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Indymedia : réseau mondial de médias alternatifs

Cindy DROGUE

06 / 2008

Surpassant les logiques imposées par les monopoles de l’information, le réseau mondial Indymedia travaille quotidiennement depuis une proposition ouverte de publication de nouvelles. J’ai rencontré Cacho, Ernesto, Maria et Gustavo d’Indymedia Rosario… Retour sur un média alternatif

La petite histoire d’Indymedia

Ernesto me raconte que certains considèrent que l’appel, à la fin des années 1980, du sous commandant Marcos (1) à former un réseau global d’information décentralisé via Internet constitue les prémices de ce que va être par la suite Indymedia.

Et l’histoire d’Indymedia commence véritablement en 1999 à Seattle. Alors que l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et le Fonds Monétaire International (FMI) organisent leurs sommets, des milliers de militants venus des quatre coins du monde se réunissent pour manifester contre la mondialisation néo-libérale. Dans l’effervescence qui règne alors, des journalistes issus des médias indépendants américains décident de lancer un réseau d’information alternative. Avec pour slogan « ne détestez pas les médias, soyez les médias », ils invitent tous ceux qui le veulent à contribuer à ce nouveau réseau qu’ils baptisent Indymedia (Independant Media Center). Leur but : diffuser des informations que les médias n’osent pas ou ne veulent pas aborder, rendre compte sur le terrain des manifestations et parler du mouvement alter-mondialiste naissant.

Le succès est immédiat. Au cours des années qui suivent, le réseau s’étend et des centaines de militants ouvrent de nouveaux centres au Canada, en Angleterre, en France, en Italie, en Belgique. En 2001 une caravane parcoure l’Amérique Latine pour faire connaître l’expérience d’Indymedia, c’est par ce biais que se crée Indymedia Argentine cette même année. Aujourd’hui, le réseau Indymedia compte plus de 150 centres de production dans 60 pays dont 6 en Argentine.

Mais comment ça marche ?

Indymedia fonctionne sur un système de publication ouverte. Le principe est simple : tous les citoyens qui le souhaitent ont la possibilité de contribuer au réseau, de publier leurs informations et leurs points de vue. Il leur suffit pour cela de se connecter au net, de se rendre sur le site d’Indymedia et de publier directement leurs textes. L’accès à Indymedia et les textes ne sont pas censurés mais l’équipe de chaque centre comme ici à Rosario assure une veille et peut par exemple supprimer les articles envoyés en double, les messages commerciaux ainsi que tous les textes racistes, fascistes ou sexistes qui ne respecteraient pas les principes du réseau. Pour le site d’Indymedia Rosario, deux colonnes organisent l’information visible sur le site : à gauche celle produite par le collectif de journalistes de l’organisation et sur la droite la colonne de publication ouverte. Dans chaque centre de production, une équipe se charge effectivement de la coordination et de la structuration des informations disponibles sur le site. Le travail de l’équipe est bénévole, l’organisation autogérée et les décisions se prennent en assemblée. Le but est de donner une voix à tous ceux que l’on n’entend pas, tous ceux qui veulent prendre la parole et qui ont un point de vue à défendre : mouvements sociaux, syndicats, organisations de quartiers, etc. Et d’offrir une information libre, indépendante et honnête, au plus près des réalités du terrain. Maria se rappelle à ce sujet « que durant les évènements de décembre 2001 Indymedia fut véritablement un puissant outil de communication et on pouvait être informé à tout moment de tout ce qui se passait dans la ville (elle parle de Buenos Aires) et dans le pays, que durant les deux ou trois semaines de piquete (2) contre le gouvernement de La Rua, Indymedia permettait de couvrir le mouvement dans tout le pays ».

Un média électronique : avantages et inconvénients

Les multiples possibilités qu’offrent les technologies de l’information et de la communication (TIC) pour la construction sociale de stratégies de contre pouvoir sont incroyables. Et il est vrai qu’Internet devient de plus en plus un outil politique qui permet de distribuer et partager le pouvoir, les connaissances et l’information. Ceci ne doit pour autant pas faire oublier qu’Internet est loin d’être accessible à tous les secteurs de la société. « Internet est un média élitiste » relève Ernesto. « Son usage demande un équipement qui est loin d’être donné et requiert des connaissances et une habilité que tout le monde ne possède pas. Il faut donc travailler pour explorer toutes les formes possibles pour sortir l’information d’Internet afin qu’elle circule sur d’autres supports et touche d’autres personnes » ponctue t-il.

1 Le sous commandant Marcos est le principal dirigeant et le porte-parole de l’armée zapatiste de libération nationale (EZLN), groupe révolutionnaire mexicain, dont les effectifs sont les plus actifs au Chiapas depuis leur soulèvement en 1994. Combattant à l’origine pour les indigènes et la justice sociale, il s’est également rapproché du mouvement altermondialiste.
2 expression désignant les piquets de grèves de chômeurs, manifestants, militants qui revendiquent leur cause en barrant les routes du pays.

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