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Le Centre for Education and Documentation (CED)

L’information au service d’une société participative

Valérie FERNANDO

05 / 2008

Les débuts du Centre for Education and Documentation

L’histoire du Centre for Education and Documentation (CED) remonte aux années soixante et soixante-dix quand de jeunes activistes indiens s’engagèrent dans le travail social, en particulier avec les populations marginalisées des zones rurales. Ils étaient inspirés soit par la pensée gandhienne (mouvement Sarvodaya), soit par le marxisme (Naxalites) soit par des mouvements radicaux proches de la Théologie de la Libération.

John D’Souza, fondateur du CED, était l’un de ces activistes de l’État indien du Maharashtra qui menèrent la lutte pour les libertés civiques et le mouvement d’opposition à l’Etat d’urgence imposé par le Premier Ministre Indira Gandhi, de 1975 à 1977. Au milieu des années soixante-dix, inspiré par le Jésuite Paul de la Guériviere, J. D’Souza prend conscience de la nécessité de mieux saisir les contextes sociaux, économiques et politiques mais également de mieux connaître les autres acteurs impliqués (partis politiques, partis de gauche, organisations non gouvernementales). Cette réflexion le conduit à créer un centre de documentation à Bombay en 1975 : le Doc-Centre, qui a commencé son activité pendant l’Etat d’urgence avec quelques dossiers et ouvrages disponibles dans différentes organisations amies. Ces matériaux étaient diffusés à l’époque uniquement lors des réunions entre activistes ou lors de séminaires avec d’autres acteurs sociaux.

Au début, seuls deux militants se chargeaient de rassembler les informations et analyses sur les questions de développement. Mais dès cette époque, la collecte de documentation a été considérée comme une forme d’activisme, d’engagement en soi et non comme une activité secondaire : il s’agissait d’être totalement impliqué dans ce projet afin de fournir aux activistes une information pertinente et de qualité.

Dans les années soixante-dix, le Doc-Centre couvrait tous les débats agitant les groupes d’action dont l’objectif était de changer la société et qui avaient besoin d’outils d’analyse idéologique et de supports méthodologiques. Les principaux thèmes concernaient les modes de production, la nature de la lutte des classes, les organisations de classe (syndicats), la conscientisation, les mouvements anti-Etat d’urgence, les libertés civiques, les alliances de gauche.

A partir de la levée de l’Etat d’urgence, l’identité du Doc-Centre a clairement évolué vers la documentation pour délaisser l’activisme. Le 14 février 1978 il s’est fait enregistré séparément en tant que Centre for Education and Documentation (CED) avec Ayesha Kagal comme Président. Le CED a identifié un certain nombre de journaux, magazines et revues comme sources régulières d’information. Il a également développé son propre système de classification et de sélection où l’accent a été mis sur les libertés civiques, les droits de l’homme, les questions de développement, l’« Opération Flood » (programme de développement rural de production de lait), la Révolution Verte, la santé et l’environnement en général. Il a également développé une section spéciale consacrée aux femmes, distinguant les droits à la contraception des autres questions soulevées par les mouvements de femmes en Inde.

Le CED a pris également conscience que l’information sur le développement ne devait pas toucher uniquement les personnes sur le terrain mais aussi les classes moyennes et les étudiants. Comme la plupart des ouvrages écrits par des universitaires étaient considérés comme difficiles d’accès pour les plus jeunes, l’idée s’est imposée de collecter des coupures de presse afin de couvrir l’actualité et de donner aux étudiants, activistes et personnes intéressées par les questions sociales la possibilité de construire ses propres analyses sur ces sujets. Ainsi, alors qu’à l’origine le principal public était les ONG, les étudiants puis les journalistes sont devenus des utilisateurs réguliers de la documentation disponible au CED.

Jusqu’en 1985, le CED a développé une identité propre en tant que centre d’information compétent et fiable sur toutes les questions de développement. Il a également été impliqué dans des travaux de recherche et de publication sur plusieurs sujets controversés en Inde, tels que Operation Flood, l’industrie pharmaceutique, la tragédie de Bhopal, les grèves dans l’industrie textile, les droits des femmes et de la reproduction. Les acteurs sociaux utilisent également ses ressources pour leurs lettres d’information et leurs articles ou publications.

Vers l’institutionnalisation et l’élargissement du public

Depuis 1985, le CED a entamé une phase d’« institutionnalisation » où ses systèmes et son fonctionnement ont été standardisés. Désormais les utilisateurs doivent payer une inscription, s’acquitter des photocopies et un service payant de documentation par la poste (Docpost) a été mis en place. Le CED a par ailleurs monté un réseau de centres de documentation pour partager les systèmes d’exploitation, les méthodes de travail et les ressources documentaires. Il a enfin mis en place un collectif alternatif de vente d’ouvrages conçus par des ONG, afin de diffuser plus largement la littérature existante, plutôt que de publier ses propres ouvrages.

Le CED a entamé une réflexion critique sur l’« ordre de l’information » et sur son propre rôle structurel. Cela a coïncidé avec un mouvement plus large au sein des acteurs sociaux, des ONG et des campagnes où il ne s’agit plus d’organiser des luttes et agitations dont l’objectif final radical serait la révolution mais de développer des organisations, au sein de la société actuelle, qui représenteraient et défendraient certaines valeurs proches des idéaux passés dans un objectif de transformation progressive de la société.

Dans les années quatre-vingt-dix, la base d’information du CED et son système de classification a acquis une excellente réputation en tant que relais d’information alternative. Sa collection, quotidiennement mise à jour, de coupures de presse, d’articles, de rapports officiels ou d’ONG offre une alternative aux ouvrages purement universitaires et s’inscrit dans la réalité.

