03 / 1994
Avril 1977: 14 femmes, poussées au désespoir par le refus de répondre des organismes officiels sur le lieu de détention de leurs enfants, se rencontrent sur la place de Mai pour présenter une requête au président Videla. La police les oblige à se disperser. Elles commencent alors à marcher autour de la pyramide de Mai, face au Palais présidentiel. On les appelle les "folles" parce qu’elles ont osé défier la dictature militaire. La peur ne les arrête pas, même lorsqu’elles subissent la répression et que certaines d’entre elles disparaissent à leur tour. Elles découvrent alors l’empleur de l’horreur vécue par tant de victimes d’un plan d’extermination de tous les opposants politiques et transforment leur douleur en lutte et en amour en créant un mouvement d’action non-violente auquel elles donnent le nom de la place.
Devant l’inertie, le silence et la complicité des institutions et une fois épuisés les maigres moyens Iégaux en vigueur en Argentine, les Mères s’adressent aux instances internationales pour demander le respect des normes de civilisation universellement acceptées. Elles s’efforcent de faire prendre conscience dans leur pays et à l’étranger de la gravité des violations des droits humains commises par le régime militaire et du danger qu’il y a de maintenir intact l’appareil répressif après avoir amnistié tous les criminels. « La paix, disent les Mères, est impossible sans la vérité et la justice ».
Elles continuent de se battre aujourd’hui pour une justice indépendante, pour une transformation politique qui assure la paix, fondée sur le respect de la vie et de tous ses droits : à s’exprimer librement, à penser, à recevoir une instruction, à la santé, au travail. Leur mouvement continue à rassembler sur la place de Mai tous ceux qui subissent des injustices, des violations de leurs droits humains et ceux qui réclament, comme les Mères, une vie digne pour tous.
Les Mères ne sont pas tournées vers le passé. Le passé est devenu le moteur de la lutte et ainsi construisent-elles l’avenir en passant du personnel au collectif. Elles ont leur propres rythmes et leurs propres stratégies. La force inouïe de leurs intuitions continue à susciter chez les femmes d’autres pays des mouvements semblables : Amérique latine, Palestine, Liban, Israel, etc... Ce sont maintenant les mères yougoslaves qui sont entrées en contact avec elles. Les Mères défendent avec force les principes moraux qui sont anéantis par la soif du pouvoir, la corruption, l’indifférence et l’absence d’espoir. Nombreux sont les jeunes qui les suivent et les soutiennent : une jeunesse qui s’engage avec les mêmes idéaux et cherche des alternatives basées sur le respect et la dignité de l’être humain.
Après une phase de prise de conscience de la réalité du génocide et une évolution de leur expérience personnelle vers une problématique universelle, les Mères se sont engagées en faveur d’une éducation à la paix. Elles travaillent sans cesse et avec persévérance :
- mobilisation hebdomadaire, le jeudi place de Mai
- marche de la résistance suivie pendant 24 heures par des milliers de jeunes tous les ans depuis décembre 1981
- causeries, classes magistales, conférences en écoles, lycées, facultés du pays et de l’étranger (en 1991 à l’université de Huelva, Espagne);
- rencontre-formation-débats dans des quartiers pauvres et avec des groupes indigènes d’Argentine, du Brésil, de l’Équateur, du Canada et d’Australie;
- expositions itinérantes de photos, de films et de vidéos sur leur mouvement;
- livres édités en Argentine et à l’étranger;
- participation à des marches et des manifestations de défense des droits humains dans le pays et à l’étranger : Chili, Brésil, Paris...
- édition d’un journal mensuel « Madres de la Plaza de Mayo » avec toutes les informations sur la réalité socio-politico-économique argentine et sur les atteintes aux droits humains;
- édition de bulletins de liaison à l’étranger;
- conférences de presse, programmes à la radio argentine, interviews à la télévision locale et étrangère;
- solidarité active avec d’autres mouvements de Mères qui luttent pour la défense de la vie dans le monde (El Salvador, Nicaragua, Yougoslavie, ...);
- ateliers créatifs et d’échanges littéraires;
- ateliers de formations sur l’actualité du pays.
Le respect et la reconnaissance du combat des Mères leur a valu l’honneur de plusieurs prix universellement connus et reconnus.
mulher, violação dos direitos humanos, justiça, história, memória coletiva, direito e democracia, injustiça, resistência civil, não violência, educação a paz, organização de mulheres, acesso das mulheres a política
, Argentina
Quand les femmes se mobilisent pour la paix, la citoyenneté, l’égalité des droits
SOLMA est un groupe de femmes du monde entier engagé dans le sens de la transformation des relations entre les êtres humains, afin que les enfants et les jeunes puissent bénéficier d’une éducation où la solidarité, la liberté, l’égalité, le respect de l’environnement et la défense des droits de l’homme montrent la voie de la paix et de la coexistence.
Cette fiche est tirée d’une intervention lors de la rencontre internationale des mèresqui s’est tenue du 27 au 31 mars 1994 à Paris.
Contact : MADRES DE PLAZA DE MAYO, Hipoloto Yrigoyen 1442, 1089 Buenos Aires, ARGENTINE, Tel. (541)383-0377/383-6430, Fax: (541)954-0381
Actas de colóquio, seminário, encontro,… ; Apresentação de organismo
BONAFINI, Hebe; PETRINI, Evel
SOLMA (Solidarité avec les Mères de la Place de Mai) - 18 rue Nollet, 75017 Paris, FRANCE - Tél. 33 (0)1 43 87 59 00 - Fax 33 (0)1 42 94 09 86 - Franca