La Bio au Portugal : une flambée récente

Bien que cette méthode culturale soit relativement ancienne pour quelques pionniers, l’agrobiologie se développe au Portugal depuis seulement quelques années, en fait, depuis l’entrée du Portugal dans la Communauté européenne.

Une centaine d’exploitations sont conduites sans engrais ni produits chimiques de synthèse, en faisant référence au label qualitatif de l’agriculture biologique de l’association "AGROBIO". Celle-ci gère au travers de ses adhérents un cahier des charges, similaire à ceux que nous trouvons en France, détaillant les produits autorisés ou interdits ainsi que les techniques pratiquées en agrobiologie.

Trois cent hectares sont ainsi répartis dans le pays, principalement dans les régions de Lisbonne, Porto, Coimbra et au sud du pays vers Faro, Portimao en Algarve.

Même si tous les types de production sont représentés, l’essentiel est constitué par les productions végétales (fruits, légumes de plein-champs et sous-abri, céréales), l’élevage agrobiologique reste peu important, à l’image de l’élevage classique, ce qui pose le problème de l’approvisionnement en fumier à des prix abordables. La gestion de l’humus s’établira davantage par les compostages des déchets végétaux, des restitutions, des engrais verts, des rotations successives.

Le point faible de la filière agrobiologique reste l’écoulement des productions. Si la vente directe et au détail ne pose pas de problèmes, il n’en va pas de même sur le marché de gros et du demi-gros. En effet, encore pendant la saison 89/90, seul un exportateur assurait l’écoulement de toutes les productions labellisées hors du pays, ce monopole entraînant le mécontentement de nombreux producteurs.

Les perspectives sont encourageantes, en effet la concurrence apparaît et avec elle une meilleure organisation de la commercialisation...

Tous les agrobiologistes sont confiants, les appuis et la reconnaissance de l’association AGROBIO, de la part des institutions (formation, expérimentation)se précisent. De nombreux agriculteurs envisagent l’agrobiologie comme le prolongement d’une agriculture traditionnelle améliorée leur permettant de trouver des débouchés sur un marché européen non excédentaire.

Les pouvoirs publics s’intéressent à la bio.

L’Etat, par le biais du Ministère de l’Environnement, a acheté une ferme dans le Parc Naturel de Rio Formosa, au sud du pays en Algarve.

Cette zone protégée depuis 1978, couvre 17000 ha de terres, dunes, lagunes et îles. Un centre d’études, dont fait partie la ferme, développe les sciences écologiques et botaniques, accueille des étudiants, participe à la restauration et la remise en fonctionnement d’un moulin à farine dont l’énergie est fournie par la marée. Le centre étudie la relance de l’activité locale des salins au niveau artisanal, ainsi que la création de zones pour élevage de crustacés et coquillages.

La ferme, appelée Quintas, est conduite en agrobiologie depuis 2 ans sur une surface de 8 ha, moitié en arbres fruitiers (amandiers, figuiers, agrumes, pruniers, pêchers)l’autre moitié en production légumière diversifiée.

Cette gamme de fruits et légumes est commercialisée sous la mention AGROBIO sur les marchés locaux de Faro, Olhao...

Cette ferme est gérée et exploitée pour le compte de l’Etat.

D’autre part l’association AGROBIO et le Ministère de l’Environnement et de la Protection des Consommateurs ont signé un protocole spécifiant un ensemble d’actions de formation et de sensibilisation destinées à promouvoir l’agriculture biologique.