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A l’île Maurice, la défense et l’accueil des marins-pêcheurs contribuent à la réhabilitation et à l’intégration d’une population victime de violence et marginalisée

Bérengère CORNET

03 / 1994

Les marins-pêcheurs qui sont accueillis par l’Apostolat de la mer à l’île Maurice viennent pour la plupart des pays du Tiers-Monde (Inde, Madagascar, Philippines, Sri-Lanka...). Le plus souvent, leur activité ne résulte pas d’un choix véritable. C’est parce qu’il leur fallait trouver les moyens de subsistance minimum qu’ils ont quitté leur pays, leur famille et se sont engagés sur des bateaux de pêche, en général sans contrat ni assurance et pour un salaire dérisoire.

Les transports maritimes et le monde de la pêche ont en commun la violence des conflits, le mépris des droits de l’homme et des conditions de vie très difficiles. Les armateurs font régner la terreur à bord, la navigation "sous pavillon de complaisance" autorisant le contournement des règlements maritimes internationaux qui définissent les normes de sécurité et le montant des salaires.

Après vingt-huit ans d’indépendance et deux ans de République, le gouvernement mauricien vient de nommer un ministre en charge de la pêche, ce qui devrait faciliter la mise en place d’une législation plus favorable aux marins-pêcheurs. Mais ce problème ne peut trouver son règlement dans le seul cadre de l’île Maurice.

L’Apostolat de la mer, structure pastorale soutenue financièrement par le CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développement), entend sensibiliser l’opinion internationale et les gouvernements pour défendre les droits des marins. Il travaille d’ores et déjà avec l’ICSF (International collective in support of fishworkers)sur des propositions de lois existantes, telles que celles sur l’immigration actuellement en cours à Maurice qui interdit de débarquer quelqu’un sur l’île sans lui fournir les moyens matériels de retourner dans son pays. L’Apostolat de la mer anime également des foyers pour les marins. Car, même lorsqu’ils sont originaires de l’île, ceux-ci sont traités comme une population de "troisième classe". Les étrangers, eux, sont systématiquement rejetés, considérés comme des parias et des fauteurs de troubles.

Partant du constat que la peur et le mépris sont le fruit d’une certaine méconnaissance, l’Apostolat de la mer a mis en place un accueil des marins dans des familles mauriciennes durant les fêtes. Parvenir à faire se rencontrer pour chanter, danser et manger ensemble des marins philippins, indiens ou malgaches avec des familles de l’île, voilà le vrai sens de la paix.

L’île Maurice a la réputation d’être un lieu de croissance, une sorte de modèle de développement. Certes, le chômage est pratiquement inexistant. Mais l’intolérance progresse et les rapports sociaux sont tendus. Or, l’intégration, qui passe par l’accueil et la reconnaissance du droit des plus marginalisés, est un enjeu majeur pour le maintien de la cohésion sociale... et de la paix.

CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement) - 4 rue Jean Lantier, 75001 Paris, FRANCE - Tel 44 82 80 00 - Fax 01 44 82 81 43 - Franca - www.ccfd.asso.fr - webmaster (@) ccfd.asso.fr

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