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L’appropriation du système DPH par le réseau ITAB : pas si facile !

Christophe BEAU

08 / 1994

L’Institut Technique d’Agriculture Biologique (ITAB)regroupe l’ensemble des structures d’encadrement technique des agrobiologistes français. Depuis 1992, cette structure a souhaité se doter d’une base de données informatisée sur les références bibliographiques françaises et étrangères propres à l’agriculture biologique. Parallèlement, l’association GEYSER, spécialisée notamment sur les thèmes d’agriculture durable, a recensé, depuis plusieurs années, bon nombre de ces références bibliographiques, en les publiant périodiquement dans une revue. GEYSER participe par ailleurs à quelques programmes de la FPH (Fondation pour le progrès de l’homme). C’est donc tout naturellement que GEYSER, également membre de l’ITAB, a proposé à cette structure de s’associer pour mettre en place une base de données, avec le logiciel ISIS, et un concept nouveau de base de données : enregistrer sur la base les expériences utiles à l’action, qu’elles proviennent de lectures, d’autres sources audiovisuelles, d’entretien... ou de sa propre expérience. Ce concept, développé par la FPH, a été nommé Dialogue pour le Progrès de l’Humanité (DPH)et est actuellement utilisé par de nombreux partenaires de la FPH dans le monde entier.

Mais, première constatation : le réseau ITAB n’était pas demandeur d’une base DPH mais plutôt d’une base biblio classique.

"FAIRE ADMETTRE" AU RESEAU L’UTILITE DU CONCEPT DPH.

Plutôt que de présenter DPH dans son ensemble et sa complexité, nous avons opté pour une adaptation du concept au réseau : pourquoi, au-delà d’une base de données classique, ne pas construire une "mémoire" de l’ITAB, c’est-à-dire incorporer à la base de données le récit d’expériences vécues par les techniciens et les producteurs, la description et résolution de problèmes, systématisation des expérimentations, présentation des personnes et organismes ressources, sans oublier, bien sûr, le côté biblio. Mais là encore, en sortant des résumés de documentalistes pour aller à l’essentiel du document ; et puis, autre message important, nous avons insisté sur le fait que les utilisateurs soient également producteurs de fiches.

Deux travaux parallèles ont alors été menés : la saisie des références accumulées manuellement depuis dix ans, et la formation technique à la base pour les membres du réseau. Et déjà, des obstacles : ces références accumulées, bien qu’assorties de résumés, étaient plus bibliographiques ("ce document parle de...")que du style récit d’une expérience, d’une information utile à l’action. D’où une absence d’intersection avec la base DPH proprement dite, et quelques réticences de la FPH à accepter nos fiches dans la base DPH. Deuxième obstacle : notre formation informatique, qui laissait plus qu’à désirer ! Heureusement, sur ce deuxième point, les formations à DPH à la Fondation et les assistances téléphoniques ont été précieuses.

Donc avec ardeur, nous nous mettons à la tâche : saisie (que de casse-tête avec les règles de saisie !), formation, rédaction d’un bulletin interne, recherche de financement, sélection d’ouvrages, envoi d’une revue de presse périodique aux membres du réseau pour qu’ils choisissent les articles à commenter... Un quart temps (financé par l’ITAB)qui s’est bien vite transformé en mi-temps (l’autre quart temps étant auto-financé par GEYSER !). Une trentaine de membres du réseau bénéficient gratuitement de la base avec les premières 1000 références.

OK POUR DPH, MAIS VIVE LE PROFIL CONSOMMATEUR !

Parallèlement, nous mettons en place un service documentation, géré par un partenaire de l’ITAB : le GIS (Groupement d’Intérêt Scientifique)de Brioudes. Ce dernier acquiert les documents présents dans notre base de données et dans les sélections bibliographiques, et les envoie gratuitement aux membres du réseau qui en font la demande, pour consultation et éventuellement rédaction d’une fiche de lecture.

Après quelques mois de fonctionnement sur ce schéma, force est de constater que si le côté "utilisation" est souvent opérationnel, il n’en va pas de même pour la "production" : les utilisateurs commandent les documents mais ne rédigent que rarement des fiches de lecture.

"Trop long à faire" est souvent l’argument avancé. Et pourtant, la base plaît, mais pas forcément à cause du concept DPH : on y trouve en effet des résumés (bibliographiques)de documents que l’on se procure ensuite in extenso auprès du GIS de Brioudes, que de temps gagner pour les techniciens ! Et encore faut-il nuancer cette observation : la base sert... à ceux qui ont bien voulu (su, pu ?)l’installer.

LENTE ET PATIENTE CONSTRUCTION DU RESEAU

Alors, que faire pour aller plus loin ?

Tout d’abord, une rélexion de Jacques Poulet-Matisse nous a ouvert les yeux : en substance, il constate que l’on utilise une base de données que si l’on s’en sert souvent. Autrement dit, celui qui n’a que des recherches ponctuelles à faire ne prendra jamais le temps de se pencher sur le manuel pour interroger la base. D’où une idée pour notre réseau : au lieu de distribuer la base à tous, pourquoi ne pas créer des "points-relais" régionaux, en s’appuyant sur des structures qui connaissent déjà (ou peuvent s’approprier facilement)le fonctionnement d’une base de données ?

C’est ce que nous avons commencé à faire en juin 1994, avec une première réunion en Rhônes-Alpes. Ces contacts de terrain sont précieux, car c’est le seul moyen de comprendre les obstacles concrets à l’utilisation et l’alimentation de la base. C’est par exemple au cours de cette réunion que nous avons compris que l’informatique fait encore peur à grands nombre de techniciens ! Un tour de France complet, pour rencontrer physiquement les personnes-relais, est donc indispensable (les fameux "bulletins internes" ne sont en effet lus que par les convaincus !). Nous avons donc rédigé un projet pour consolider la base ITAB dans ce sens et en attendant une réponse, ..., amorçons quelques visites dans le cadre de formations professionnelles gérées par les organismes adhérents du réseau.

Le pari est simple : convaincre de l’intérêt d’alimenter la base passe forcément par la conviction qu’elle est non seulement utile, mais simple à manier. Et cette démonstration ne peut se faire que "in vivo" et "in situ", pour bien connaître et comprendre les problèmes de tous. Ceci étant, nous introduisons (peut-être)un échelon intermédiaire non prévu par DPH : celui de la personne-relais, qui risque (encore peut-être)de rompre avec le schéma "utilisateur-producteur". Mais nous pensons et espérons que plus la base aura fait ses preuves d’usage, plus les membres du réseau auront "envie" de rédiger des fiches et pourquoi pas, raconter leurs expériences. Rendez-vous dans quelques années pour voir si ce pari a été tenu !

Palavras-chave

agricultura orgânica, banco de dados, acesso à informação, difusão da informação, rede de informação, centro de documentação


, Franca

Notas

GEYSER est un groupe de travail à l’interface des questions d’agriculture, d’environnement et de développement. GEYSER anime des réseaux, systématise et diffuse des informations utiles pour l’action, fournit des appuis techniques ou méthodologiques. Pour plus d’information, voir fiche 21

Fonte

Relato de experiencias

PRAT, Frédéric, GEYSER

GEYSER (Groupe d’Etudes et de Services pour l’Economie des Ressources) - Rue Grande, 04870 Saint Michel l’Observatoire, FRANCE - Franca - www.geyser.asso.fr - geyser (@) geyser.asso.fr

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