10 / 1996
Mamadou Goïta, un formateur malien qui a travaillé au Togo, au Burkina Faso et au Mali, explique ceci.
"Actuellement, de petites bibliothèques villageoises commencent à avoir du succès auprès des lecteurs paysans. La volonté des responsables peut contribuer à positiver la situation. Il y a des gens qui viennent lire et qui viennent même demander s’il existe des livrets sur des thèmes spécifiques. La culture des différentes zones influence le taux d’utilisation. Ce n’est pas la très grande affluence, mais les gens alphabétisés commencent à être de plus en plus nombreux. Et puis, j’ai vu beaucoup de cas où une personne ou deux lisent et expliquent aux autres, souvent même des documents en français qui ne sont pas encore traduits dans la langue locale. Des alphabétisés en français lisent le français, font la traduction pour permettre aux autres de discuter le contenu. Chacun apporte sa contribution à la compréhension et à l’amélioration des informations. Quand les gens voient les livrets, et quand par exemple une ou deux fois quelqu’un leur lit un livret très intéressant, cela peut être une source de motivation pour chercher à savoir lire et écrire.
Il faut qu’il y ait des alphabétisés pour noter les différentes contributions apportées par les gens. Et celles-ci font alors l’objet d’une autre publication. Ils peuvent les dire oralement, mais il faut pouvoir créer ensuite quelque chose à partir de cela. C’est cela la communication : une flèche "aller" et une flèche "retour".
Certains animateurs paysans parviennent à faire remonter des informations collectées auprès de la population pour enrichir celles déjà existantes. Pour cela, il faut un état d’esprit : accepter la remise en cause de ce que l’on fait. Il est important de donner la capacité aux bibliothécaires de pouvoir capitaliser les informations, de les trier de manière rationnelle et de les mettre à la disposition des utilisateurs. Et aussi savoir actualiser les informations et, au besoin, présenter des diversités de cas où chacun peut s’approprier ce qui lui semble pertinent. Aussi, les bibliothèques ne doivent pas exister de façon isolée. Il faut arriver à la création de réseaux pour des échanges d’informations.
Je pense qu’il faut utiliser divers outils de communication pour permettre à un grand public d’avoir accès aux informations. Les livrets sont importants parce qu’ils peuvent pousser les gens à savoir lire, et la cassette est intéressante parce qu’on l’écoute et après on discute. Compte tenu de la diversité des situations et des utilisateurs, il faut pouvoir utiliser une diversité de moyens."
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, Burkina Faso, Mali
Une bibliothèque au village ? Quelle idée quand le milieu est à 80 % analphabète ! Pourtant, certains et certaines viennent sortir les livrets et les livres des cantines qui les abritent puis discutent de leurs trouvailles. Un texte qui nous livre quelques pistes pour développer l’expérience.
Interview de Mamadou Goïta par Bernard Lecomte, Bonneville, décembre 1995
Entretien avec GOITA, Mamadou
Entrevista
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