En RDC, les principales richesses (minières, touristiques, agricole) proviennent des territoires de montagne. Cependant, les populations riveraines demeurent marginalisées dans la répartition de la plus-value
11 / 2006
La montagne congolaise, un creuset de la pluri-activité et multicuturalité
La République démocratique du Congo (RDC) est un pays vaste avec une population estimée à 60 millions d’habitants. C’est un pays aux ressources naturelles énormes (bois, faune, flore, produits miniers). En grande partie rurale, la population est concentrée dans les régions montagneuses de l’Est, et dans la région qui va de Kinshasa au Kasaï Oriental. Parmi les hautes terres de la région, l’on signale les Monts Goma au nord de la Lukugai, avec une altitude moyenne de 2 000 m, dont le point culminant est le Pic Sambirini à 2 250 m.
Dans la plupart des provinces de la RDC, et en particulier les montagnes de l’Est, les terres volcaniques sont les plus fertiles. Le sol y est très riche et permet à un grand nombre de paysans et de fermiers de s’adonner à d’intenses activités : agriculture, élevage, pêche et commerce. Les zones montagneuses de l’Est sont généralement très denses, avec une variété forestière très diversifiée. Les prairies constituent le sanctuaire des troupeaux de bovins avec un cheptel évalué à près de 250 000 têtes. La vache élevée dans les montagnes produit du lait, transformé en partie en fromage. Dans les fermes, s’est d’ailleurs développée une petite industrie artisanale des produits laitiers.
Sur le plan touristique, les zones montagneuses de l’Est offrent un panorama luxuriant. Les mammifères de savane, lions, léopards, girafes, zèbres, loups, mais aussi éléphants et bien d’autres espèces, y vivent. Les reptiles, pythons, crocodiles, mambas, y pullulent. Au plan ornithologique, la région dispose d’un potentiel incomparable. I y a des perroquets, des pélicans, des flamants roses, des coucous, des hérons, des pluviers etc. Quant aux insectes, ils se rencontrent en abondance, fourmis, termites, mouches et moustiques.
Les enjeux de développement des territoires de montagne au Congo
La diversité biologique des territoires de montagne au Congo a motivé les pouvoirs publics à créer des parcs nationaux, dont la visite procure des devises à l’Etat congolais et aux populations riveraines. Malheureusement, pendant les guerres successives de 1996 et 1998, ces parcs ont été sauvagement saccagés, à la fois par les braconniers et les envahisseurs, tuant et déportant plusieurs espèces animales. Cette situation a entraîné de véritables catastrophes et exodes dans les parcs où certains animaux rares ont vu leur population baisser considérablement.
Par ailleurs, de nombreux obstacles entravent le développement de ces territoires. En effet, tout comme la plupart des paysans congolais, ceux des régions des montagnes éprouvent d’énormes difficultés dans la distribution de leurs produits. Faute d’investissements, les voies de communication (route et chemin de fer) sont déplorables, et très peu de produits sont exportés. Cet état calamiteux du réseau routier de desserte agricole ne permet pas non plus aux paysans isolés dans leurs escarpements d’écouler leurs produits dans les grands centres commerciaux. Il y a en conséquence surproduction dans les montagnes, et pénurie dans les vallées.
Montagne: territoire aux richesses inégalement réparties
En dépit des potentialités présentées par les montagnes congolaises, les habitants vivent dans une pauvreté immense. La majorité atteint difficilement 1 dollar US par jour. C’est quelque chose qui saute aux yeux lorsque vous vous promenez dans ces communautés. Comment comprendre que dans ces plateaux qui regorgent de sites de diamant et d’or, les populations vivent dans un extrême dénuement ?
Cette préoccupation a interpellé la conscience d’une association de chercheur et d’éducateurs, le Centre Interdisciplinaire pour le Développement et l’Education Permanente (Cidep). Sa première action, en 2004, a été la réalisation d’une étude sur le cas de l’exploitation du diamant, du coltran et autres ressources minières. Cette étude consistait à s’interroger sur les obstacles à une appropriation rationnelle des retombées des ressources sur ces territoires. Il s’agissait de prendre conscience et de faire prendre conscience des enjeux de cette situation tant aux masses rurales qu’au gouvernement. Le projet a été initié par des chercheurs mais a intégré des artisans, les personnes travaillant sur le site, les négociants intermédiaires, les exportateurs, bref, tous ceux qui vivent de près ou de loin de l’exploitation des ressources minières de ces territoires de montagne. Sans oublier l’Etat, propriétaire légal des terres.
