Création d’emplois, partage du travail, insertion sociale, dégradation des ressources, etc… Depuis le début des années 90 les partis, les médias, les entreprises enfoncent le clou. Mais pendant que celui-ci n’en finit plus de s’enfoncer… les problèmes ne font apparemment que s’accroître (3,5 millions de chômeurs, société à 2 vitesses,…); et les solutions ou discours « macro » eux se succèdent les uns aux autres… sans effet sensible.
FAUX-PROBLEMES… OU FATALITE ?
Oserait-on alors dire que les maux tels qu’ils nous sont formulés, qui nous taraudent parfois personnellement, sont des problèmes mal posés ? Quitte à être suspectés de provocateurs, pourquoi dans un tel marasme, ne pas l’envisager ? Oui pourquoi pas, puisque l’un dans l’autre, aucun mot d’ordre, aucune politique globale ne résiste à l’épreuve des faits. Reste aussi le choix de se réfugier dans les différentes formes de fatalisme : la faute au dollar sans parité fixe, le trop (ou pas assez)d’Europe, les échanges inégaux Nord-Sud, les taux d’intérêts élevés,…, ou plus platement les immigrés, le libéralisme-protectionnisme, et pourquoi pas aussi la trop longue transition vers l’ère du verseau.
Des indices surnagent. En effet, parallèlement, de quoi nous abreuvent les mêmes médias et la société civile « organisée » ? : renouveau de citoyenneté, recherche de sens, combat contre l’exclusion, etc… Bien, pas de doute, ce sont les attitudes qui vont dans le bon sens. Je suis syndicaliste et je prône, pour libérer des emplois, la réduction du temps de travail dans la fonction publique ou les entreprises (d’une heure voire de 2…); je suis militant et affecte quelques surplus monétaires à la création, à l’animation d’entreprises d’insertion : je m’engage et soutiens des projets résolument endogènes au Sud, ou affecte mon petit surplus de temps libre à l’accueil ou l’alphabétisation d’immigrés.
Bref des attitudes positives sans nul doute ; une société civile et une culture solidaire s’invente peu à peu à travers les dialogues, les échanges qu’imposent l’agir. Tout cela est fort constructif bien sûr, mais dans le fond ou s’incarne-t’on dans cet agir ? De quoi s’agit-il ? Inclus, je lutte pour que les exclus redeviennent inclus (!); travailleur, je favorise le retour des chômeurs au sacro-saint monde du travail ; formé, voire formateur occasionnel, j’agis pour l’accès à la spécialisation professionnelle des « non formés ». Bilan significatif bien sûr, mais que se passe t’il en profondeur ? Quelles actions à la racine ?
RESOUDRE LE PARADOXE PROPRIETE/USAGE
Aujourd’hui la propriété a pris le pas sur tout : propriété des capitaux, propriété immobilière, propriété des moyens de production ou de loisirs,… La consommation en propre, est à la fois la reine de nos succès et le précurseur de nos échecs. Répondre mieux à des besoins légitimes croissants (même superflus)n’est pas à remettre en cause ; quoique tout de même, ces besoins de consommation pourraient souvent être grandement raisonnés… Mais alors pourquoi n’avoir pu privilégier un tant soit peu l’usage sur la propriété dans l’assouvissement de ces besoins ?
Un agriculteur passe contrat avec des promeneurs, des citadins, pour « ouvrir » la clé de ses champs et entretenir les chemins ou les sous bois… Des entrepreneurs s’associent entre eux et à des collectivités locales pour mieux rentabiliser un parc commun de matériel, pour trouver des complémentarités foncières. Des parents gérent eux-mêmes leur temps pour prendre en charge (partiellement)l’éducation des enfants, ce en complémentant leurs compétences.
Privilégier l’usage ne signifie pas nécessairement renoncer à la propriété. Cela n’engage qu’inventivités technique ou juridique ou sociale (voir les GFA en agriculture, les financements solidaires ailleurs (NEF, cigales,…)). Privilégier l’usage n’est pas par ailleurs synonyme de saturation des temps ; car, par échange d’intérêts ou de savoirs, on glisse vers moins de « travail » pour consommer, et plus de sociabilité complémentaire.
Enfin, privilégier l’usage sur la propriété est autant l’affaire des personnes elles-mêmes, que celle des médiateurs ou de l’Etat. Aujourd’hui, c’est l’Etat -« le macro »-, qui souverain, gère (parfois mal)ces équilibres, gestion de moins en moins reconnue par les citoyens -le « micro »- (exemples de la Sécu, de certains aménagements municipaux,…)qui organise cahin caha une « relève ».
LE TRAVAIL, C’EST LA VIE !
Contre-sens ou vérité ? Pour beaucoup (les inclus)le travail n’est pas toute la vie même si ça prend la vie. Il faut coûte que coûte respirer, faire loisirs, faire famille,… Par contre, pour la minorité d’exclus, le travail c’est (vraiment)la vie, c’est-à-dire le revenu, la reconnaissance sociale ; tout quoi ! Voilà donc la trilogie infernale : travail = salaire = reconnaissance sociale = … stress. D’ailleurs non travail = stress aussi. Et si toute la vie, tout le quotidien n’était pas le soi-disant « travail ». Des moments avec les enfants (éducation), l’on passe aux moments avec le quartier, le village (entraide social), puis aux instants de production (production agricole, artisanale,… de vente)ou encore aux instants de production intellectuelle (écrire, peindre,…)ou administrative (gestion, comptabilité). Tout ceci fait partie de la vie ; il n’y a plus de travail, ou tout devient vacances pour ce qui précède et inversement. Non, aujourd’hui la culture du travail a dissocié tous ces instants, les a pour certains réduit au strict minimum, n’a voulu qu’en reconnaître socialement et financièrement que quelques-uns. Il ne faut pas réinventer les traditions ménagères des siècles passés, mais inventer une nouvelle culture de la proximité, de la complémentarité, de la complicité entre les temps de vie.
A Lyon, 15 personnes expérimentent et gèrent le chèque du temps choisi qui leur permet sur projet « social » de libérer, qui 1/3 temps, qui 1/2 temps. Le coût en est inférieur au coût du chômage tout en restant productif socialement ; Ailleurs des associations, des entreprises pratiquent des primes incitatives au choix délibéré du temps choisi : une tout autre dynamique que celle des « 35 heures tout de suite à salaire égal » ou du « temps partiel généralisé et imposé par la crise ». C’est le choix par la personne, pour la personne.
Alors quand freinera-t’on cette grande composante du travail roi ? Les rémunérations fonction des diplômes, des responsabilités dites financières ou humaines,…, le tout avec des écarts croissants, souvent abusifs ? Rien de mieux pour engager des hiérarchies paralysantes, des revendications Cegétistes. Comment faire ? L’âge bien sûr qui signifie maturité, les besoins aussi (enfants, logement)- que l’Etat s’en charge c’est bien, mais que les groupes sociaux cogèrent, c’est mieux-
trabalho, direito ao trabalho, política de emprego
, Franca
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