Le cas de l’Arménie
01 / 1994
"Les secours (étrangers)arrivent généralement à pied d’oeuvre deux jours au plus tôt après les catastrophes (J+3 au Mexique et J+2 en Arménie), soit après que l’essentiel du sauvetage ait été réalisé par la population et les secours locaux (15 000 personnes relevées en Arménie dans les premières 36 heures)," explique Claude Gilbert, chercheur au CNRS.
Rendant compte d’une réunion de la Société Française de médecine de catastrophe consacrée aux secours français en Arménie, Bruno Keller ajoute : "La France a envoyé en Arménie 485 hommes dont 56 médecins et 3 vétérinaires (à ce total, il convient d’ajouter les secours non gouvernementaux). Bilan de cette opération : 15 victimes dégagées vivantes (d’autres sources ne font état que d’un seul sauvetage). La distorsion entre les moyens engagés et les résultats obtenus est flagrante. Certes, les médecins expédiés sur place ont effectué 1 160 consultations du type "médecine de dispensaire" (dont 8 opérations sous anesthésie générale), selon le bilan établi par le médecin en chef Pierre Chevalier (Sécurité Civile)qui dirigeait sur place les secours médicaux. Mais force est de constater que des médecins spécialisés et des "commandos anticatastrophe" ont été réduits à faire, pour l’essentiel, de la médecine tout venant. (...)
Ce sont, en fait, les délais d’intervention qui sont à l’origine de la rentabilité contestable de cette intervention. "Les premières équipes sont arrivées sur place 57 heures et 34 minutes après le séisme" a indiqué le Dr Pierre Chevallier, c’est à dire "bien après l’afflux massif de blessés."(...)
Sans doute fallait-il aller en Arménie puisque l’élan du coeur, la pression de l’opinion publique et les impératifs de la diplomatie imposaient que la France soit présente. Mais sans doute aussi faudra-t-il à l’avenir, lorsque se produiront de telles catastrophes, savoir mieux adapter les secours aux besoins et privilégier l’aide à moyen terme plutôt que celle à court terme."
En effet, comme on le constate dans la plupart des cas, la forte mobilisation internationale en Arménie durant la phase d’urgence contraste avec la faiblesse des efforts consentis durant la période de reconstruction.
"Un peu moins de 3 ans après le tremblement de terre qui a endeuillé l’Arménie, le 7 décembre 1988, les habitants de Leninakan, tout près de l’épicentre du séisme, vivent encore dans des conditions dramatiques", écrit le journal "Le Monde".
Pour Achod Betrossian, responsable d’un district de la ville, celle-ci ne sera pas reconstruite "avant 15 ou 20 ans". "Gorbatchev nous avait promis," ajoute-t-il, "que tout le monde serait relogé dans les deux ans. Maintenant nous ne pouvons plus recevoir autant d’aide qu’au début, nous devons compter uniquement sur nous mêmes.(...)Aujourd’hui, sur les quarante mille familles qui ont perdu leur logement, trois mille seulement ont été relogées dans de nouvelles constructions."
prospectiva, participação popular, fracasso, catastrófe natural
, Arménia
En choisissant le triptyque "Prévention, Intervention, Reconstruction", l’Action d’Urgence Internationale, dès sa création, insistait sur le fait qu’une catastrophe n’était pas limitée aux conséquences immédiates d’un phénomène naturel du type séisme, inondation ou ouragan. Lutter contre les effets d’un désastre implique la prise en compte d’une globalité, d’une situation qui existe avant, pendant et longtemps après "l’événement". Trop souvent aujourd’hui, l’aide internationale d’urgence se limite à une présence de quelques semaines. Après, les projecteurs médiatiques se braquent sur d’autres fronts, les secours internationaux décrochent et les sinistrés se retrouvent très souvent seuls face aux conséquences à long terme d’une catastrophe.
Literatura cinzenta
AUI=Action d'Urgence Internationale, 1992/06
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