03 / 1994
On estime à 150.000 le nombre de Guatémaltèques réfugiés au Mexique (sans compter les indiens retranchés dans des zones reculées du Guatemala qui sont autour d’un million). Paysans indiens ou métis, ils ont quitté leur pays d’origine au début des années 1980 pour fuir l’avancée meurtrière de l’armée qui appliquait la politique de la terre brulée. Mais pour ces indiens, qui gardent le secret espoir de rentrer un jour dans leur pays, l’exil est douloureux.
En 1987, ils se dotent d’une organisation représentative, les CCPP (commissions permanentes des réfugiés guatémaltèques). A partir de 1991, ils engagent des négociations avec le gouvernement guatémaltèque afin de défendre leur droit au retour et d’envisager les conditions de leur réintégration.
Le 20 janvier 1993, sous l’égide du Haut Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés, un premier retour d’environ 2.500 indiens guatémaltèques est organisé. Mais le gouvernement ne leur a pas fourni les conditions d’accueil minimales (papiers d’identité, logement, terre).
La CONFREGUA (Conférence des Religieux du Guatémala), instance à la fois ecclésiale et humanitaire soutenue financièrement par le CCFD, apporte son soutien aux commissions permanentes des réfugiés dans leurs négociations avec l’Etat. Car il ne s’agit pas simplement d’assurer les conditions matérielles du rapatriement des réfugiés. Il faut également envisager plus globalement les conditions de leur réinsertion dans leur pays. Or, au Guatémala, les réfugiés sont considérés de façon très négative par certaines catégories de population. Ils sont assimilés à des bandits et font office de boucs émissaires. L’armée entretient ce mythe et fait tout pour détruire les germes de réconciliation nationale qui se multiplient de part et d’autre. Elle préfère entretenir les divisions sociales pour se maintenir au pouvoir.
C’est en prenant connaissance et conscience de leurs droits et en s’organisant pour les faire respecter que les réfugiés parviendront à se réinsérer dans la société guatémaltèque. La préoccupation majeure reste l’accès à la terre, terres fertiles qui sont pour l’instant vendues à des prix exorbitants pour empêcher les « retornados » de se réinstaller sur des sites encore majoritairement occupées par l’armée et par des patrouilles d’auto-défense qui exercent des menaces et parfois même des représailles sur les premiers rapatriés.
On ne peut parler de paix lorsqu’il existe une telle injustice. Dans cette perspective, l’accès à la terre, la représentation et la participation politiques ainsi que la reconnaissance sociale et culturelle de ces milliers de réfugiés restent un enjeu majeur.
refugiado, repatriado, negociação, direitos humanos, acesso a terra, inserção social, paz e justiça, cidadania, exército
, Guatemala, México
Ébauche pour la construction d’un art de la paix : Penser la paix comme stratégie
Entrevista
Fiche réalisée à partir d’un entretien avec Jose Antonio NAVICHOC, de l’association CONFREGUA, et Herminio CARDONA DIAZ et Miguel ORDONEZ FELIPE, de la Commision permanente des réfugiés.
CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement) - 4 rue Jean Lantier, 75001 Paris, FRANCE - Tel 44 82 80 00 - Fax 01 44 82 81 43 - Franca - www.ccfd.asso.fr - webmaster (@) ccfd.asso.fr