2003
Dans les années 50, la ville de Rome a connu une très forte expansion à laquelle la municipalité n’a pas su faire face, ne prévoyant pas par exemple, de réserves foncières qui auraient permis de répondre aux futurs besoins de logements.
Ainsi, la population s’est trouvée dans l’obligation d’acheter à des propriétaires privés des terrains non-constructibles pour y bâtir leur maison. Cette occupation illégale des terrains a concrètement débouché sur l’organisation d’une véritable résistance des habitants face aux autorités. Des "quartiers d’irréductibles" ont vu le jour : les Borgate. Ils tirent leur nom de leur histoire.
A l’origine ces maisons étaient auto-construites par les populations modestes et les briques ayant servi à leur édification étaient fabriquées par les femmes de maçons, charpentiers et autres artisans. Afin de rendre hommage à ces femmes, les quartiers ont été nommés Borgata ou "bourg", de genre féminin en italien.
De nos jours, on dénombre plus de 800 000 habitations dites "abusives", qui sont aujourd’hui aussi le fait des classes moyennes et de l’implication militante de ses habitants.
Après l’organisation d’actions collectives pour la construction des logements, une autre lutte administrative, juridique et politique a pris le relais.
Au départ, ces quartiers nés spontanément n’étaient pas reliés aux services urbains, indispensables à leur fonctionnement. L’accès à l’eau, au gaz, à l’électricité, aux transports, sont autant de besoins fondamentaux pour lesquels les habitants doivent encore aujourd’hui se battre, notamment en manifestant régulièrement devant le siège de l’arrondissement ou de la mairie pour obtenir gain de cause.
A ce combat, s’est ajoutée la lutte pour la reconnaissance officielle du quartier et de ses habitants comme citoyens à part entière, jouissant du droit de vote et de celui de participer à la vie politique.
Avec l’Unione Borgate qui a fédéré toutes les Borgate, l’union a vraiment fait la force. Fondée en 1975, ses objectifs sont au nombre de 4 :
faire reconnaître les logements dits "abusifs", construits par nécessité ;
faire de la périphérie un grand quartier de requalification urbaine pour combler le déficit en infrastructures et en services entre le centre et la périphérie ;
lutter contre la spéculation foncière ;
transformer les habitants en acteurs de la réhabilitation de leur quartier.
La forte mobilisation des habitants a fait de l’Unione Borgate une organisation puissante avec laquelle les pouvoirs publics ont dû prendre l’habitude de négocier.
Des victoires ont ainsi pu être enregistrées. L’une des plus importantes est d’avoir réussi à faire voter une loi en 1993 autorisant chaque Borgate, constituée en association locale, à collecter la taxe d’habitation et à la gérer elle-même. L’association peut, dès lors, prendre collectivement des décisions concernant l’équipement du quartier, avec l’appui de professionnels.
Dans la Borgate du quartier d’Ostie, les habitants ont ainsi créé un Centre Social, proposant toutes sortes d’activités à la communauté. Ils en assument seuls le fonctionnement et la gestion.
direito à moradia, cidadania, moradia espontânea, mobilização popular
, Itália, Rome
Pratiques du droit, productions de droit : initiatives populaires, 2003
Expériences de démocratie participative
Artigos e dossiês
Article Florence Dighiero, Civilités
Unione Borgate, Salvatore Codispoti, Via Edoerdo d’Onofrio 67, 00155 Rome, ITALIE - Tél : (39) 6 408 19518 - uborgate AT freemail.it
Juristes Solidarités - Espace Comme vous Emoi, 5 rue de la Révolution, 93100 Montreuil, FRANCE - Tél. : 33 (0)1 48 51 39 91 - Franca - www.agirledroit.org/fr - jur-sol (@) globenet.org