Portrait de trois acteurs de la transformation sociale en Namibie, en Afrique du Sud et au Zimbabwe
12 / 2010
En partant pour la prison où il fût incarcéré 27 ans, Mandela avait brandi le poing et crié « Amandla », pouvoir, auquel les citoyens qui s’étaient rassemblés par milliers pour le saluer ont répondu « Ngwethu », « pour le peuple » (1). Le jour où il sortit de prison pour mener son pays dans les négociations avec le régime de l’apartheid, il s’adressa à la foule sur le même credo. Les trois représentants d’organisations dont cet article vise à faire partager l’expérience travaillent encore à la réalisation de ce transfert de pouvoir d’une élite nationale restreinte aux couches plus larges de la population, dans l’espoir de prendre pleinement possession de leur avenir. L’élite a changé de couleur, mais la richesse, le pouvoir politique, ou simplement la capacité d’exercer le contrôle sur sa propre vie, sont toujours distribués de façon très inégale. Les conclusions de cet article sont tirées d’interviews réalisées entre 2005 et 2010 avec des représentants de la société civile et des activistes politiques en Afrique du Sud, au Zimbabwe et en Namibie.
Amorcer une transformation sociale et repenser les relations de pouvoir pour un changement durable
Pour garantir que le pouvoir ainsi transféré sera bien confié au peuple, ce sont les relations sociales doivent être transformées. La simple transition politique a prouvé qu’elle ne pouvait suffire à atteindre cet objectif. Le Centre Africain pour la Résolution Constructive des Conflits (ACCORD) définit la transition comme le passage d’un système de gouvernance à un autre, tandis que la transformation se réfère aux changements qualitatifs au sein même des systèmes de gouvernance (2). La différence entre les deux termes tient à l’altération structurelle, ou non, des relations de pouvoir. La plupart des accords de paix prévoient l’exécution d’un certain degré de transfert de pouvoir. Mais la question est de savoir à qui il profite? Dans quelles proportions ce pouvoir est distribué ? Se pourrait-il que ces accords ne soient qu’un écran de fumée derrière lequel la vieille élite continue de tirer les ficelles, ou derrière lequel une nouvelle élite est en train d’émerger ? Poétesse et journaliste afrikaner blanche ayant couvert pour la radio les séances de la Commission Vérité et Réconciliation, Antje Krog est bien placée pour parler de transformation, un thème qu’elle aborde sous l’angle personnel plutôt que sous l’angle strictement institutionnel. Dans son œuvre littéraire, elle définit la transformation comme le résultat de la transition de l’Afrique du Sud d’un régime de l’apartheid à une situation de multipartisme dans laquelle les partis cherchent à modifier radicalement les relations sociales. Elle en vient à conclure que l’unique façon de transformer une institution ou un pays, c’est de s’attaquer à son noyau dur ; et que le changement radical s’opère à différents niveaux et selon différentes phases. Et de poursuivre que si l’on peut effectivement transformer les institutions, on ne peut, en revanche, transformer la population. La population peut toutefois évoluer en intégrant différentes identités sociales (3). La transformation sociale doit donc passer par un travail sur les relations de pouvoir, et sur les identités.
Dans le contexte de l’Afrique du Sud, cela implique pour la communauté blanche d’accepter de perdre sa position privilégiée dans la société, et pour la communauté noire d’apprendre à assumer une position d’égalité. Les citoyens doivent déverrouiller la conception qu’ils ont de leur identité pour apprendre à s’ouvrir aux autres conceptions qui existent simultanément à la leur. La transformation sociale relève autant d’un changement structurel que d’un changement personnel. Il s’agit de revendiquer le pouvoir et l’espace dont chacun peut légitimement disposer, de faire entendre ses besoins, de se faire entendre. La transformation sociale implique que le pouvoir vienne de l’intérieur, de ce qui est vrai. C’est pourquoi elle ne doit pas être confondue avec un accaparement du pouvoir, son accumulation et la volonté de le garder. la préservation illégitime du pouvoir.
