Depuis les années 1960, il existe au Japon plus de 660 partenariats entre producteurs et consommateurs, la tradition coopérative est omniprésente, cela irrigue quelques 10 millions d’habitants sur une population totale de 125 millions d’habitants environ !
Aujourd’hui 30% des biens alimentaires provient directement des producteurs à travers ces circuits.
Le Seikatsu Club, le plus important regroupement de ce type, fonctionne selon un système de commandes passées en général, sur une seule variété d’un produit (par exemple : soja vendu uniquement en bouteilles d’un litre). Sur l’initiative de femmes au foyer, ces regroupements ont pu se créer à travers le Japon, pour permettre, non seulement une baisse des prix de la nourriture, mais aussi un plus grand respect de l’environnement et de la santé des japonais.
Ces partenariats ont ainsi persuadé des fermiers d’utiliser moins de produits chimiques pour leurs cultures, dans les années 70. Ils ont alors tenté, non sans mal, d’obtenir une règlementation dans ce domaine. A côté de cette campagne active menée par les ménagères, les paysans japonais ont également instauré leurs regroupements dont le succès incita l’ensemble de la profession à s’unir.
La réussite de ces partenariats est aujourd’hui justifiée : les chiffres montrent, en effet, une grande stabilité des prix ainsi qu’un meilleur contrôle des produits, pour une plus grande qualité de vie. Ainsi les prix oscillent entre 10 à 15% au dessus ou en dessous du prix du marché (mais souvent inférieur au prix des produits dits "naturels").
Citoyens actifs pour la maîtrise de la sécurité alimentaire.
Ce réseau coopératif favorise la sécurité alimentaire et la protection de l’environnement en rassemblant des agriculteurs, des salariés et des organisations de consommateurs ainsi qu’une "conférence" des travailleurs, agriculteurs et citoyens. Cette dernière organisation regroupe 20 mouvements rassemblant 3 millions d’adhérents avec un bureau central et des sections régionales et locales.
Le thème commun central de la lutte menée par tous ces mouvements de citoyens est de défendre la sécurité alimentaire, essentiellement en maintenant la protection de la production de riz.
Le prix du riz est fixé par le gouvernement en fonction du prix de revient réactualisé tous les ans (bien que depuis 10 ans, il n’ait pas changé, les coûts de production étant censés rester stables).
La consommation qui était subventionnée ne l’est plus et les consommateurs acceptent de payer le riz selon la qualité entre 15 et 30F. le kilo, soit 6 à 10 fois le prix du marché mondial.
Il y a une forte pression des industriels pour délocaliser la production agricole en Asie du Sud-Est, libéraliser les importations, pour pouvoir en échange exporter à tout va (et protéger le marché des produits industriels).
En face, les mouvements de citoyens ne sont pas restés inactifs et ont remis en 1990 une pétition de 10 millions de signatures (il y a 120 millions d’habitants au Japon !)au parlement. 95% des collectivités locales les ont appuyés. Le parlement a voté à trois reprises des résolutions s’opposant à la libéralisation du marché du riz.
Une gestion très participative.
Environ la moitié des produits de la marque CO-OP est distribuée aux coopérateurs au travers d’un système d’achat collectif, par lequel un groupe de consommateurs vivant dans le même quartier, le han, passe une commande groupée et reçoit les produits quelques jours plus tard.
Règulièrement les produits sont rassemblés dans un dépôt afin d’être répartis en lots en fonction des quantités commandées par chaque han, qui sont ensuite rapidement approvisionnés. Dans certains cas (comme le groupe en production biologique Yuki No Kai de Kumamoto), la livraison n’est pas assurée par un service spécialisé de la co-op, mais par les producteurs eux-mêmes.
...Outre l’organisation de l’approvisionnement alimentaire, le han permet le déroulement de réunions d’étude, d’événements récréatifs, culturels, etc, facilités par la mise à disposition de locaux et d’équipements communs.
Respect de l’environnement.
Les relations privilégiées encouragées par ce système coopératif entre producteurs et consommateurs impliquent une meilleure prise en compte des exigences de qualité, qualité compensée par la fidélisation de la demande. Ainsi, "le Seikatsu Club" ("coopérative de la vie")recherche l’élimination systématique des produits menaçant la santé humaine ou l’environnement, comme certains détergents, condiments artificiels, vêtements synthétiques. En échange de leur prise en considération des exigences des consommateurs, la co-op s’engage à écouler la production des agriculteurs, même en cas d’imperfections physiques (fruits non calibrés, tavelure des pommes, etc)ou de surproduction imprévue : la relation consommateurs-producteurs repose, comme c’est fréquemment le cas au Japon, sur l’assistance mutuelle, au nom de laquelle, en outre, de nombreux coopérants assurent ponctuellement une aide bénévole sur les exploitations (désherbage, cueillette, etc). Des accords sont passés avec les coopératives agricoles organiques, qui trouvent des débouchés stables pour un nombre important de biens produits en accord avec les principes de l’agriculture "te noyaku" (agriculture intégrée).
Lorsque la qualité désirée n’est pas disponible, l’auto-production est envisagée (le SC gère ainsi plusieurs entreprises laitières).
cooperativa, comercialização, associação de consumidores, abastecimento urbano, agricultura sustentável, preço de produtos agrícolas e alimentares, rendimento agrícola, soberania alimentar, agricultura e meio ambiente
, Japão
Extraits de "Alliance Infos" et de "Les coop de consommateurs dans la distribution alimentaire japonaise"
Relatório
BEAU, Christophe, Institut National Agronomique, Paris in. Alliance Infos, 1993 (France), n°3
GEYSER (Groupe d’Etudes et de Services pour l’Economie des Ressources) - Rue Grande, 04870 Saint Michel l’Observatoire, FRANCE - Franca - www.geyser.asso.fr - geyser (@) geyser.asso.fr