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diálogos, propuestas, historias para uma cidadania mundial

Les leaders des pays du Sud parlent-ils assez fort et clair ?

Les pays du Sud ont une attitude d’opposition au lieu de faire des propositions pour une gestion de l’environnement mondial qui soit démocratique et qui tienne compte de leurs propres intérêts

Anil AGARWAL, Sunita NARAIN

03 / 2002

Dans toutes ces négociations, les pays du Sud continuent malheureusement à être des spectateurs. Il leur manque souvent l’information et le savoir-faire indispensables pour pouvoir y participer utilement. Habituellement ils ont donc une attitude d’opposition au lieu de faire eux-mêmes des propositions concrètes pour une gestion de l’environnement mondial qui soit démocratique et qui tienne compte de leurs propres intérêts. Pour le moment force est de dire que les négociateurs du Sud n’ont guère fait preuve de clairvoyance pour apporter leur vision des choses au débat sur l’environnement mondial. Leur stratégie se résume à deux arguments bien simples : obtenir des pays du Nord quelques petits engagements en matière de transfert de technologie et quelques aides supplémentaires, ensuite prétexter de ce que les pays du Nord ne tiennent jamais leurs engagements pour bloquer les prochaines négociations.

Mais il y a plus grave : les pays du Sud n’ont pas été capables d’élaborer et de mettre en œuvre chez eux des programmes de développement appropriés. Ils auraient pu profiter de la Convention des Nations Unies sur la désertification pour mobiliser les millions de gens défavorisés qui survivent sur des terres très dégradées afin de remettre en état cet environnement et améliorer la sécurité alimentaire et l’activité économique. Mais pour cela il faut absolument que la population locale soit dans le coup, car la lutte contre la désertification ne se limite pas à planter des arbres et à faire pousser de l’herbe. ll est bien plus important de donner aux gens la possibilité de gérer eux-mêmes les affaires locales. Malheureusement les gouvernements des pays du Sud ont omis de procéder à une telle dévolution de pouvoir lors de la préparation et de la mise en œuvre des plans nationaux. Et ils n’ont pas pris soin de créer un cadre législatif et administratif adapté pour relayer sur le plan national la Convention pour la protection de la biodiversité.

Parce qu’ils ne sont pas assez présents dans l’arène quand se mettent en route les grands processus internationaux, les gouvernements des pays en développement se retrouvent plus ou moins sur la touche. Ils n’ont pratiquement rien dit dans le débat en cours sur les nouvelles formes que devrait prendre la gouvernance mondiale de l’environnement, cela en vue du Sommet du développement durable de Johannesburg. Au Sommet de la Terre de Rio, en 1992, on avait créé la Commission du développement durable qui devait superviser et guider l’action en faveur de l’environnement. Mais cette structure est devenue par la suite un simple « parloir », avec la connivence de ceux-là même qui l’avait instituée. Elle a été incapable de coordonner et de diriger l’effort international en faveur de l’environnement. Aujourd’hui le cadre institutionnel mondial chargé de l’environnement est en crise. Les gouvernements des pays du Nord penchent de plus en plus pour une Organisation mondiale de l’environnement constituée à partir du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) qui serait réorganisé et renforcé.

Par le passé, les problèmes des pays pauvres n’ont guère fait partie des grandes préoccupations internationales, loin s’en faut ! Malgré tout les représentants des pays du Sud osent espérer que le Sommet du développement durable de Johannesburg s’intéressera aussi à leurs problèmes de développement. Peut-être ne s’agit-il que d’une illusion, surtout si à Johannesburg le débat se centrera finalement sur l’adhésion des pays industrialisés (Etats-Unis…) aux accords existants. Les leaders des pays du Sud doivent en tout cas dire clairement qu’ils cherchent avant tout à améliorer le sort de leurs concitoyens laissés de côté par la mondialisation de l’économie, à lutter en priorité contre certaines faiblesses de leurs pays qui les empêchent de prendre le chemin du développement durable. Il leur faudra donc :

  • Combattre la pauvreté écologique dont souffrent la plupart des ruraux qui vivent dans des écosystèmes dégradés ;

  • Renforcer la démocratie au niveau local et global pour mieux gérer les ressources disponibles ;

  • Lutter contre la pollution, qui va sans doute augmenter rapidement dans ces pays sous l’effet de la croissance économique.

Palavras-chave

negociação internacional, meio ambiente, país em desenvolvimento, líder, política de meio ambiente


,

dossiê

Environnement et pauvreté

Fonte

Texte traduit en français par Gildas Le Bihan et publié dans la revue Notre Terre n°8 - mars 2002

Texte d’origine en anglais publié dans le livre : AGARWAL Anil, NARAIN Sunita, Global Environmental Negociations 2 - Poles Apart. Center for Science and Environment, 2001 (INDE), vol. bleu 3556

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