Les risques de la mutation post-conflit en Afrique du Sud
L’Afrique du Sud, la Namibie et le Zimbabwe constituent un terrain de recherche fertile ? en matière de transformation sociale. Depuis les années cinquante, ces trois pays ont expérimenté différentes solutions visant à mettre fin au règne de la minorité blanche. Tous les trois ont atteint cet objectif en recourant utilisant à la fois à des stratégies militaires et politiques. Leurs expériences nous en apprennent beaucoup sur les défis qu’ont à affronter les régimes lors de la phase successive à la libération pour parvenir à satisfaire les aspirations des citoyens en matière de justice sociale et de redistribution économique. La transformation sociale comporte cinq risques. Avant de les examiner plus en détail, laissons la parole à Munjodzi Mutandiri, jeune activiste social et coordinateur régional de l’organisation zimbabwéenne National Constitutional Assembly qui vise à instaurer un processus consultatif à l’échelle du pays et intégrant l’ensemble des couches de la population pour adopter une nouvelle constitution. A travers son expérience personnelle, il nous explique pourquoi les idéaux de la lutte pour la libération sont toujours d’actualité.
Le premier risque de la transition politique est que la population s’avère incapable de s’adapter au changement d’identité et de relations de pouvoir, ainsi qu’au repli identitaire.
Le deuxième risque est le recours à la violence comme instrument indispensable de la transformation des relations de pouvoir. La cause de la justice sociale défendue par le biais de la transformation sociale est décrédibilisée dès lors qu’un mouvement utilise la violence pour arriver à ses fins. La violence est un instrument de coercition plus que de conviction ; elle concentre le pouvoir dans les mains d’une minorité, elle organise les relations de pouvoir de façon hiérarchique et alimente d’autres formes de haine et de violence qui répondent au malheur et à l’humiliation causés.
Le troisième risque est la militarisation de la société, par laquelle les forces civiques sont soumises à l’autorité de la force militaire. Afin de s’assurer que l’exercice du pouvoir ne devienne pas l’extension naturelle des structures de commandement en activité lors de la lutte armée, il faut opérer une transformation. En témoigne le directeur de l’organisation indépendante Media Monitoring Project (Projet d’observation des médias) Andrew Moyse qui affirme : « Les tactiques des leaders du Zanu-PF ne sont pas devenues brutales, elles ont toujours été brutales. La force a été leur premier outil de persuasion (5). » Le combat sud-africain pour la libération a clairement mis en lumière les limites de la résistance armée. Le Mouvement démocratique de masse a développé une variété de stratégies alternatives, à l’instar des grèves massives, des « stayaways », des boycotts des écoles, et autres tactiques non-violentes. Le militant international pour la paix, Horace Campbell affirme, à la lumière de la comparaison de la période de l’après libération au Zimbabwe et en Afrique du Sud, qu’une combinaison d’action massive, de lutte armée, de sanctions et de diplomatie internationale, a permis de minimiser le rôle de la lutte armée en tant que seul moyen d’acquisition du pouvoir. Le niveau de militarisation de la lutte s’avère être un bon moyen de pronostiquer le degré d’autoritarisme qui règnera dans la période suivant l’accord de paix. De ce point de vue-là le Zimbabwe et l’Afrique du Sud s’opposent, le premier ayant le plus recouru aux armes. Ces considérations s’appuient sur des travaux récents de recherches statistiques (6).
Le quatrième risque est que le parti devienne synonyme de l’Etat. Dans les trois pays à l’étude, le contrôle sur le gouvernement et la sphère publique a jusqu’à présent été exécuté par un seul parti qui revendique le statut de parti de libération et pour qui la tentation est forte de s’attribuer la responsabilité de la souveraineté nationale (7). Leur version de la vérité devient la vérité officielle. Nombreuses sont les personnes, cependant, qui ne se reconnaissent pas dans cette vérité.
Le cinquième risque réside dans la tendance à dominer ou à reproduire un système autoritaire hérité des maîtres précédents. Selon Horace Campbell, « dans la plupart des sociétés post-libération où la lutte anticoloniale ne s’est pas articulée sur la base d’une transformation de la vision politique mondiale du progrès, du patriarcat, de l’individualisme acharné, de la volonté de domination sur la nature, et de la traditionnelle propension belliqueuse de la politique ; les difformités de la vision coloniale mondiale ne sont apparues au grand jour qu’une fois que les masses de la population étaient exclues du processus politique » (8). Ces observations nous invitent à reconsidérer les moyens d’action à déployer pour mener à bien la transformation sociale.
