11 / 1996
Demba Keita, chargé de la coordination des programmes de l’APRAN (Association pour la Promotion Rurale de l’Arrondissement de Nyassia).
"Pour réaliser le programme négocié entre l’APRAN et l’ONG allemande Pain pour le Monde, on organise - dans chaque groupement - des réunions (élargies à tout le monde)pour expliquer le programme et faire le budget. Notre politique est, pour chaque activité, de "voir" la participation financière du groupement. On dit : "L’union donne cela et le groupement donne cela". C’est bien calculé sur les tableaux et il y a des protocoles d’accord entre l’union et chaque groupement pour tous les appuis, y compris le grillage, le petit matériel, les machines.
Aujourd’hui, les groupements nous bousculent. Ils veulent tout en même temps. Or, quand tu élabores ton programme, c’est en fonction d’un certain nombre de préoccupations. Et plus tard, au moment de la réalisation, les gens pensent toujours trouver des moyens ! Et même des gens qui n’étaient pas identifiés, qui n’étaient pas programmés, viennent demander et cela crée des problèmes. Ils vont dire qu’il y a un refus de l’union à appuyer leur demande, alors que réellement ce n’est pas un refus ! Mais quand on élabore un programme, c’est pour des gens bien identifiés ! C’est un programme négocié avec un partenaire, bien planifié; des accords ont été signés et tu ne peux pas aller au-delà.
Même l’Etat, même les services de l’encadrement viennent parce que l’union a beaucoup de moyens avec les investissements qu’elle fait au niveau des groupements et dans son Centre de Production, de Formation et d’Expérimentation. Cela ne fait même pas deux semaines, le ministre de la Femme, de l’Enfant et de la Famille a visité les réalisations de l’union. Un ministre qui se déplace pour voir les réalisations d’une organisation paysanne de base ! Cela peut, dans l’avenir, créer des problèmes. Les gens vont penser que maintenant on a assez de moyens pour tout régler, alors que nos moyens sont des choses limitées et définies dans les accords d’aide !
Il faut dire que les gens qui étaient partis, cherchent maintenant à revenir; ils étaient partis à cause de la guerre. Et aussi, que les gens pensaient que l’AJAC (Association des Jeunes Agriculteurs de Casamance, association régionale fondée en 1975 et dont fait partie l’APRAN)était finie et certains ont alors affirmé leur retrait des groupements. Maintenant, devant ce dynamisme de l’union, ils disent : "En tous les cas, je suis membre et je vais revenir comme tout le monde". Cela tu n’y peux rien !
Et enfin, il y a ceux qui ne sont pas membres de l’AJAC mais, vu le peu que l’union fait dans tous les villages, ils veulent adhérer à l’union pour que celle-ci fasse quelque chose chez eux. On a enregistré l’adhésion de deux nouveaux groupements au début de cette année 1996. Mais avec eux, c’est bien clair, on leur a dit qu’il existait un programme triennal et que tous les appuis y sont déjà programmés. Eux, on peut les accepter et ils peuvent bénéficier des appuis techniques et participer aux réunions, mais ils n’auront pas encore d’activités aidées financièrement dans leurs propres groupements".
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, Senegal, Nyassia, Ziguinchor
Une union à nouveau active, un programme bien progressif, un coup d’épaule durable de l’aide extérieure, il n’en faut pas plus pour que les initiatives et les candidatures affluent et bousculent le programme. Trois ans, n’est-ce pas une période trop longue pour ce dernier et qui ne laisse pas place aux évènements, même ceux entraînés par son propre succès !
Interview de Demba Keita par Bernard Lecomte, Bonneville, mars 1996
Entretien avec KEITA, Demba
Entrevista
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