Le programme engagé en 1989 par M. Gorbatchev est exposé et commenté. Il s’inscrit dans un contexte de crise (désorganisation de l’économie, éclatement de l’Union). Considéré par les civils et les militaires comme un processus lourd et coûteux, il se heurte aux pouvoirs en place, et s’est révélé inadapté techniquement et économiquement. Echec cuisant actuellement, le programme reste cependant d’actualité, car il se justifie pour des raisons militaires, budgétaires et économiques.
Les industries de la défense produisaient déjà en 1989 une part importante de biens civils (35 % de la production: télévisions, radios, appareils frigorifiques, machines à coudre) sans grande considération de prix de revient. Leur développement dans le secteur civil tend à accentuer un dualisme entre d’une part de grands groupes monopolistiques, et d’autre part un secteur de petites et moyennes entreprises sur des marchés plus difficiles.
L’application autoritaire du plan, plus ou moins improvisée et décousue, sans connaissance des conditions réelles de production, est actuellement catastrophique. Mais elle entraîne, sous la pression des évènements, quelques réactions favorables :
-affaiblissement des relations administratives, des contrôles et des ordres ministériels ;
-rôle plus important des entreprises ; réorganisations, à la suite des ruptures de liens entre usines se trouvant maintenant dans des états séparés ;
-stratégies de survie, recherche de marchés, surtout à l’exportation ;
-montée des relations commerciales, développement des bourses de commerce, reconstitution d’un marché de biens industriels.
Ces évolutions débloquant les transferts de technologie et la sous-traitance, devraient avoir des implications considérables à terme.
L’un des gros obstacles tient à la reconversion du personnel, beaucoup plus difficile dans le système socialiste, surtout dans les industries de la défense, où les relais n’existent pas, avec des salariés habitués à des rentes de situation.
L’industrie militaire soviétique constitue un énorme enjeu économique et politique. Des moyens matériels et humains sont à vendre. Cette période de mutation pleine d’incertitudes pourrait s’accélérer si on parvient à mieux maîtriser la monnaie, et à développer une bonne coopération entre membres de la CEI.
Les auteurs attirent l’attention sur les conséquences à long terme sur les marchés internationaux. Actuellement, le seul secteur où quelques ambitions sont possibles, concerne l’aéronautique et l’espace. Des coopérations sont amorcées avec l’Occident, mais il faudra d’authentiques réformes commerciales avant que la CEI puisse peser sur le marché.
Néanmoins, plusieurs pays occidentaux et asiatiques préparent l’avenir et s’introduisent assez activement dans ce processus de conversion : Allemagne, Grande-Bretagne, Israël, Corée du Sud, et plus spécialement Japon.
On peut entrevoir pour ce dernier pays une synergie assez forte : le Japon est particulièrement intéressé par les innovations restées sans développement dans les centres de recherche soviétiques, et par les possibilités de compenser ses déficiences dans les domaines de l’aéronautique. Il dispose de capitaux et de capacités de développement qui intéressent la CEI.
Plusieurs ministères sous tutelle du complexe militaro-industriel ont créé des centrales de commerce extérieur (en particulier pour la construction mécanique, la radio, l’électronique), et des coopératives intermédiaires.
Il existe un besoin en bureaux d’études, en formation de cadres et en assistance dans ce processus de conversion. Des opportunités dans les secteurs aéronautiques, spatial, nucléaire civil, sécurité, ne devraient pas être négligées non plus par les entreprises françaises, pour consolider quelques positions en attendant des développements ultérieurs encore incertains.
demilitarização, desarmamento, desorganização do estado, diversificação da produção, resistência a mudanças, reconversão profissional, modernização das técnicas
, Rússia, CEI, URSS
Ébauche pour la construction d’un art de la paix : Penser la paix comme stratégie
Les auteurs n’ont pas chercher à éviter les redites, les incertitudes sur les données, les interprétations plus ou moins concordantes, en raison de la multiplicité des sources. Mais il y a dans ce rapport de nombreuses informations sur la société soviétique, son organisation, son économie, sa technologie, l’organisation de la recherche et du développement, qui débordent le thème de la reconversion industrielle du secteur de la défense mais aident à comprendre le caractère très particulier des conditions de cette reconversion cahotique, qui pourrait se traduire, à long terme, par des réalisations intéressantes.
2ème partie du dossier n° 45 de la FEDN: « La décomposition de l’armée soviétique », p.101 à 281.
Relatório
GERSS=Groupe d’études et de recherches sur la stratégie soviétique. FEDN=Fondation pour les études de défense nationale, 1992/04 (France)
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