Les ingrédients de la transformation sociale
À travers les témoignages que j’ai lus ou entendus dans le domaine de l’activisme social et politique, j’ai analysé notamment les références aux concepts de pouvoir et de transformation. Cet article soumet à l’analyse les cinq ingrédients de la transformation sociale qui sont : l’aspiration au droit de revendiquer une vie meilleure et de rêver à un nouvel avenir ; la visibilité du conflit à travers des moyens d’action non-violents ; la revendication du pouvoir ; la reconnaissance de la diversité des vérités et la prise en considération des vérités de chacun ; et l’autonomisation économique.
Le droit d’aspirer à une vie meilleure
L’une des premières conditions à la réalisation de la transformation sociale, c’est l’idée que le changement est possible, et que les individus sont investis du droit à une vie meilleure. Il n’apparaîtra donc pas surprenant que les acteurs du changement, parmi les oppressés n’appartiennent pas aux classes les plus désavantagées. Il en est ainsi de Nelson Mandela qui est né pour devenir le conseiller du roi Tembu, et qui a été éduqué dans cette voie dans les valeurs du sens de la destinée et de la dignité. L’idée que pour opérer un changement social, ses représentants doivent effectuer un travail sur eux même dans le but d’éliminer un sentiment intériorisé d’infériorité, est centrale aux travaux de Steven Biko et du Mouvement de conscience noire (Black Consciousness Movement, BCM) dont il a été le plus véhément porte-parole dans les années soixante dix. En mai 1976 Biko est jugé pour son activisme politique, et il justifie lors de son intervention de défense l’existence du BCM : « Je pense que l’homme noir est soumis à deux forces dans ce pays. Il est tout d’abord oppressé par une force externe qui s’exerce par l’intermédiaire d’une machinerie institutionnelle, au travers de lois qui lui interdisent certains actes […] ; et en deuxième lieu, et c’est le point que nous considérons le plus important, il est oppressé par une forme d’aliénation qu’il a développé en lui, il se rejette précisément parce qu’il rattache au mot « blanc » tout ce qui est « bon » […] (9). » Bien qu’elles s’inscrivent dans le contexte spécifique des relations sud-africaines entre blancs et noirs, les observations de Biko peuvent trouver un retentissement dans d’autres systèmes d’oppression comme le patriarcat. Une militante pour la paix en RDC a décrit en ces termes son appréhension de la prise de parole : « Nous [les femmes] sommes notre propre prison. Avant, je ne pouvais pas parler en public. Je devais d’abord me convaincre que ce que j’avais à dire était plus important que ma peur, et c’est seulement après m’être fixé un objectif politique que je parvenais à m’adresser à un public » (10).
Assurer la visibilité du conflit
L’histoire des luttes de libération qui ont été menées à travers l’Afrique australe nous enseigne que provoquer le conflit peut être une étape dans l’instauration de la paix. L’idée de la désobéissance civile comme stratégie de lutte, inspirée par la marche du sel de Gandhi, est de rendre visible l’oppression, de provoquer une réaction violente de la part du système en place pour en révéler la nature violente. Tant que la population se pliera à la violence structurelle en vigueur – qui peut prendre la forme de l’oppression, de la dictature, de l’exclusion et de l’injustice économique – celle-ci demeurera occultée et par conséquent difficile à résoudre. Simon Kobedi, un formateur sud-africain de l’organisation « Action for Conflict Transformation », nous explique sa conception de l’artisan de paix, qui doit faire en sorte de rendre visibles les structures oppressives : « Quand vous vous attaquez à la justice, vous essayez de vous attaquer à l’un des piliers qui soutiennent un système injuste. Quand vous essayez de négocier, parfois les actions de non-violence ne sont pas effectives et le dialogue n’est pas entendu. Nous devons employer d’autres méthodes, comme l’accentuation du conflit en vue de le rendre visible. Dans ce cas, le rôle des agents de consolidation de la paix est d’instiguer le conflit » (11). Ceci peut provoquer des réactions de force de la part de ceux qui veulent protéger leur mainmise sur le pouvoir en refusant aux autres leur lot d’espace public.
