05 / 1993
Suite au tremblement de terre qui ravagea le Guatemala en 1976, de nombreux organismes de secours ont "investi" dans les actions de reconstruction ou de fourniture d’abris. Le témoignage qui suit rapporte une de ces expériences, motivée par l’urgence, ainsi que la réaction du bénéficiaire. Histoire d’une leçon à retenir.
"Un jour, le responsable d’un organisme religieux se présenta à notre camp à Patzicia et nous demanda s’il était possible de l’aider à mettre en place des abris. Curiosité aidant, nous partîmes à deux ou trois pour participer à son "projet". En fin de compte, il s’agissait de monter quatre piquets, de les entourer d’une toile de plastique et de couvrir le tout de tôles ondulées récupérées généralement... sur le toit de la maison originelle du bénéficiaire (où ce dernier logeait sa famille malgré les dégâts).
"Lorsque le premier abri fut terminé, l’indien pour qui nous avions travaillé insista pour que nous partagions son repas et inaugurer ainsi l’oeuvre accomplie.
"Malgré la chaleur, l’homme nous invita à prendre le repas à l’intérieur de l’abri... et c’est à partir de ce moment que nous avons pu mesurer l’ampleur de ce qu’il convient d’appeler une "bêtise" : Si à l’extérieur, la température atteignait 35 à 40 degrés, la "hutte", avec ses murs en plastique (noir, pour tout arranger), une porte unique, et le tout recouvert de tôles, était un véritable four (ce qui permettait de mieux comprendre le sort des prisonniers britanniques dont il est question dans le film "Le Pont de la Rivière Kwaï).
"Patiemment, recouverts de sueur, nous avons attendu l’arrivée des oeufs, des tortillas et des haricots... Poliment, nous avons mangé... gentiment, nous sommes repartis, confus et frustrés, pensant à l’indien et son grand sourire qui, en nous servant le repas dit : "Mucho Calor, hé?".
"L’heureux bénéficiaire avait ainsi montré, avec humour, qu’il n’était pas dupe. Il était aussi intéressant de noter que les abris ainsi construits ont généralement été récupérés. Parfois ils furent démontés par les gens afin d’utiliser le plastique comme bâches. Ou encore, les constructions furent utilisées pour stocker des matériaux. "
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, Guatemala
Les réflexions nées de cette aventure ont poussé l’équipe à entreprendre un projet sur des bases entièrement revues et corrigées.
L’exemple démontre toutefois que l’urgence est souvent la scène d’entreprises qui apparaissent improvisées, nées de la bonne volonté. On pourrait aussi se poser la question ici de la réelle motivation de certaines agences : aligner "du projet", accomplir une mission religieuse (aussi noble soit-il)ou justifier ses actions auprès de ses bailleurs de fonds ou de son public.
Ce témoignage démontre aussi -et surtout- la nécessité d’une étroite collaboration entre les agences de secours, les ONG présentes sur le terrain et les populations... autant dans la réalisation des projets que dans leur conception.
Literatura cinzenta
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