Les auteurs rapportent ici les principales conclusions d’un débat réunissant des chercheurs autour de la question suivante: existe-t-il un modèle dominant en agriculture, soit en tant que norme définie a priori et imposée par un groupe social ou par l’Etat, soit en tant que configuration constatée a posteriori ?
Certains, comme M.Petit, pensent qu’il n’y a pas de modèle a priori: en agriculture, les décisions sont très atomisées, même si elles sont contingentes. Il n’empêche, selon M.Petit, que lorsque la diversité existante en agriculture est mal prise en compte par la politique agricole, ce sont les plus faibles et les moins organisés qui en pâtissent. D’autres, comme N.Mathieu, pensent que l’Etat est en mesure de définir des normes, mais incapable de les appliquer. D’autres encore, comme B.Vissac, estiment qu’un modèle dominant existe peut-être, mais qu’il s’accomode d’une multitude de variantes.
Un autre groupe de chercheurs croit plus en la réalité d’un modèle dominant. G.Bazin et B.Roux, par exemple, considèrent la politique agricole comme le produit de la lutte entre groupes sociaux, et l’expression des désirs de certains. C’est également dans ce sens que semble aller l’opinion des auteurs.
De quel groupe social ce modèle dominant serait-il le projet ? Il semble que ce soit celui des exploitants familiaux modernisés, une bourgeoisie récente et dépendante de son alliance avec l’Etat. La crise actuelle est une remise en cause de cette alliance, et le discours sur la diversification (qui questionne le modèle dominant)un discours de crise. Déjà, dans la crise des années 50, la diversification des activités était prônée par la FNSEA comme une stratégie de développement pour les petits exploitants. Actuellement, elle prend la forme de combinaisons d’activités de production, de transformation et de ventes de services.
Toutes les exploitations ne peuvent pas se diversifier. Les plus spécialisées sont les moins flexibles, à cause de leur endettement et de leur intégration avec les industries d’amont et d’aval. Celles-là sont condamnées à la croissance ou à la faillite. Les grandes exploitations sont plus souples. Les moyennes non-spécialisées -les plus nombreuses- le sont aussi, mais l’âge des agriculteurs et la faiblesse des revenus constituent des handicaps.
inovação técnica, agricultura, política agrícola, Estado e sociedade civil, diversificação da produção, desenvolvimento rural
, Franca
Extrait de "Pour une agriculture diversifiée", sous la direction de M. Jollivet.
Livro
COULOMB, Pierre; DELORME, Hélène, L'HARMATTAN, 1989 (France)
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