Revendiquer le pouvoir en occupant l’espace public
Dans de nombreux cas, et en particulier lorsqu’il s’agit d’aborder les problèmes d’oppression et de violation des droits, le droit d’accéder à l’espace public n’est pas reconnu. Le pouvoir en général n’est jamais offert, il faut le réclamer. Et pour cela, chacun doit assumer son droit à la parole. Nous devons nous attendre cependant, à ce que d’autres refusent de reconnaître ce droit, soit en l’ignorant, soit en employant la violence. Pauline Dempers, elle, a pris la décision de témoigner contre le parti issu de la lutte de libération, l’accord familial tacite, l’Église, les chefs traditionnels, le gouvernement et les dirigeants de l’ONU, qui souhaitaient maintenir les atrocités commises durant la guerre de libération en Namibie derrière un « mur de silence » (12). Le gouvernement namibien arguait du fait que pour que la transition réussisse, il fallait une bonne dose de coopération entre les anciens ennemis ; et que « remuer les plaies du passé ne ferait qu’instiguer un désir de vengeance et ferait détourner la nation de ses objectifs prioritaires de la reconstruction et du développement » (13). Ainsi le gouvernement a trouvé une bonne raison de mettre au placard les aspects les plus sombres de l’ « histoire de la libération » pour mettre en avant le récit officiel de l’héroïsme. L’histoire qu’il cherche à cacher, ce sont les cas de torture et de disparitions qui ont été recensés au sein du mouvement de libération. Le mouvement opérait dans des circonstances extrêmement difficiles et vivait dans la crainte continue d’une infiltration. Sur la question du sort à réserver aux traîtres, les mouvements de libération ont pris des mesures différentes selon les pays. En Namibie, les chambres de torture ou geôles ont été créées dans l’objectif affiché de condamner les personnes soupçonnées d’être des « agents ennemis ». Il a été amplement démontré que la plupart des détenus n’ont pas été incarcérés sur motif d’espionnage, mais « parce qu’ils ont simplement eu le courage de poser des questions [gênantes] (14) ». Selon Pauline Dempers, environ 2000 personnes ont été détenues au total, parmi lesquelles seules 153 sont revenues. Elle est l’une d’entre elles, et depuis lors elle n’a cessé de se battre pour faire entendre au grand public cette partie de l’histoire, en organisant des conférences de presse, en formant un parti politique puis, plus tard, l’organisation « Breaking the wall of silence » (briser le mur du silence) et finalement, en 2009, la Coalition namibienne pour la justice transitionnelle. Son travail est catégoriquement ignoré par le pouvoir en place, pour l’évidente raison qu’il sape le discours héroïque de la libération sur lequel se fonde la légitimité duparti au pouvoir, le SWAPO. Lorsque l’on demande à Pauline comment elle a réussi, avec d’autres, à s’approprier cette plate-forme publique, elle répond : « Le SWAPO pouvait difficilement nous refuser cet espace. Nous étions les témoins vivants de ce qu’ils avaient fait ». La remémoration du passé peut être vue comme une source de pouvoir, et son appropriation ainsi que l’assurance qu’il soit bien pris en compte dans l’histoire peut être un instrument de la transformation sociale.
Il n’y a pas qu’une seule vérité, il y a plusieurs vérités.
Dans le cadre de la transformation sociale, nous devons prendre connaissance des vérités d’autrui et être capables d’évoluer entre ces différentes vérités et identités. La vérité de Pauline Dempers rompt avec la vérité manichéenne des héros d’un côté, et des bourreaux de l’autre. Sans surprises, ce processus est douloureux : « la révélation des cas de disparition ou d’assassinat de certains exilés a été reçue comme un choc par la nation, car personne ne pensait que le SWAPO était capable de tels actes. La confiance que la population avait placée dans le SWAPO était sans borne. » Dans l’euphorie de l’indépendance qui était imminente et pour laquelle tous avaient tant sacrifié, la population a préféré mettre de côté cette vérité embarrassante. La reconnaissance des expériences positives et négatives de l’opposition armée dans les pays voisins a conduit le parti sud-africain de l’ANC à mener une auto évaluation critique de ses actes et à finalement s’ouvrir aux travaux de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) présidée par l’archevêque Desmond Tutu (15). Le parti est l’un des rares exemples de la région à intégrer dans son mandat l’idée que les oppressés ont aussi pu être des oppresseurs, et que les bourreaux ont aussi pu être des victimes. Il a abordé un niveau de complexité de l’histoire qu’on ne retrouve dans aucun des pays voisins, même s’il convient de rappeler la tentative de Thabo Mbeki de bloquer à la dernière minute la publication des rapports de la CVR, dans un ultime espoir de contrôler la vérité.
