Dans le domaine scientifique comme ailleurs, la transparence et la circulation de l’information sont les conditions d’une bonne démocratie. Chaque jour, les politiques font des choix technologiques déterminants. Pour peser dans les débats, la société civile, rarement consultée, a développé des veilles citoyennes d’information.
Dans les domaines technoscientifiques (OGM, nucléaire, nanotechnologies, éléphonie mobile…), l’idée dominante est que les débats sont réservés à des experts. Profitant de l’absence de la société civile, ces débats ont souvent pour seul objectif de servir les intérêts de ceux qui mettent sur le marché ces nouvelles technologies (1). Or, les sociétés civiles française et européenne sont « mûres » pour discuter d’égale à égale avec ces experts qu’elles poussent à s’intéresser aux retombées sociales des technologies. Pour jouer efficacement ce rôle de contre-pouvoir d’expertise, les sociétés civiles s’appuient sur des « veilles citoyennes d’information » animées par des personnes soucieuses de l’intérêt général.
De l’aval à l’amont
Une veille citoyenne d’information est composée de citoyens rigoureux et de scientifiques indépendants qui se rassemblent pour aider le public à comprendre et réagir à des propositions technologiques selon l’intérêt général. Non soumise aux lobbys financiers ou aux entreprises, sa mission principale est la production et la diffusion d’informations au grand public, des informations vérifiées et vérifiables (grâce aux sources), analysées et contextualisées, en prenant du recul sur les paradigmes dominants, comme celui du progrès qui découlerait automatiquement des innovations technoscientifiques. Ces informations sont rigoureuses mais pas neutres, car elles appellent au débat et à l’action pour changer les processus de choix technologiques et « mettre la technoscience en démocratie » (2). Les veilles citoyennes doivent se situer en amont des circuits de décision mais aussi en aval, pour en analyser les impacts et sonner l’alarme en cas de besoin. Inf’OGM est l’une de ces veilles citoyennes. Depuis onze ans, elle fournit des informations sur les Organismes génétiquement modifiés (OGM), suivant l’actualité internationale, traduisant des articles, recoupant l’information afin de produire des données et des faits vérifiés et référencés sur les enjeux des OGM. Inf’OGM est devenue une référence pour de nombreux acteurs, parce qu’elle fournit des informations scientifiques, économiques et juridiques, ainsi que sur les conséquences sociales, sanitaires et environnementales de l’utilisation des plantes génétiquement modifiées en milieu ouvert. L’association a notamment participé à la formulation d’amendements à la loi OGM votée par l’Assemblée nationale en 2008. Inf’OGM n’est pas la seule veille. Il en existe sur les nanotechnologies, l’énergie nucléaire, les pesticides, la téléphonie mobile ou encore la gestion des déchets(3) .
Enquête et contre expertise
Récemment, plusieurs associations animant des veilles citoyennes ont rencontré le député Bertrand Pancher qui mène une mission en vue d’« améliorer l’information et la participation du public » sur des lois « ayant une incidence sur l’environnement ». Elles sont intervenues pour que soit généralisée la participation des veilles citoyennes dans les processus de décisions et d’évaluation. Obliger le législateur à la transparence, donner un libre accès aux données sanitaires et environnementales, reconnaître et protéger les lanceurs d’alertes (lire ci-contre) sont autant de mesures qui permettraient aux veilles citoyennes d’avoir les moyens de réaliser leur travail d’enquête et de contre expertise. Les élus devraient enfin avoir l’obligation de prendre en compte les résultats et les propositions avancées à l’issue des débats publics et des concertations organisés.
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, Franca, Europa
Sciences et Démocratie : un mariage de raison ?
Altermondes, Sciences et démocratie : un mariage de raison ?, numéro spécial Juin 2011, 50p.
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