faire part du principe que les ressources locales à valoriser sont identifiées par les partenaires et acteurs locaux. Le test d’acceptabilité des produits à diffuser se fait au cours d’une séance de dégustation permettant de sélectionner ceux qui feront l’objet de l’échange. Puis la transmission est basée sur le contact direct entre producteurs intéressés par les innovations. L’opération se déroule dans le pays "détenteur" du savoir-faire,où se trouve le milieu naturel dans lequel ce savoir-faire a été élaboré (équipements, matière première, etc.).
Ensuite intervient une phase d’adaptation du savoir-faire dans le pays "récepteur". Cette adaptation peut concerner divers aspects :goût ou autres caractéristiques du produit, procédé de fabrication, etc. Il est donc indispensable d’accompagner d’un appui technique les échanges et l’adaptation des savoir-faire. La diffusion dans le milieu "récepteur" repose sur les mêmes principes que précédemment, dans le sens où les producteurs demeurent les acteurs-clés de cette opération. Mais, dans ce cas, il s’agit d’une intervention à grande échelle.
Enfin, le suivi des participants permet d’appuyer de petites entreprises (préexistantes et/ou créées suite aux formations). Cet appui, mené par les partenaires instutionnels locaux, concerne les aspects techniques, financiers, économiques et juridiques.
Au-delà des nouvelles formes de coopération sud-sud (entre institutions d’une part et acteurs socio-économiques d’autre part)qu’il permet d’inaugurer et de renforcer, le projet AVAL a favorisé :
- la mise en évidence et la conceptualisation d’une démarche pertinente qui concilie diffusion des savoir-faire, promotion des activités économiques et évolution de la consommation ;
- la promotion d’entreprises agroalimentaires locales, difficiles à appréhender avec les outils classiques concernant les entreprises : développement d’activités traditionnelles, élargissement de la gamme des produits offerts par les entreprises, développement de nouvelles activités liées à de nouveaux produits ;
- la dynamique d’un mouvement organisationnel, qui s’est traduit par la création de groupements de producteurs et d’organisations professionnelles ;
- la mise en relation des producteurs avec les institutions locales (administrations, ONG, organismes de recherche...)concernées par la promotion de ces activités ;
- la mise en valeur de la culture alimentaire et de la culture technique africaines (réalisations d’émissions de télévision au Burkina-Faso et au Bénin).
Ces résultats encouragent à envisager une suite au projet qui sera structurée pour une période de 3 ans (1996-1999)autour des axes suivants :
- transmission-diffusion des savoir-faire, dans trois directions : diffusion à large échelle des opérations engagées dans les pays initiateurs du projet, élargissement à d’autres pays de la région, élargissement à d’autres produits.
-promotion de petites entreprises agroalimentaires : appui aux entreprises existantes et à l’émergence de nouvelles activités économiques, avec l’assistance de diverses institutions concernées par le crédit, l’organisation, la gestion et les aspects techniques.
-mise en place d’une banque de données concernant les produits, les procédés, les institutions et les personnes-ressources spécialisées dans les domaines visés.
alimentação, valorização dos conhecimentos tradicionais, intercâmbio do saber, assistência técnica, difusão da inovação, cooperação, cooperação Sul Sul, inovação técnica, artesanato, transferência de conhecimentos, cooperação científica, abastecimento urbano, avaliação, política de pesquisa, pequena e média empresa
, Benim, Burkina Faso, Senegal
(1)AVAL=Action de VALorisation de savoir-faire locaux et promotion des activités économiques
Projet coordonné par le CERNA-UNB et le CIRAD-SAR. Contacts :
1. NAGO, Mathurin(doyen de la FSA-UNB)
HOUNHOUIGAN, Joseph(chef du DNSA), CERNA=Centre d’Etudes Régional en Nutrition et Alimentation; UNB=Université Nationale du Bénin; FSA=Faculté des Sciences Agronomiques; DNSA=Départementde Nutrition et Sciences Alimentaires. BP 526, Cotonou, BENIN. Fax (229)30 02 32
2.MUCHNIK, José,CIRAD-SAR=Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement-département Systèmes Agroalimentaires et Ruraux). Adresse : cf. ALTERSYAL
3.DIAWARA, Bréhima,LBTA-CNRST=Laboratoire de Biochimie et Technologie Alimentaire-Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique. BP 7197-7047, Ouagadougou. BURKINA-FASO. Tel (226)32 46 46/45 04 - 31 53 21. Fax (226)32 45 95
4.SOKONA, Khanata,BROUTIN, Cécile,ENDA-GrafBP 13069, Dakar Grand Yoff, SENEGAL. Tel (221)24 20 45. Fax (221)2532 15
Consulter également les RAPPORTS de missions du projet AVAL :Documents CIRAD n° 34/96, 30/95, n°50/94, au CIRAD-GERDAT, BP 5035, 2477 av du Val de Montferrand, 34032Montpellier cedex 01, FRANCE. Tel (33)4 67 61 58 51. Fax (33)4 67 61 58 20. E-mail : glarmet@cirad.fr
Texto original
ALTERSYAL (Alternatives Technologiques et Recherche en Systèmes Alimentaires) - Coronado, San José, COSTA RICA c/o CIRAD-SAR, 73 rue J.F.Breton - BP 5035- 34032 Montpellier cedex 1. FRANCE - Tél. 04 67 61 57 01 - Fax 04 67 61 12 23