Colloque du 16 octobre 1982
05 / 1993
L’urgence et le développement sont deux problèmes ressentis de façon contradictoire. Ces contradictions doivent être éclaircies ; les expériences de ces deux types d’engagement doivent être échangées ; les données concernant la prévention des catastrophes doivent être intégrées dans les actions de développement grâce à une meilleure connaissance entre ONG dites d’urgence et ONG de développement.
C’est autour de ces constats que s’est déroulé, le 16 Octobre 1982, à Paris, le colloque "Catastrophes Naturelles et Développement".
La volonté de départ était d’établir des bases de collaboration entre les différentes structures d’urgence et de développement. Pour cela il était nécessaire d’éclaircir avant tout le débat à partir d’une confrontation d’idées, d’expériences et de points de vue entre chercheurs, responsables d’ONG et acteurs de terrain.
Voici quelques extraits qui illustrent cette rencontre :
1°)L’exposé de M. Ludovic Van Essche de l’UNDRO (United Nations Disaster Relief Organisation)a essentiellement porté sur les dimensions de l’habitat : l’observation de certaines situations d’urgence tendait à démontrer que l’aide importée représentait un apport infime par rapport à ce qui avait déjà été entrepris par les populations locales. Se basant sur l’expérience du Guatémala suite au séisme de 1976, Van Essche considère que "l’importation de produits préfabriqués à l’étranger peut provoquer plus de problèmes qu’elle n’en résout." Ceci parce que l’on a "tendance à imposer et à importer (de l’extérieur)des types d’habitation et d’abris soit disant provisoires, soit disant d’urgence, de nature préconçue qui ne sont pas du tout adaptés au milieu économique, social et culturel en question..." et cela parce que les organisations de secours exogènes ont tendance à faire une analyse entre leur situation propre (de secouristes)et la situation des sinistrés.
Van Essche conclut que la meilleure approche, selon lui, serait de soutenir l’initiative locale, d’améliorer ou de renforcer l’habitat en travaillant à partir de ce qui existe, de se baser sur le "secteur informel" (soit disant marginal à l’économie)"qui est le plus riche en capacité d’autogestion, d’autodéveloppement."
2°)"Quelles modalités pour l’aide d’urgence afin de ne pas compromettre le processus de développement ?" était la question que posait Didier François de la CIMADE. Celui-ci voyait tout d’abord les situations d’urgence comme le moment propice pour sensibiliser le public "ici" sur les enjeux du développement, et "là-bas" pour utiliser la mobilisation populaire se révélant à l’occasion d’une catastrophe afin de mieux comprendre et de définir avec elle les conditions d’un développement harmonieux futur (en passant par les ONG du Sud).
D.François constate aussi, comme Van Essche, que l’aide extérieure, si elle est faible par rapport aux organismes intergouvernementaux, l’est aussi (et surtout)par rapport à "l’aide spontanée sur place". Notre rôle devrait donc se traduire par un soutien des initiatives locales.
L’urgence constitue aussi le moment pour bien faire comprendre pourquoi le sous-développement multiplie, démultiplie et amplifie les conséquences des catastrophes naturelles.
Ainsi de telles situations deviennent une ouverture afin de poser les problèmes politiques du sous-développement.
3°)Plusieurs autres exposés, faits à partir d’expériences de "terrain" sont présentés par le Secours Populaire Français (Dr. Galinski : Algérie/ El Asnam et Vietnam)et le Service Civil International (Actions entreprises en Inde suite aux inondations de 1980). Ces expériences démontrent le prolongement nécessaire d’une action d’urgence dans un processus de développement à long terme, et donc de la nécessité de prendre en compte le contexte global de développement lors du déclenchement des opérations d’urgence.
catastrófe natural, ONG, política de desenvolvimento, prospectiva, valorização dos conhecimentos tradicionais
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Ce colloque représentait, à plusieurs titres, un tournant dans l’approche de différents organismes humanitaires, aussi bien celles dites "d’urgence" que ceux de développement. Les années soixante dix ont été marquées par la naissance d’une multitude de structures qui ont agi sans toujours se poser des questions sur le sens de leurs actions et sur les stratégies à adopter afin d’en assurer une meilleur efficacité.
Il est intéressant de noter que ce colloque traduisait l’émergence d’un discours qui reste d’actualité aujourd’hui. En effet, les participants étaient unanimes quant à la nécessité de viser une efficacité qui passe par le soutien des structures et initiatives locales... et du coup la nécessité d’un repositionnement des ONG du Nord qui doivent moins agir à partir de leurs propres modèles et idées préconçues, mais rester à l’écoute du "local" et y puiser les bases d’une nouvelle stratégie. Plus d’une décennie s’est découlée depuis ce constat et le débat est encore bien réel.
Actas de colóquio, seminário, encontro,…
AUI=Action d'Urgence Internationale, 1982/10/16
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