Les résultats de l’étude ont permis de s’apercevoir que les ressources prélevées de cette exploitation ne profitent qu’à des réseaux obscurs (politiques, chefs de guerres, argentiers). Les chercheurs ont alors procédé à des publications d’articles sur la filière du diamant, avec un double objectif. D’une part, ils ont voulu faire connaître aux autorités et aux populations les déperditions financières occasionnées par l’extraction des minerais ; et d’autre part, susciter la recherche de voies alternatives. Des expositions ont également été réalisées dans toutes les villes concernées par l’extraction des minerais.
Vers la prise de conscience de tout un pays
Ainsi, de plus en plus, dans les milieux non gouvernementaux, le problème du diamant est désormais visible. Cette problématique transparaît également dans plusieurs projets menés actuellement par le gouvernement. Au niveau des exploitants eux-mêmes, des habitudes nouvelles se créent. Avant ce travail, les bénéfices étaient systématiquement investis ailleurs, dans d’autres villes ou d’autres pays. Aujourd’hui, se dessine peu à peu la nécessité de réinvestir une partie des ressources sur le territoire, ne serait-ce que pour garantir la paix et la sécurité des biens et des hommes.
Il faut toutefois savoir que le projet s’est heurté à la rétention des informations. L’enquête concernait, en effet, des sujets tabous, avec des statistiques pas toujours disponibles. L’Etat ne publie pas les données, et lorsqu’il le fait, il ne donne pas forcément des données authentiques, ce qui complique considérablement la réalisation d’une étude complète. Le Cidep a également connu des limites sur les plans financier, humain et en termes de temps. Le pays est tellement grand et peuplé que toute initiative doit prétendre à la modestie. Les chercheurs ont heureusement reçu le soutien d’Ong, de particuliers, et de la coopération internationale.
injustiça social e violência, recursos naturais, educação intercultural, pesquisa e desenvolvimento, repartição dos rendimentos
, , Bafoussan, Cameroun.
Les peuples de montagne dans le monde
La montagne comme ressource morale en vue de l’édification d’un nouvel humanisme
« La montagne est d’abord un lieu de haute spiritualité. Des sommets où l’Homme va chercher son inspiration, s’épanouir et faire épanouir les autres. Il y a des moments où l’Homme a besoin de s’isoler, de se mettre en connexion avec le cosmos, et beaucoup trouvent en la montagne un cadre favorable pour cet exercice. Les cultures et les pratiques montagnardes disposent de ressources symboliques suffisantes pour permettre à l’Homme de retrouver sa noblesse ou de la cultiver dans son être profond. Il est alors en mesure de dépasser les conflits avec lui-même, de s’humaniser et de faire la paix avec son environnement tant immédiat que lointain. Cela le conditionne finalement dans son rapport, non seulement à autrui, mais aussi avec la nature. »
Il serait bon d’inventorier tout ce qui est bon et tout ce qui est réalisable dans la montagne, pour le promouvoir sous forme de projets, tant au niveau privé que public. Nous parlons des métiers et des produits. De valeurs profitables aux autres peuples. Au Congo, par exemple, les plantes médicinales, les arbres fruitiers montrent s’il en était besoin que les peuples de montagne ont des moyens et des techniques de vie et de survie qu’ils peuvent communiquer aux autres.
Cet entretien a été réalisé par ALMEDIO Consultores avec le soutien de la Fondation Charles-Léopold Mayer pendant la rencontre régionale organisée par l’Association des Populations des Montagnes du Monde - APMM.
Entrevista
Entretien avec Solo Maninga Kiabilua, enseignant chercheur, membre du Centre Interdisciplinaire pour le développement et l’éducation permanente (Cidep) et de l’association citoyenne pour la défense des intérêts collectifs (Acdic-Rdc). Tél : (243) 898932102. e mail : maningasolo@yahoo.fr
APMM (Association des Populations des Montagnes du Monde) - 50 boulevard Malesherbes, 75008 Paris, FRANCE - Tel:+33.1.42.93.86.60 – Fax:+33.1.45.22.28.18 - Franca - www.mountainpeople.org - contact (@) mountainpeople.org
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