12 / 1995
Agricultures durables en Méditerranée, nous en avons tous à travers nos pratiques des intuitions ; techniques plus économes et respectueuses de l’environnement, gestion solidaire des concurrences sur les marchés, dynamiques de développement local (terroirs), mode de vulgarisation et de recherche plus "horizontales", etc... Mais de la Tunisie à la Palestine, en passant par l’Espagne ou la Turquie, comment agissent les uns et les autres au quotidien ? Comment aussi éviter de croire que, par exemple, les expériences françaises ou italiennes sont celles qu’il faut proposer, adapter au Sud ?
VULGARISATION : EVITER LES MIMETISMES NORD-SUD
A travers de multiples contacts, notamment par le milieu agro-biologique plus structuré professionnellement, nous décidons en 1992 de comprendre comment se sont bâtis les structures de développement de la bio en Espagne, en Italie, en France méditerranéenne... en Turquie. En quoi ont-elles innové sur le plan de la vulgarisation, de la mise en marché, de la définition des besoins de recherche, etc... ? Y a t’il par ailleurs des nécessités d’échanges d’expériences, de formation, ... ? Bilan : les pratiques des uns et des autres sont assez intuitives et peu structurées, mais font souvent preuve d’originalité, d’efficacité. On n’a pas toujours succombé, loin de là, au mimétisme d’avec les structures conventionnelles. Les uns et les autres systématisent ainsi leurs pratiques et les exposent successivement lors de deux rencontres Agro-bio-Méditerranéo dont la plus récente à Marseille en novembre 1994 (cela a donné lieu à un document à fenêtre FPH n°60).
Et quid des pays du Sud, où la question de la bio ne se pose pas ou en tout cas pas dans ces termes ? A Marseille en 1994, nous avions convié un certain nombre d’ONG actives dans le domaine de l’agriculture dite "durable" ; partenaire du CCFD, du CIEPAD, de Geyser. Immersion dans les préoccupations de professionnels du Nord... Et douche froide ! Hors les dernières innovations techniques et les conflits règlementaires qui font l’enjeu des concurrences économiques au Nord, point d’espace de dialogue avec les ONG du sud... A moins que l’on ne soit agro-exportateur turc ou tunisien cherchant à occuper le marché "bio" allemand par exemple ! De fait, l’agriculture biologique est une vision réductrice des agricultures durables. Avec la quinzaine de personnes qui ont fait le voyage, deux jours sont alors consacrés à identifier un langage commun et des préoccupations communes. C’est à travers l’expression des pratiques des uns et des autres que l’on entend plutôt : valorisation optimale des ressources locales (matières organiques, eau, ..., savoir faire), développement de marchés locaux de qualité, formation sur le tas... de compost, etc... Et l’on pressent aussi que les questions foncières et de politique agricole priment sur les obsessions de règlementations ou de cahier des charges (labels)au Nord.
Le groupe ordonne alors ses préoccupations :
- faire circuler l’information pratique : fiches d’expériences et fiches compétences
- Confronter ensemble ses pratiques sur le terrain
- Elaborer des formations sur le tas.
LES ECHANGES D’EXPERIENCES A LA RACINE
Six mois après, et sur proposition des Turcs et des Grecs, rendez-vous est pris. Tant dans la région d’Izmir que sur l’île voisine de Lesbos, on proposera une expression des pratiques d’agriculture durable des uns et des autres sur la base d’une dynamique locale avec en plus, on l’a compris, un souci de contribuer au rapprochement de zones conflictuelles. Exemple : A proximité d’Izmir, un village va être prochainement sous l’emprise d’une retenue d’eau pour l’approvisionnement en eau potable de la capitale régionale. Des zonages agricoles protecteurs vont être imposés. L’ONG Turque (ETO)est chargée, elle, d’un dialogue avec les agriculteurs pour trouver des modes de reconversion agricole rentables. Les praticiens (agriculteurs, techniciens, formateurs, ..., des ONG méditerréennes)vont confronter leurs expériences avec la finalité de fournir des repères, des propositions à cette communauté rurale. Même chose à Lesbos sur un autre village confronté à la déprise agricole du fait du tourisme saisonnier. En clair, on veut débattre de nos pratiques (et non pas de l’analyse de nos pratiques)pour des échanges de compétences immédiats. Evidemment, c’est un langage commun sur le développement durable qui va se construire peu à peu. Et les objectifs, plus politiques, plus macro-économiques apparaîtront à leur tour. A Lesbos, une journée d’interpellation "politique" est organisée à la Nomarchia par le Ministère de l’Egée pour susciter, à partir des porteurs d’expériences, un développement durable sur les Iles Grecques. Le réseau, lui, reste informel, construit son itinéraire sur ses propres besoins et ne privilégie qu’un seul fil directeur : l’échange de base entre praticiens pour des enjeux techniques ou politiques : en 1996 le réseau ira soutenir les palestiniens du PARC pour contribuer à définir une politique d’agriculture durable pour l’autorité naissante !
agricultura sustentável, vulgarização agrícola, desenvolvimento sustentável, rede de intercambio de experiencias
, Europa, Norte de África, Paises mediterrânicos
GEYSER est un groupe de travail à l’interface des questions d’agriculture, d’environnement et de développement. GEYSER anime des réseaux, systématise et diffuse des informations utiles pour l’action, fournit des appuis techniques ou méthodologiques. Pour plus d’information, voir fiche 21
Relato de experiencias
BEAU, Christophe, GEYSER
GEYSER (Groupe d’Etudes et de Services pour l’Economie des Ressources) - Rue Grande, 04870 Saint Michel l’Observatoire, FRANCE - Franca - www.geyser.asso.fr - geyser (@) geyser.asso.fr