Accroissement des capacités économiques
Dans la transformation sociale, nous avons tendance à oublier l’importance de la dimension économique. C’est la directrice du groupe de soutien Khulumani, Marjorie Jobson, qui a introduit lors d’une interview le concept d’ « autonomisation économique » (economic enablement). Il s’agit du résultat d’un processus par lequel les capacités des individus ordinaires sont mobilisées dans le but de résoudre des problèmes locaux et d’aboutir à une situation d’autosuffisance, parce que « sans autonomisation économique, il n’y a pas de futur ». Khulumani Support Group est une organisation à but non lucratif qui compte près de 58 000 membres, tous survivants des atrocités commises sous le régime de l’apartheid et tous extrêmement démunis, ne vivant souvent que d’un repas par jour composé de thé et de pain. Les ressources économiques sont une composante essentielle du processus de re-valorisation des victimes. Jobson insiste sur le « -re » parce que les membres de Khulumani et leurs familles appartenaient à la classe des possédants avant leur destitution sous la colonisation et l’apartheid : « Ils possédaient des terres et étaient des agriculteurs prospères. L’engagement des membres de Khulummani pour la justice sociale va au-delà du combat juridique caractéristique d’une approche fondée sur les droits de l’homme. Le point faible de ce combat étant, selon Jobson, qu’il ne parvient pas à « utiliser les capacités des groupes organisés comme point de départ au développement de stratégies liées à l’auto-organisation et à l’autosuffisance ». Pour Khulumani les droits de l’homme sont un outil dans un combat plus large qui vise à rendre les victimes acteurs du changement. Sur le terrain, cela se traduit par différentes actions : le groupe Khulumani milite pour l’application du droit international des entreprises, mène auprès des grandes sociétés des évaluations de conformité aux droits de l’homme, et organise des sondages pour évaluer le degré de préparation des représentants locaux du gouvernement et des ministres face à d’éventuelles catastrophes naturelles liées au changement climatique. Ces actions constituent une avancée en matière d’autonomisation car elles offrent un moyen d’exprimer des frustrations de façon constructive, mettant en avant le droit de tous, y compris des plus démunis, à être un acteur politique. « Pour protester contre l’incapacité du gouvernement à satisfaire les besoins locaux, plutôt que d’incendier des infrastructures qui prendront des années à être réhabilitées, Khulumani suggère d’autres façons de faire valoir son pouvoir, en se formant à une gamme de compétences qui peuvent ensuite être employées à renverser les dynamiques de pouvoir auprès des personnes qui détiennent des postes politiques. (16)» Voici un exemple des actions menées par groupe Khulumani (17).
Conclusion
Dans quelle mesure les exemples cités dans cet article peuvent-ils être significatifs en Europe ? Dans le contexte de la résurgence des tensions sociales entre citoyens, qui se divisent sur leurs origines et leur religion, les expériences de l’Afrique australe peuvent se révéler utiles. Les activistes interviewés cherchent encore à faire réagir le gouvernement de manière non-violente, malgré l’oppression et les violences qu’ils doivent endurer, non pas en instaurant le dialogue, mais en revendiquant l’accès à l’espace public par l’intermédiaire des médias alternatifs, de la création de partis d’opposition, de la littérature, des grèves etc. Puissent ces exemples inspirer la résistance contre toutes les tendances anti-démocratiques, et permettre de se réapproprier le pouvoir civique qui incombe au peuple. Attendre que quelqu’un daigne le lui donner, c’est reconnaître le droit de cet autre à agir ainsi.
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, Zimbabwe, África do Sul, Namíbia
La version anglaise de cet article est disponible.