Exemple du blé d’hiver
05 / 1993
Extensifier la production céréalière : des difficultés à résoudre.
Il y a 15 ou 20 ans, dans les plaines céréalières, on ne parlait que d’intensifier la culture des céréales : il fallait maximiser le rendement, aux dépens parfois même du résultat économique, et toujours sans souci de l’environnement. Semis précoces, variétés sélectionnées, fortes densités, fertilisation chimique soutenue, désherbants fréquents, emploi systématique et répété de pesticides.
Pour comprendre la logique des systèmes intensifs en production céréalière, il ne faut pas évoquer simplement la course aux records, mais comprendre qu’au moment où il applique ses techniques, l’agriculteur ne sait pas quel sera le climat de l’année. Si celui-ci est favorable, il faut être certain d’avoir tout fait pour que le résultat soit à la hauteur du potentiel. Car si le climat est décevant, le gaspillage occasionnera pour l’agriculteur une perte financière qui, de toutes manières, sera inférieure au gain espéré. Les rapports des prix des céréales et des intrants est tel que les agriculteurs ont encore intérêt - d’un point de vue strictement économique - à en faire trop plutôt que pas assez. Accepter un surcoût d’intrants et un gâchis certaines années par souci de sécurité est un raisonnement qui se retrouve pour de nombreuses cultures.
Modifier ce rapport de prix (baisser le prix des céréales, augmenter celui des engrais)est une mesure déjà engagée, qui pourrait aller dans le bon sens. L’extensification peut s’avérer une logique technique complémentaire permettant d’opérationnaliser une nouvelle démarche pour les agriculteurs. Elle part du principe que dans les systèmes intensifs, la recherche de sécurité conduit à augmenter les doses d’intrants, ce qui rend les plantes paradoxalement plus fragiles (car les milieux naturels sont considérablement perturbés)et accroît le risque. Prendre le contre-pied de cette démarche revient à accepter un rendement inférieur au potentiel, donc un usage limité d’intrants. Dans le contexte économique actuel, l’affaire devrait se révéler rentable. D’un point de vue technique, les risques sanitaires devraient être réduits. Mais ce raisonnement d’agronome se heurte encore à des difficultés techniques, et il n’est pas encore si facile pour un agriculteur de réduire ses rendements de 20% sans prendre le risque de voir son revenu s’effondrer en cas de mauvaise année.
Un premier problème vient du fait de l’absence de références qui puissent guider la décision. Par exemple, en matière de lutte raisonnée, jusqu’à quel niveau faut-il accepter des pertes causées par des insectes ou des champignons, et à partir de quand faut-il se résoudre à traiter le problème ? L’empirisme est encore de rigueur.
Un second problème est causé par l’inadaptation des variétés utilisées. Les variétés actuelles sont sélectionnées pour leur capacité de réponse aux intrants, mais elles en sont dramatiquement dépendantes. Avec moins d’engrais, elles s’avèrent moins productives que certaines variétés rustiques, et plus sensibles aux maladies. Malheureusement, les variétés rustiques sont devenues rares, et des chercheurs doivent aller identifier les gènes adaptés en Afrique du Nord ou au Moyen Orient, parmi les variétés traditionnelles encore cultivées. Ils envisagent également d’utiliser des mélanges de variétés, technique traditionnellement utilisée par les paysans du tiers-monde.
Une troisième difficulté tient à la destruction, causée par les systèmes intensifs, des mécanismes régulateurs naturels. Les prédateurs des ennemis de culture ont disparu, la microflore du sol a été profondément modifiée,... Restaurer des équilibres naturels est long, et surtout, échappe totalement aux compétences classiques des agronomes.
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, Franca
Actas de colóquio, seminário, encontro,…
MEYNARD, J.M., Ministère de l'Agriculture et de la Forêt, 1992
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