Réalité et perspective
02 / 1994
Avec l’extension considérable de la circulation et de la consommation de drogues dans l’ensemble de l’ancienne URSS depuis l’éclatement de l’empire, la question des soins aux toxicomanes comm ence à se poser en raison notamment du rajeunissement des utilisateurs.
La santé publique était accessible sous le régime soviétique mais sa qualité était mauvaise. Aujourd’hui, la qualité s’est encore dégradée : tout manque dans des proportions peu imag inables. Et l’exclusion des soins devenus chers est quasi générale.
La problèmatique de la désintoxication n’a longtemps concerné que l’alcoolisme. Les soins aux drogués se prodiguent aujourd’hui dans des structures destinées au départ à des malades a lcooliques ou des hôpitaux psychiatriques. Tous les patients dont nous avons recueilli des témoignages, parlent de l’absence de soins lors du pire état de manque et reconnaissent tous s’être enfuis avant le terme de leurs cures qui n’ont guère été couronnées de succés.
L’hôpital numéro 17 de Moscou fait un peu exception. C’est une structure d’Etat qui s’est mise au soin des narcomanes depuis sept ans (c’était un sujet tabou auparavant). Il compte 120 lits spécialisés. Au total, il y en a 280 pour tou t Moscou, dont encore 60 dans une structure en voie de privatisation rapide, et les 100 restants à l’hôpital N° 19 et à l’hôpital des urgences Sklifasovskaya.
Les patients, dont 10% de femmes, sont en général venus de leur propre gré. Ils sont satisfaits des soins car ces derniers consistent à leur faire passer l’état de manque à coup de norphine, un dérivé de la morphine. Mais les médecins eux mêmes reconnaissent que leurs soins ne peuvent prétendre à un traitement de fonds même si en trois ans, ils enregistrent 14% de succés.
L’hôpital 17 abrite par ailleurs le seul "drogotest " de Moscou : un centre d’examen où l’on détermine le degré de dépendances de personnes trouvées en possession de drogue sur la voie publique. La police est la plus grande p ourvoyeuse de ce centre. Les dealers non drogués y sont découverts et comme la loi russe ne poursuit pas le consommateur mais seulement les vendeurs, il y a des conséquences juridiques au passage au drogotest et des incidents armés sérieux ont commencé àse produire.
Les réflexions en matière de soins vont dans deux sens qui n’ont en commun que d’émaner d’initiatives privées et d’être à la recherche de partenaires scientifiques et financiers.
L’une est un projet moscovite de construction d’une grande cli nique spécialisée qui agirait selon un schéma en quatre étapes : propagande et promotion, désintoxication pathologique, psychothérapie des troubles liés aux soins, soins psychologiques visant à "restructurer la personnalité". Le projet est chiffré et ses promoteurs estiment pouvoir compter sur un marché viable.
L’autre action est totalement différente et mise sur des soins par laser pour casser l’état de manque en agissant sur la reproduction des globules blancs. Elle émane de physiciens issus du com plexe militaro-industriel en reconversion et de médecins de la ville d’Ekaterinbourg, dans l’Oural.
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, Rússia
Les transformations de la société ex-soviétique ont mis au jour tant d’exclus que les toxicomanes, malgré leur jeunesse et leur utilité sociale potentielle, ne seront vraisemblablement pas prioritaires dans les préoccupations des autorités. Mais compte tenu de l’explosion narcotique que connait le pays en général et de l’influence en ce domaine au niveau mondial qui risque de se manifester dans les toutes prochaines années, les propositions et expériences en matière de soin peuvent retenir l’attention.La variante moscovite des projets parait peu viable économiquement dans l’immédiat et hardie sur le plan théorique en prétendant ouvertement "restructurer la personnalité". Les recherches des savants de l’Oural, enclins à la discrétion par déformation professionnelle, peuvent être très intéressantes.
Enquête personnelle.
Texto original ; Inquérito
DE KOCHKO, Dimitri, FRANCE OURAL
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