Comment notre modèle de développement est à l’origine d’une crise écologique d’envergure ?
Les ressources naturelles, au cœur de notre modèle de développement
Matières premières pour les produits, moyen de production dans les industries ou source d’énergie, les ressources naturelles sont au cœur de notre système. Elles sont indispensables à l’activité humaine ; mais elles sont surexploitées aujourd’hui alors que notre modèle de développement, basé sur une société de consommation à outrance, se généralise à l’humanité entière. La globalisation de nos sociétés coïncide ainsi avec la confrontation aux limites de la planète. Malgré la prise de conscience, depuis les années 70, des limites physiques de la planète et de ses ressources, la recherche de la croissance économique et des profits à court terme est restée la priorité de notre système économique. Les dimensions sociale, environnementale et culturelle passent toujours au second plan, en particulier le respect des droits humains et la gestion soutenable des écosystèmes.
Ce modèle de développement, basé sur une conception illimitée des ressources, se caractérise notamment par quelques travers particulièrement néfastes :
la surexploitation, voire la destruction – parfois irréversible – du capital écologique (qui est comptabilisée positivement, puisqu’elle permet une hausse du PIB (1)) ;
la spécialisation internationale de nombreux Etats, notamment du Sud, qui deviennent extrêmement dépendants de quelques productions d’exportation (produits agricoles, coton, pétrole, gaz, bois, diamants, etc.) au détriment de la diversification de leur économie et des tissus économiques locaux ;
la fixation inéquitable des prix des ressources naturelles, décidée par un rapport de force rarement équilibré (notamment entre petits producteurs agricoles et multinationales dominant les marchés mondiaux) ;
la financiarisation croissante de l’économie, de plus en plus déconnectée de l’économie réelle ancrée dans des territoires, et aggravant de manière exponentielle les risques de volatilité des prix et de spéculation (ainsi, par exemple, le baril de pétrole est aujourd’hui échangé et vendu 80 fois avant même d’avoir été produit) ;
la marchandisation de toutes les sphères des activités humaines et de toutes les ressources naturelles, qui permet d’accroître le PIB : privatisation de l’eau, de l’énergie, des terres, des ressources naturelles et même de l’atmosphère ; mais aussi des services publics, marchandisation des relations sociales et des corps humains ;
la faible intégration dans ce modèle économique des impératifs d’égalité sociale, de lutte contre la misère, de respect des droits humains. Les innombrables déclarations et engagements généreux en la matière sont largement non contraignants, et rarement respectés.
Une part importante de ces matières premières est extraite du sous-sol des pays en développement. Ces derniers n’en bénéficient cependant quasiment pas pour plusieurs raisons :
poussé par les investisseurs, et très souvent par les institutions financières internationales, le pays peut se spécialiser dans l’exportation d’une ressource principale, au détriment de pans entiers de son économie ; c’est la célèbre « maladie hollandaise » connue depuis longtemps pour le pétrole ;
la ressource naturelle est très souvent exportée vers d’autres pays où se déroulent les activités de transformation à forte valeur ajoutée (par exemple le minerai de bauxite transformé en aluminium) ;
la faiblesse ou la non redistribution de la rente tirée d’une ressource naturelle a elle même de nombreuses causes : spéculation sur les cours et volatilité des prix, faiblesse des institutions nationales et locales, corruption, absence de système judiciaire crédible, politiques commerciales et d’investissement renforçant la position des firmes transnationales, etc.
Dans cette logique économique et financière, le pouvoir est principalement lié à la possession des capitaux. La maîtrise des ressources qui alimentent ce modèle de développement, est un enjeu d’autant plus crucial qu’elles sont rares et donc prisées par le marché. La responsabilité des acteurs économiques (personnes physiques et morales) et des décideurs politiques dans la gestion des ressources naturelles est donc clairement identifiée. Cette responsabilité, au-delà d’être économique, doit être sociale et environnementale, impliquant la nécessité que les entreprises rendent compte des impacts sociaux et environnementaux de leurs activités et de celles de leurs filiales, et prennent des mesures pour identifier et prévenir toute violation des droits humains et environnementaux.
Raréfaction, accaparement des ressources et conflits
Ruée vers les gisements de métaux et de minerais, achat de terres fertiles, pillage des forêts tropicales, monoculture d’arbres à croissance rapide, exploitation du pétrole ou encore pêche industrielle, le commerce mondial ne conduit pas à un meilleur partage des ressources naturelles pour tous mais à leur accaparement par une minorité. La tension croissante sur la disponibilité des ressources naturelles dans le monde les transforme en objets de convoitise.
En effet, depuis deux décennies, les pays émergents mettent les bouchées doubles pour réduire l’écart économique avec les pays industrialisés : Chine, Inde, Brésil surtout, et également Afrique du Sud, Indonésie, etc. Dans ces pays, l’explosion de la richesse des élites et l’avènement d’une certaine classe moyenne génèrent une hausse significative de la consommation. L’entrée de ces sociétés dans la société de surconsommation provoque une chute rapide des stocks de ressources naturelles, notamment en hydrocarbures. En outre, le rôle d’atelier mondial joué par la Chine génère des importations massives de ressources naturelles pour produire des produits transformés à bas prix, réexportés ensuite principalement vers les pays riches.
De la guerre commerciale, les ressources naturelles peuvent devenir source de conflits armés ; tous les moyens sont permis pour se les accaparer. Ces conditions peuvent aggraver la violation des droits humains et des libertés des citoyens dans des régimes peu démocratiques. C’est le cas par exemple du pétrole au Soudan exploité par des entreprises chinoises ou au Nigeria par les majors occidentales ; c’est le cas des milices en Azerbaïdjan qui protègent les compagnies occidentales, ou de la guerre unilatérale des Etats-Unis en Irak, qui dispose des deuxièmes réserves mondiales de pétrole. Le cas de la République démocratique du Congo illustre tous ces aspects, entre bradage des ressources par la négociation de contrats léonins et guerre à l’Est, région riche en minerais convoités (or et coltan). Le pétrole tchadien, financé notamment par la Banque mondiale (oléoduc Tchad-Cameroun), permet aujourd’hui à la dictature de renforcer son emprise sur le pays et de financer des guérillas risquant de déstabiliser toute la sous-région. Quand elle n’est pas à la source même du conflit, l’exploitation illégale des ressources permet souvent aux affrontements de perdurer, entre autres par le financement de trafics d’armes.
La période où les ressources naturelles étaient jugées inépuisables est dépassée. La hausse constante de la consommation des pays riches additionnée à la récente, mais très forte, consommation des pays émergents génère une tension croissante sur la disponibilité des ressources naturelles.
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Pour une gestion durable et équitable des ressources naturelles
Centre de ressources commun Une seule planète
Sites internet de membres du réseau Une seule planète
AITEC aitec.reseau-ipam.org
Amis de la Terre www.amisdelaterre.org
Artisans du monde www.artisansdumonde.org
CCFD-Terre solidaire ccfd-terresolidaire.org
CNCD 11.11.11. www.cncd.be
CRID www.crid.asso.fr
Greenpeace www.greenpeace.org
Ingénieurs sans frontières www.isf-france.org
Petits débrouillards www.lespetitsdebrouillards.org
Réseau ressources Naturelles en RDC www.rrnrdc.org
Ritimo www.ritimo.org
Walhi-Friends of the Earth Indonésie www.walhi.or.id
CRID-Centre de Recherche et d’Information pour le Développement - 14, passage Dubail - 75010 Paris Tél. : 01 44 72 07 71 Fax : 01 44 72 06 84 - www.crid.asso.fr/ - info (@) crid.asso.fr