02 / 1996
Philippe Prigent a été salarié et secrétaire général de l’Association pour le développement des activités maritimes (CEASM)pendant sept ans. Il a notamment participé à une mission, financée par la CEE, dans six pays d’Afrique de l’Est.
- Faciliter les relations internationales entre les administrateurs. "Lors de cette mission, nous avons produit beaucoup de papiers pour avoir l’acceptation des bénéficiaires sur les propositions. C’est aussi pour la même raison, qu’entre la première mission et la deuxième mission qui a duré quatre mois, nous avons obtenu de la CEE qu’elle finance à Addis-Abeba un atelier de travail avec tous les participants des six pays concernés par le projet régional (Djibouti, Ethiopie, Erythrée, Soudan, Kenya et Ouganda). Le but de ce séminaire était de mobiliser tous les directeurs des pêches autour du projet, une motivation qui nous avait fait défaut lors de la première mission. Nous voulions aussi informer officiellement les administrations que cette mission devait déboucher sur un programme et leur demander ce qu’ils en attendaient. Cela a également permis que les administrateurs de pays différents se connaissent, qu’ils traitent des affaires entre eux. Cette rencontre n’avait pas été prévue au départ et cela avait été une erreur. L’objectif a été atteint puisque, lors du deuxième voyage, les gens étaient beaucoup plus préparés, ils avaient compris les objectifs du projet qui étaient de favoriser les échanges des compétences régionales, ils y croyaient et en voyaient clairement les débouchés opérationnels. Quand nous disons : "on va faire ici une action de formation à la gestion de crédit pour 200 pêcheurs pour un budget de x géré par tel organisme..." plutôt que "on va mettre en place un système d’épargne et de crédit pour les opérateurs de la pêche artisanale", les gens comprennent mieux où nous voulons en venir. Notre rôle était de mettre les gens en relation, de raconter aux uns et aux autres ce que nous avions vu et de leur dire : "les propositions doivent venir de vous. Nous allons seulement vous aider à les mettre en forme."
- Faire circuler l’information. "Notre connaissance du secteur de la pêche en Afrique de l’Est, acquise lors de la première mission dans l’ensemble des six pays, nous permettait, lors de la deuxième mission, de faire circuler l’information. Par exemple, on a appris aux administrateurs des pêches en Erythrée qu’il y avait plusieurs centaines de pêcheurs et charpentiers de marine érythréens au Soudan, réfugiés depuis plus de vingt ans alors que l’Erythrée a énormément besoin de charpentiers de marine et de pêcheurs. Les Erythréens mettent en place des formations avec l’aide de la FAO (Food and Agriculture Organisation)alors qu’à 800 kilomètres de là, il y a des réfugiés qui ne demandent qu’à revenir dans leur pays pour peu qu’ils aient l’assurance de gagner leur vie aussi bien qu’au Soudan. Une de nos propositions est donc d’organiser un transfert de réfugiés en leur donnant les moyens de vivre en Erythrée pendant 6 mois ou un an, le temps de se créer un marché en tant que pêcheur ou charpentier. On a également prévu un voyage des cadres de l’administration érythréenne au Soudan pour qu’ils rencontrent ces professionnels.
Un deuxième exemple nous a été fourni dans les grands lacs de l’Ethiopie où les pêcheurs utilisent traditionnellement des hameçons, un type de pêche qui s’avère aujourd’hui peu productif par rapport au marché national. Les professionnels fabriquent donc des filets mais ils ont beaucoup de problèmes pour trouver le diamètre de fil qui leur conviendrait. Nous avons pu constater que les pêcheurs kenyans pratiquent le même type de pêche sur le lac Victoria et qu’ils s’approvisionnent auprès d’importateurs bien achalandés. Nous souhaitons donc mettre les coopératives professionnelles éthiopiennes en contact avec ces importateurs en organisant un séjour professionnel. C’est une mesure peu coûteuse mais qui est très efficace. Nous avons proposé que des personnes soient rémunérées uniquement pour commander des catalogues chez des fabricants européens, asiatiques ou américains, pour faire venir des échantillons et les diffuser en grande quantité auprès des organisations de pêcheurs. Les producteurs posent beaucoup de questions : "qu’est-ce qui existe comme matériel? Combien ça coûte? Y a-t-il des choses que nous ne pensons pas à acheter et qui nous rendraient service?". Nous souhaiterions que cette activité soit pratiquée au niveau régional puis, à long terme, reprise par les administrations." - Une interface entre bailleurs de fonds et bénéficiaires. "Entre les bailleurs de fonds et les bénéficiaires, il y a les experts. Ils agissent dans un cadre qui est déjà fixé comme la convention de Lomé entre la CEE et les pays ACP. Les premiers interlocuteurs de ces techniciens sont généralement les administrations des Etats mais leurs véritables cibles sont les publics bénéficiaires. Entre ces différents partenaires, les experts peuvent avoir un rôle de médiation et de diffuseur d’information, des bénéficiaires vers les bailleurs de fonds et vice versa. Dans le cadre d’une action régionale, ils ont également un rôle d’informateur entre pays d’une même région qui n’est pas du tout assuré dans la coopération bilatérale."
pesca, mar, consultor, ONG, valorização do conhecimento prático, cooperação, relações Sul Sul, financiamento do desenvolvimento, difusão da informação, Estado e sociedade civil
, África Oriental
"Au CEASM, il nous paraît astucieux d’articuler sur un même projet deux niveaux de coopération, institutionnelle et privée. La première a un cadre plus rigide que la seconde bien que les deux puissent avoir les mêmes objectifs. Par exemple, le ministère de la coopération française débloque des fonds pour le développement de la pêche au Sénégal. Par contre, le CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement)soutient financièrement le CNPS (Collectif National des Pêcheurs Sénégalais), un syndicat professionnel, et favorise les relations entre les pêcheurs sénégalais et canadiens."
Entretien réalisé par Sophie Nick au CEASM dans le cadre de la capitalisation d’expérience de cette association.
Entretien avec PRIGENT, Philippe
Entrevista
CEASM (Association pour le Développement des Activités Maritimes) - Le CEASM a arrêté ses activités en 2001. - Franca