Depuis 1990, le CED cherche principalement à renforcer son activité et la qualité de ses services ainsi qu’à élargir son public au-delà de Bombay, en particulier auprès des ONG et acteurs sociaux. C’est l’un des premiers centres de documentation à être passé à la documentation et à la communication électroniques. En 1993, il a ouvert un deuxième centre à Bangalore, dans l’Etat du Karnataka. Cette réplique peu coûteuse du centre de Bombay vise le marché abondant des ONG du sud de l’Inde. De plus, le CED est impliqué dans divers réseaux tels que JVA (Jan Vikas Andolan, mouvement pour le développement du peuple), Southern Collective et India-Link, ce qui lui permet d’atteindre un plus large public.

Pour finir, à plus long terme, le CED souhaite développer des systèmes d’information démocratiques qui feraient partie intégrante du processus de socialisation de la société civile. Ils seraient un instrument démocratique inaliénable de diffusion de la pensée sur les thèmes concernant les populations marginalisées de la société, le développement, les droits de l’homme et l’affirmation de soi.

Fonctionnement

Les deux centres de Mumbai et Bangalore (où les archives du CED sont conservées)sont munis d’une bibliothèque avec tables de lecture et ordinateurs permettant de consulter le catalogue. Les visiteurs viennent principalement de ces deux villes. Les utilisateurs à distance, à travers le site Internet, les Docpost et Docsweb, proviennent de toute l’Inde voire même de l’étranger.

Les deux centres diffusent de l’information sur le développement auprès des acteurs du changement social, en particulier les ONG, les groupes d’action mais aussi les étudiants, les journalistes et les universitaires. Le CED se propose d’orienter ces acteurs sur ce qu’il lui semble essentiel de savoir sur les différents sujets. Il offre aussi un appui aux autres organisations pour présenter leurs ressources au grand public. Le centre de Bangalore organise également des projections de films et anime des réseaux avec d’autres ONG.

Le système de classification recouvre les principales questions relatives au développement, à la société et à la politique. En dehors du suivi régulier de ces thèmes, le CED traite plus particulièrement de sujets d’actualité importants (cf. Critical Concerns). L’information est diffusée essentiellement en anglais, à l’exception de quelques publications et affiches en tamoul, à destination de la population locale.

En dehors des nombreux ouvrages et documents présents dans ses bibliothèques physique et électronique (environ 200.000 articles répertoriés), le CED fournit de l’information et de la documentation à travers différents supports :

  • Les Docpost sont des recueils de copies papier d’articles et coupures de presse organisés par thèmes et concernant principalement les sujets suivants : les droits de l’homme, l’habitat, les catastrophes.

  • Critical Concerns est une sélection papier mensuelle d’articles de journaux, revues, magazines et autres sources sur des sujets d’actualité. Il offre une mise à jour critique de sujets considérés comme essentiels pour les ONG, acteurs sociaux et toute personne intéressée par le changement social. Les thèmes abordés incluent : globalisation et alter-mondialisme ; société et changement ; économie et marchés ; genres et société ; communalisme ; gouvernance ; alimentation et agriculture ; catastrophes ; écologie et environnement ; droits de l’homme ; santé ; enfance ; média ; questions urbaines ; développement et changement social ; moyens de subsistance ; société civile ; actions alternatives.

  • Development Digest est une compilation d’articles de qualité soigneusement sélectionnés, provenant non seulement de journaux mais aussi d’ouvrages, de rapports et de documents électroniques. Ils portent principalement sur le développement, la justice sociale et la transformation sociale. Chaque article étant indépendent il peut être détaché du reste pour être utilisé séparément.

  • Les Docsweb (ou E-Digest) sont des compilations structurées et résumées d’articles, avec les liens vers les documents électroniques originaux, afin de nourrir la réflexion et d’explorer une thématique. Ils fournissent une vue d’ensemble sur le développement et le changement social. Ces pages Internet sont régulièrement mises à jour et enrichies.

Outre ces sources d’information, le CED produit quelques films et a ses propres publications. Les derniers titres concernent la problématique de l’eau, l’assainissement, les nouvelles économies, le sécularisme, le communalisme et la gouvernance démocratique dans les zones tribales.

Palavras-chave

centro de documentação, documentação, informação, banco de dados, educação ao desenvolvimento


, Índia

Comentários

Bien que le CED se voie comme un organisme d’information au sein de la société civile, sa raison d’être est, en tant qu’organisation non gouvernementale, de représenter les intérêts des personnes marginalisées. Dans la mesure où sa cible principale est la communauté des ONG et des agents de changement social, il assume également auprès d’eux le rôle de soutien. Enfin il peut être considéré comme une organisation d’éveil des consciences parmi les étudiants, enseignants, journalistes et autres professionnels qui constituent son second type de public, plus important numériquement.

Fonte

Artigos e dossiês

  • John D’Souza, Role of Documentation Centres in the Voluntary Sector for Social Change. The Indian Journal of Social Work, Numéro spécial. Social Work Knowledge Development and Dissemination, Volume 65, Numéro 1, Janvier 2004

  • Site Internet du CED

  • Présentation du CED sur le site internet de Karmayog

  • Interview de John D’Souza par RITIMO et Echanges & Partenariats, 3 décembre 2007

CED (Centre for Education and Documentation) - CED Mumbai: 3 Suleman Chambers, 4 Battery Street, Behind Regal Cinema, Mumbai - 400 001, INDIA - Phone: (022) 22020019 CED Bangalore: No. 7, 8th Main , 3rd phase, Domlur 2nd Stage, Bangalore - 560071, INDIA - Phone: (080) 25353397 - Índia - www.doccentre.net - cedbom@doccentre.net, cedban@doccentre.net

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