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A Bogota des outils de communication aident les enfants récupérateurs d’ordures à rester en vie

Marie Christine BIVERT

11 / 1994

A Bogota, 7 à 8 000 enfants et adultes font de la récupération de cartons, chiffons, papier, verre, métal et tout ce qui peut être recyclé. Ils vivent de ce commerce, mais l’exercent avec des moyens de fortune. Leur instrument de travail est un chariot de fortune en bois monté sur roulements à bille recyclés. Les accidents sont fréquents étant donné les moyens rudimentaires qu’ils utilisent. Légalement, seules les municipalités et leurs concessionnaires ont le droit de toucher aux ordures. De plus, les chariots ne sont pas considérés comme des véhicules et "encombrent la voie publique" selon les autorités. Les récupérateurs sont pourchassés par la police et leur matériel confisqué au nom de l’ordre, de la propreté et de la prévention de la délinquance. Plus grave encore, ils sont parfois les victimes des "groupes de nettoyage social", nouvelle forme des escadrons de la mort.

Alors que la télévision colombienne évoque les vertus écologiques et économiques du recyclage, le travail de ces récupérateurs n’est pas reconnu. Leur action vise donc d’abord à avoir une existence légale, c’est-à-dire le droit d’exercer le métier qui leur permet de vivre. Pour atteindre cet objectif, ils ont d’abord utilisé des autocollants à coller sur les chariots, les vêtements, les murs de la ville. Puis ils ont rédigé un tract qu’ils ont lu à la tribune du Jour de la Terre (22 avril). Grâce à une vidéo, "Accordéon de papier", ils ont pu raconter leurs conditions de vie et de travail.

Mais ils ont eu envie d’aller au-delà de la dénonciation de leur vie quotidienne. Ils ont cherché comment être acceptés dans une société qui leur était hostile. Après réflexion, ils ont adopté un gilet de couleur vive, visible la nuit, avec un emblème significatif de leur activité : une main tendant un journal froissé, symbole de l’échange avec la population, au centre d’un roulement à bille, symbole de leur chariot. Ils ont réussi à se faire reconnaître comme "hommes" et travailleurs. Désormais, les gilets oranges sont présents dans la rue, mais aussi au Congrès des recycleurs ou lors de manifestations pour exprimer leur solidarité à des organisations non gouvernementales qui s’occupent d’enfants de la rue. Ils osent même désormais négocier avec un concessionnaire privé leur espace de travail ou dialoguer avec le ministère de la Santé sur la réforme du code sanitaire.

Palavras-chave

comunicação, criança, meio urbano, tratamento de lixo, setor informal, organização comunitaria, vídeo


, Colômbia, Bogotá

Comentários

C’est une étonnante démonstration de la volonté d’une "communauté" (les récupérateurs)de faire reconnaître son existence et ses droits dans une société qui cherche à l’ignorer, voire à la supprimer. Sans oublier le fait que, pour parvenir à un résultat, elle a utilisé divers moyens de communication pour se faire voir, se faire comprendre, se faire accepter de la population. Il serait intéressant de savoir si, aujourd’hui, ces récupérateurs, la majorité des enfants, sont vraiment reconnus à Bogota comme des travailleurs et non plus comme des "indigents" ou des délinquants.

Notas

Contact : ENDAAmérique latine : Calle 33, n° 16-22, Bogota, Colombie, tél. 288 2876 ou 285 3949, Fax 288 2567.

Fonte

Artigos e dossiês

SUREMAIN, Marie Christine de, Histoire véridique d'un gilet orange in. HISTOIRES DE DEVELOPPEMENT, 1992/06 (France), N°18

CIEDEL (Centre International d’Etudes pour le Développement Local) - 19 rue d’Enghien, 69002 Lyon, FRANCE - Tél. 33 4 72 77 87 50 - Fax : 33 4 72 41 99 88 - Franca - www.ciedel.org - ciedel (@) univ-catholyon.fr

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