05 / 1995
Coincé entre une politique officielle mal dirigée et la toute puissance des usuriers, les pêcheurs traditionnels des villages situés au bord des rivières du Bangladesh luttent pour une existence juste et satisfaisante.
La politique actuelle du gouvernement pour la gestion des eaux fut introduite en 1986, pour donner accès aux plans d’eau (appelés localement jalmohals, haors et beels)uniquement par le biais de bails accordés aux coopératives des pêcheurs.
Mais, d’après les pêcheurs pauvres, le projet entier a été détourné par les usuriers riches (mahajans). Avec la connivence de la police et des fonctionnaires locaux, ces gros propriétaires sont devenus les occupants, de facto, de ces plans d’eau.
D’après une enquête menée par un journal local, "The Daily Star", le Bangladesh possède 10.000 plans d’eaux de toutes dimensions, représentant 2,83 millions d’hectares inondés.
La pêche joue un rôle important dans l’économie du pays, contribuant ainsi au produit intérieur brut à concurrence de 4%. Presque deux millions d’habitants (ou environ 7% de l’emploi total)travaillent à plein temps dans les activités liées à la pêche.
Brian O’Riordan du Groupe de Développement des Technologies Intermédiaires (ITDG)estime que 1,3 million d’habitants travaillent dans la pêche et la pisciculture et 10 millions de plus travaillent pendant la pêche saisonnière de la crue du fleuve.
C’était sous le régime militaire d’Ayub Khan que l’Etat a pris le contrôle des jalmohals. Jusqu’à ce temps-là, ils étaient sous l’autorité des propriétaires locaux qui imposaient une taxe pour l’usage des eaux.
Au cours des années 60, les pêcheurs se sont organisés et ont lutté pour leurs droits; mais, ce n’est qu’après l’indépendance du Bangladesh que le gouvernement a aboli le vieux système d’enchères. A sa place, a été introduit un système d’accès par le biais des coopératives. Mais celles-ci n’étaient pas de tailles à lutter contre le pouvoir des usuriers.
Il y a un lien fort et inéluctable entre les pêcheurs et les prêteurs sur gage. Les coopératives sont obligées d’approcher les prêteurs, car les offres des enchères pour les droits de bail sont très élevés. Souvent, ces prêteurs influents machinent les querelles et créent les factions dans ces coopératives afin de pouvoir les contrôler.
A partir de 1986, quand la nouvelle politique était mise en vigueur, la plupart des plans ont été contrôlés et gérés par le Ministère des terres. La politique chercha à remplacer les baux par les enchères ouvertes et ultérieurement par un système de licence.
Les difficultés des réformes
Réformer le système s’est avéré difficile. Pas facile pour les fonctionnaires manquant d’expérience d’identifier les vrais pêcheurs et de contrôler les captures. Egalement, les pêcheurs sont gênés par un manque d’infrastructure pour la vente. En outre, les statuts des coopératives et les délais légaux d’appel dévorisent fortement les pêcheurs.
Les coopératives étant fonctionnellement inefficaces et désorganisées, les vrais pêcheurs se trouvent empêchés de travailler sur leurs propres terrains de pêche.
Le cas typique est celui de la Bangla Charabahda jalmohal. A l’époque, cette pêcherie a représenté les moyens d’existance des habitants de 15 villages.
En avril 1991, le gouvernement a loué à bail ce plan d’eau clos de 2.400 ares pour une période de 3 ans contre paiement de 805.600 Taka.
Mais ce bail ne permet qu’à 120 membres d’une société coopérative particulière de pêcher. De même, la rivière Ghotra Uttara qui se jette dans cette masse d’eau a été segmentée et louée à d’autres sociétés.
Les coopératives plus petites se sont trouvées incapables de concurrencer aux enchères, car le montant de royalties avait été subitement multiplié par 4 par rapport au niveau de la période antérieure.
D’après les pêcheurs locaux, qui avaient réussi à organiser un consortium pour gagner les enchères, un prêteur a réussi à semer la division dans leurs rangs et le groupe des prêteurs a tiré un profit maximum en pêchant deux fois plus au cours de la période du bail."
Les pêcheurs se plaignent que les menaces et la coercition pratiquées par les gardes des prêteurs sont maintenant monnaie courante. "Nous pouvons lutter contre les voleurs et les pillards qui essaient d’emporter les filets coûteux et d’autres engins de pêche, mais nous sommes impuissants contre le ’vol légal’ perpétré par les hommes du ’mahajan’ avec le concours de la police", conclut un pêcheur local.
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, Bangladesh
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