04 / 1993
Dans le cadre du DESS "Analyse et stratégies de développement", que je prépare actuellement à Nanterre (Paris X), je devais effectuer un stage de deux mois et demi. Le Centre d’Etude du Développement en Amérique Latine (CEDAL)a bien voulu m’accueillir pendant la période du 17 février au 30 avril 1993. Une autre étudiante inscrite dans le même DESS - Claire Fauvinet - a également effectué son stage au CEDAL. Nous avons ainsi pu travailler en étroite collaboration.
Nous avions pour mission de poursuivre une étude (ayant débuté en 1991)qui portait sur "Les créateurs d’entreprises issus de milieux défavorisés et leurs partenaires financiers". Cette étude devra être présentée sous la forme d’un dossier d’information qui fait suite à la publication d’un premier dossier intitulé "Phénomènes d’exclusion, activités informelles, stratégies de survie et d’emploi".
Mon stage et mes recherches ont commencé par la lecture de revues et d’articles, ceci ayant pour but de me familiariser avec ce thème nouveau pour moi. En effet, ma formation en économie internationale et industrielle, ainsi que le DESS de Nanterre, essentiellement axé sur les relations Nord-Sud, m’ont essentiellement apporté des connaissances en macro-économie. Ils abordaient peu de questions liées au développement local, aux microréalisations, à l’économie alternative...
Les recherches entreprises précédemment par d’autres étudiants, ainsi que nos lectures (notamment la revue A FAIRE)et les conseils de notre responsable, Maria Teresa Aquevedo, nous ont permis de cerner les divers organismes susceptibles de nous intéresser et qui aidaient les plus défavorisés à créer leurs microréalisations. Nous avons davantage axé nos recherches vers les organismes qui avaient peu de liens avec les pouvoirs publics.
Ainsi, nous avons pu établir trois listes d’organismes : ceux qui appuient financièrement, ceux qui dispensent des formations et enfin les organismes qui conseillent et accompagnent. Nous avons également essayé de recenser certains lieux riches en informations que les créateurs les plus défavorisés pouvaient contacter.
Notre travail a ensuite consisté à contacter ces divers organismes, d’abord par courrier, puis par téléphone, afin d’obtenir un rendez-vous avec les personnes capables de nous renseigner. Ceci n’a pas toujours été facile et il a souvent fallu expliquer en détail le but de nos recherches avant que l’on accepte de nous recevoir. Cette étape a d’ailleurs été très formatrice pour nous, dans la mesure où c’était la première fois que nous avions affaire à ce genre d’"exercice téléphonique".
Le premier contact pris, durant un mois et demi environ nous avons rencontré une quinzaine de personnes qui travaillaient au sein de ces organismes.
Pour chaque entretien, nous sommes allées sur place (ce qui nous permettait de voir également le lieu dans lequel ces personnes travaillaient, l’importance de l’organisme, son organisation...). Grâce à des questionnaires établis par d’anciens stagiaires et notre responsable, nous avons pu obtenir de nombreux renseignements. Ces enquêtes ont été très riches au point de vue relationnel. Elles nous ont appris à dialoguer avec des personnes fort différentes les unes des autres et à nous adapter "au profil" de nos interlocuteurs. Par exemple, parfois, par le caractère "trop strict" de nos questionnaires, nous avons constaté que certaines personnes restaient sur la défensive et répondaient très sommairement à nos questions ou essayaient même discrètement de les contourner. Dans ce cas-là, nous avons jugé préférable de moins nous appuyer sur le questionnaire, tout en gardant à l’esprit les détails importants que l’on voulait connaître. D’une manière générale, nous avons pu obtenir des renseignements nous permettant de rédiger ensuite une fiche sur chacun de ces organismes.
Par contre, il a été moins aisé de recueillir auprès des organismes les coordonnées de personnes issues de milieux défavorisés ayant bénéficié de leurs conseils. De nombreuses fois, nous avons dû les relancer et seulement la moitié nous ont fourni des adresses de bénéficiaires.
Là encore, dialoguer avec ces créateurs fut pour nous très enrichissant. Les personnes rencontrées avaient des origines différentes (brésilienne, française, camerounaise, sénégalaise...)et avaient créé leur propre microréalisation dans divers domaines (restauration, vente ambulante, création de vêtements...)D’une manière générale, contrairement aux organismes d’appui, les bénéficiaires ont rapidement accepté de nous rencontrer et de répondre à toutes nos questions. Ils ont été particulièrement coopératifs.
En effectuant mon stage au sein du CEDAL, qui est une ONG (organisation non gouvernementale), j’ai pu me familiariser avec un nouveau cadre de travail. En effet, j’avais déjà une expérience sur le terrain au Burundi, où j’ai enseigné pendant 7 mois. Bien que n’ayant pas été engagée par le Ministère des Affaires Etrangères, j’ai été souvent en contact avec des personnes travaillant sur des projets financés par ce Ministère. J’ai été particulièrement déçue par ce genre de coopération. Trop souvent, les financements sont colossaux, les fonctionnaires surpayés par rapport au travail fourni et les projets non suffisamment évalués en fonction de leur intégration au tissu local.
Aussi, j’ai désiré effectuer mon stage de préférence au sein d’une ONG plutôt que dans une administration ou un organisme important. Le budget des ONG étant souvent très limité, j’avais le sentiment que, dans ce cadre, les personnes se mobilisaient totalement, avec une véritable conviction, et ce dans le but de maximiser la portée de leurs actions.
Bien que n’ayant pas pu, malheureusement, effectuer de mission avec le CEDAL, ma première impression s’est confirmée grâce aux discussions que j’ai pu avoir avec les personnes travaillant au CEDAL ou dans d’autres ONG implantées dans le même établissement. Ces personnes sont particulièrement engagées et s’intéressent au tiers monde davantage par idéologie que pour des raisons financières.
Ainsi, mon seul regret est de n’avoir pu enquêter en Amérique latine. Il aurait été certainement enrichissant de connaître plus amplement l’aide déployée sur ce continent dans le domaine de la création de microréalisations.
Une étude comparative entre Europe et Amérique latine, avec à la base des enquêtes effectuées par une (ou de)même(s)personne(s)aurait permis de porter un même regard sur ces deux continents. Mais, pour cela, il aurait fallu que notre stage dure six mois, et le CEDAL ne dispose pas de fonds alloués par le Ministère !
ONG, criação de empresa, meio urbano, avaliação, valorização da experiência, população
, América Latina, Europa
Ce stage m’a permis de découvrir le monde des ONG et de côtoyer de nombreux bénévoles qui consacrent admirablement une partie de leur temps au CEDAL. Contrairement aux cours enseignés à la faculté, et grâce aux nombreuses enquêtes que nous avons effectuées, j’ai eu l’impression de véritablement "plonger" dans la réalité. Ce stage m’a révélé l’importance du milieu associatif, que je ne soupçonnais pas. Le fait aussi de travailler en étroite collaboration avec Claire Fauvinet m’a appris et permis d’apprécier ce qu’était le travail en équipe, trop peu développé au sein de la faculté.
Relato de experiencias
BERTRAND, Valérie, CEDAL FRANCE=CENTRE D'ETUDE DU DEVELOPPEMENT EN AMERIQUE LATINE