Le cas du Mexique après le séisme de 1985 où l’aide était souvent imposée et inadaptée
01 / 1994
"Le gouvernement d’un pays frappé par un désastre joue parfois sa propre peau, les accusations d’indifférence, d’inefficacité ou de corruption faisant en temps de crise plus de dégâts qu’en temps ordinaire," écrit Claude de Ville de Goyet (Organisation Mondiale de la Santé).
"Souvent, (...)le gouvernement du pays sinistré se voit contraint de mettre dans sa poche son orgueil national. Ainsi le Mexique après le tremblement de terre de septembre 1985 commença par refuser toute assistance extérieure (pour la phase d’urgence)-position techniquement correcte, compte tenu des ressources considérables qu’il pouvait mobiliser- mais devant le tollé de l’opinion internationale, il fut obligé d’ouvrir ses frontières à l’assistance étrangère."
"Durant le mois d’octobre et pour des raisons différentes, deux initiatives coïncidèrent afin de stopper l’aide : la nôtre (réseau d’ONG)et celle du gouvernement," précise G. Esteva. "Nous, nous voulions arrêter l’aide car elle était en train de causer des dommages aux sinistrés. Nous avons souvent utilisé l’exemple suivant pour illustrer cette situation : le représentant de la FAO au Mexique reçoit au lendemain du tremblement de terre l’ordre de verser 750 000 dollars aux sinistrés du Mexique. Il constitue immédiatement une commission qui ressort un vieux projet : créer des cuisines populaires à Tepito (une des zones touchées). L’objectif de l’opération est double : subvenir aux besoins nutritionnels le temps que les sinistrés retrouvent leurs conditions normales ; faire de l’éducation diététique. Les gens de Tepito ont réagi violemment à cette proposition, avançant deux arguments :
"Depuis vingt-cinq ans, à Tepito, nous mangeons de l’escamoche (ils appellent escamoche les restes des restaurants qu’ils cuisinent à même la rue); et depuis vingt-cinq ans nous sommes très contents de cette alimentation : nous ne voulons pas de l’escamoche industriel."
- Un tiers des revenus de Tepito provient de la production et de la vente de nourriture. L’aide allait donc faire perdre leur emploi et leurs revenus à un tiers des habitants de Tepito. En fait d’aide, on allait détruire leur économie.
Cela est un exemple concret des dangers de l’aide qui nous paraissait en fait beaucoup plus sérieux qu’un autre problème, bien connu, celui de son inefficacité. L’inefficacité de l’aide tenait par exemple à l’envoi d’un avion complet de sel et de germes de soja, ce qui était totalement inutile, et même d’ailleurs assez négatif : cela prenait du temps, de l’espace et des bras. Ce type de problème concerne une importante partie de l’aide étrangère. Mais le plus grave, ce n’est pas que cela soit inefficace, mais que cela provoque des dommages structurels. Et malheureusement, nous n’avons pas toujours pu arrêter de tels projets."
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, México, Mexico
Lorsque l’aide ne tient pas réellement compte des compétences, des ressources, des besoins, du mode de vie... des populations et des pays sinistrés, lorsque les acteurs locaux ne participent pas suffisamment aux décisions, lorsque la principale préoccupation des organismes d’aide est avant tout d’expédier et de distribuer les plus rapidement possible de la nourriture, des médicaments, des vêtements, des tentes, plutôt que d’attendre des informations fiables en provenance de la zone sinistrée, les actions entreprises risquent d’être inefficaces, et même, dans certains cas, nuisibles.
Literatura cinzenta
AUI=Action d'Urgence Internationale, 1992/06
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