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L’expression créatrice, une issue à la relégation du fou : de l’hôpital à la ville...(1)

Nathalie BOUDE DUPUIS

08 / 1993

En 1985, après 20 ans de recherche et d’expériences communes sur l’expression créatrice comme outil thérapeutique, tandis que Guy LAFARGUE fonde les Ateliers de l’Art Cru, Jean BROUSTRA, psychiatre, crée à Libourne l’Unité d’Ateliers Thérapeutiques de Garderose, bouleversant les méthodes de soin, le regard porté sur les malades, et la destinée de ces derniers.

Pour le médecin, tout patient est un être en souffrance qui conserve, quel que soit son degré de régression, la faculté d’exprimer cette souffrance, de l’accepter, et donc de la dépasser, si on lui en donne les moyens. Plutôt que de la recouvrir - optique classique dans laquelle s’inscrivent la camisole de force comme les neuroleptiques - il s’agit de la laisser surgir et de l’accompagner dans un espace-temps qui s’y prête. L’Unité comprend 8 ateliers dont un atelier polyvalent qui permet au départ aux patients de manifester leur attirance pour tel ou tel moyen d’expression. Les sept autres sont des ateliers spécifiques -de la peinture aux marionnettes, en passant par l’argile, l’écriture, etc... ou par une triade collage, image, son - dans lesquels les patients s’engagent en thérapie.

Dans cet endroit séparé de la vie quotidienne des pavillons où ils sont internés, les psychotiques échappent à tout diagnostic et à toute influence. Celui qui veut y pénétrer doit s’y impliquer pleinement et le groupe est soumis au secret. Et tout est permis : jouer, rire et pleurer, proférer des insultes, se taire pendant des mois, même si la thérapie est fondée sur l’articulation entre production et parole. Celle-ci viendra quand elle le pourra. L’important, raconte une animatrice, est que les patients puissent "aborder leur psychisme en toute tranquillité sans se sentir agressés par un psychiatre ou un psychologue..." Les animateurs-thérapeutes s’investissent également, participent à la production et acceptent d’être l’objet de transferts.

C’est un travail de reconstruction de l’histoire de chacun à travers non pas les oeuvres "sur lesquelles on ne revient pas, comme on ne revient pas sur son passé qui est ce qu’il est" mais sur des photographies de celles-ci qui tiennent lieu d’album-souvenirs. L’équipe de Garderose n’a pas la prétention de guérir les psychotiques mais de les aider à changer le regard qu’ils portent sur eux-mêmes.

Le travail en atelier a produit, au fil des années un impact non négligeable sur les soignants des pavillons. Ceux-ci se sont interrogés sur leur propre façon d’appréhender quelqu’un qui souffre. Et ils se sont vus forcés de diminuer les neuroleptiques; car, comment s’engager dans un processus d’expression créatrice lorsque les calmants permettent à peine de tenir debout? Un nécessaire dialogue s’est établi et l’activité menée par Jean BROUSTRA est désormais intégrée dans un projet global de soins dressé en concertation. Projet qui tend vers l’autonomie du patient. Outre l’espace thérapeutique de l’hôpital, le psychiatre a créé un véritable dispositif pour accompagner les psychotiques jusqu’à ce qu’ils aient retrouvé une vie sociale... (description de ce dispositif dans la fiche suivante)

Palavras-chave

psicoterapia, arte


, Franca, Libourne, Gironde, Aquitaine

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Psychiatre et psychanalyste, Jean BROUSTRA est aussi écrivain et plasticien. Il a écrit deux ouvrages dans lesquels il raconte son expérience. Le premier s’intitule "Expression et Psychose, ateliers thérapeutiques d’expression", coll ESF. Psychothérapies. Méthodes et Cas. Le second, "Ecrits sur l’Expression: expression psychotique: thérapeutiques par l’expression." Cahiers de l’Art Cru n°14, Mai 1991.

Notas

Article à paraître dans la revue de Handicap International :"Etre, handicap information"

Fonte

Outro

BOUDE-DUPUIS, Nathalie, INITIATIVES INFO, 1993/09/00 (France)

Initiatives Info - Château Barthez. Maison 1. Cour A. 20 boulevard Malartia, 33170 GRADIGNAN. FRANCE. Tel (16)56 89 68 22 - Franca

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