04 / 1996
La médiation peut devenir une nouvelle institution. Elle l’est déjà dans plusieurs domaines. On peut aussi l’envisager, comme nous le faisons ici, dans une perspective de résolution non-violente des conflits, non plus seulement comme nouveau rouage de la vie sociale, mais aussi comme comportement de l’individu, du citoyen, dans sa vie de tous les jours. En recréant des liens dans une société de plus en plus fragmentée, la médiation constitue une réponse personnelle et collective. De plus, c’est une réponse spécifique, personnalisée, adaptée à chaque conflit qui se présente. C’est en cela un droit vivant (en évolution permanente)que se donne la communauté. Quand, à un moment donné, le dialogue n’est plus possible entre deux individus ou deux groupes, la communauté peut proposer sa médiation, ses médiateurs, pour tenter de rétablir les ponts endommagés ou rompus. Là où l’intervention de l’institution judiciaire trancherait en termes de culpabilité, le processus de médiation - au coeur de la société civile - s’attachera davantage à préserver la vie de la communauté en misant sur la réparation du préjudice, la réinsertion du mis en cause, la reconstitution de nouvelles relations pour l’avenir et, stade ultime, la réconciliation possible des opposants.
La réconciliation communautaire
La médiation s’efforce d’atteindre la réconciliation en suscitant une prise de conscience de l’interdépendance des individus dans la société. Si l’indifférence et la méfiance sont sources de violences, la solidarité et le respect de l’individu sont, au contraire, les éléments de base d’une société non-violente. Au-delà de la réparation, le pardon ne peut être possible que dans la transparence et la vérité, la vérité étant, bien sûr, la réalité objective des faits mais aussi la réalité subjective de l’expérience humaine avec ses interprétations et ses sentiments. Le pari de la médiation c’est de vouloir créer cet espace où vérité, respect et compréhension (on utilise en psychologie le terme d’"empathie" pour désigner la faculté de s’identifier à quelqu’un, de ressentir ce qu’il ressent)peuvent exister ensemble, rendant possible la réconciliation.
Ainsi la médiation apporte un éclairage particulier à la réflexion sur la justice. On rêve volontiers d’une justice alternative qui ne soit ni vengeance, ni châtiment, mais réparation et réinsertion, une justice qui réponde aux besoins de la victime, tout en permettant à la communauté de comprendre les conséquences des actes commis et des décisions prises. Dans la médiation, comme dans toute résolution de conflit, on s’appuie sur la responsabilité et l’implication personnelles. Il faut apprendre à assumer ses actes par rapport à soi et aux autres. En ce sens, la médiation est créatrice de justice. Mais elle ne sacrifie pas pour autant l’individu "au nom de la justice", car elle est aussi pacifique. C’est ce subtil équilibre entre responsabilité et compréhension de l’autre qui fait de la médiation une recherche conjointe à la fois de la justice et de la paix. En ce sens, tout choix de médiation constitue un progrès dans la perspective d’une société non-violente.
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, Franca
Livro
BOUBAULT, Guy, La médiation, Non violence actualité, 1993 (France)
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